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Le grand oral de Marouen Abassi !
Publié dans Business News le 25 - 02 - 2019

Depuis la décision du conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie de relever de 100 points de base le taux d'intérêt directeur, le ramenant ainsi de 6,75% à 7,75%, Marouen Abassi gouverneur de la BCT s'est trouvé seul contre tous. La décision a fâché et elle a fâché tout le monde, sans aucune exception. Pour la première fois, dans la Tunisie post révolutionnaire, une décision ne trouve aucun soutien…car elle n'est en faveur d'aucune partie…

En effet, ils sont tous contre. Agriculteurs, ouvriers, patrons d'entreprises, partis au pouvoir, partis de l'opposition, et même le gouvernement (sans pour autant le dire ouvertement), se sont tous dressés contre cette décision, la 5ème du genre, depuis 2017. Et, c'est le gouverneur de la BCT, Marouen Abassi qui se trouve incendié de partout. L'Ugtt, l'Utap, l'Utica, la Conect les partis politiques à l'intérieur et en dehors du pouvoir, ont tous manifesté colère, inquiétude, interrogations, à l'encontre de la décision du conseil d'administration de la Banque centrale de Tunisie.

Le premier responsable de la BCT-seule institution responsable, de par la loi, de la stabilité et la maîtrise des prix- ne s'est pas dérobé. Bien au contraire, le lendemain de la prise de décision, il donne une conférence de presse pour s'expliquer. Mais visiblement, ce n'est pas suffisant et le gouverneur devient la cible de toutes les critiques quoiqu'il a essayé d'expliquer et de réexpliquer la décision par des arguments économiques et financiers qui, au regard de plusieurs experts en la matière, se tiennent parfaitement.

Aujourd'hui, c'est au tour des députés de la Nation de placer Marouen Abassi au banc des accusés et de le fustiger de questions. Le nouveau gouverneur de la BCT a fait face, en effet, ce lundi 25 février 2019, aux députés, dans le cadre d'un grand oral, lors d'une séance plénière dédiée entièrement à la hausse du taux d'intérêt directeur. Une séance où, le gouverneur été tenu d'apporter les précisions, les explications et toutes les justifications pour la prise d'une telle décision, sans consultation préalable. Est-ce à dire que tout le monde a tort et que Marouen Abassi a raison ?

En tout cas, en bon élève, le Gouverneur de la BCT maîtrise bien ses dossiers, a bien révisé ses cours pour expliquer les raisons de son acte qui n'est certes dans l'intérêt de personne, ni les citoyens, ni les acteurs économiques ni encore moins l'Etat. Cependant, c'est un mal nécessaire pour éviter un taux d'inflation à deux chiffres.
« L'inflation est une gangrène pour l'économie. Une réaction retardée aurait eu de graves conséquences. La décision prise par le Conseil d'administration de la BCT était très difficile à prendre, mais on ne pouvait faire autrement », a-t-il expliqué.
Comme « il vaut mieux prévenir que guérir », l'idée était de relever le taux directeur pour aller vers une réduction du taux d'inflation d'ici fin 2019.
Pour la BCT, il n'y a pas d'autres solutions que la hausse du taux d'intérêt directeur. C'est une conséquence logique à une situation économique exceptionnelle que le pays n'a jamais atteint à tous les niveaux.
Le déficit de la balance courante a atteint des proportions alarmantes (11,2%) dont la répercussion sur le glissement du dinar n'est plus à démontrer. Un déficit qui s'est aggravé depuis 2014, notamment à cause de la dégradation de la balance énergétique du pays, (+2 milliards de dinars en 1 an). Mais encore, la baisse de la production de phosphate, qui est passée de 8 millions de tonnes en 2010, à environ 3 millions de tonnes aujourd'hui, a largement contribué à l'élargissement du déficit de la balance commerciale.
S'il est vrai que la balance alimentaire et le secteur du tourisme ont connu une nette amélioration, il n'en demeure pas moins, que cela n'a pas été au prix constant. En effet, le gouverneur a rappelé que les nuitées touristiques enregistrées n'ont été que de 17 millions. Par contre, elles étaient de l'ordre de 29 millions de nuitées, en 2010. Il en est de même en matière de recettes en devises. On est passé de deux milliards d'euros de recettes touristiques, en 2010, à uniquement un milliard d'euros, aujourd'hui. Une baisse due principalement à la perte des grands marchés classiques européens de la destination Tunisie. Des marchés dont les clients passent essentiellement, par le circuit « légal » de l'hôtellerie et de change, contrairement aux touristes algériens et libyens, qui utilisent le marché de change parallèle et ne passent pas forcément par le secteur hôtelier.
La baisse de la valeur du dinar tunisien a engendré la hausse du déficit courant et le service de la dette et la détérioration du dinar.
En ce qui concerne le marché des changes et les réserves en devises, le gouverneur a appelé à mettre en place une solution (régularisation de change, amnestie.…), à travers une loi dont la finalité est d'encourager ceux qui disposent de devises hors du circuit légal de « déposer leur argent dans les banques pour profiter d'un bon rendement et éviter au pays de recourir à l'endettement extérieur ».


Le gouverneur n'a pas omis, par ailleurs, de rappeler que la « dépréciation du dinar a commencé en 2015, suite aux attentats du Bardo et de Sousse dont les conséquences ont été néfastes sur le secteur touristique avec en plus une perte de confiance en la Tunisie, et la baisse du « rating » de la Tunisie ».
Selon Marouen Abassi, même si tout le monde est contre la décision de la BCT de relever de 100 points le taux d'intérêt directeur, l'institution n'avait pas d'autre choix. Car, si jamais, cette décision n'a pas été prise, les réserves en devises seraient inférieures aujourd'hui à 84 jours, et les agences de notation l'auraient évidement impacté sur le rating de la Tunisie.

En d'autres termes, c'est comme si on avait une grippe et qu'on voulait se faire soigner rapidement. Il existe deux solutions : soit un traitement rapide et sans véritables effets, soit un autre, efficace mais plus long. Pour l'inflation, le traitement rapide, dont l'effet ne sera manifeste que dans environ 8 moins, appartient à la BCT, c'est-elle qui en est le médecin, même si ces médicaments peuvent faire mal. L'inflation a aussi, un traitement économique, qui lui, appartient à l'Etat (investissements, productivité…..), qui est désormais plus long.

Le médicament de la BCT reste salutaire avec tout le « mal » qu'il pourrait générer. Et, tous s'accordent à dire, y compris la BCT que la hausse du taux directeur n'est bénéfique à personne. Quand on sait que les encours des crédits dans le pays sont aux alentours de 80 milliards de dinars, dont la part des citoyens est de l'ordre de 20 milliards de dinars, celle de l'ensemble des acteurs économiques est de 40 milliards de dinars, et celle de l'Etat à lui seul, est de 22 milliards de dinars auprès des banques tunisiennes, on comprend que c'est l'Etat, qui aura le plus mal. Mais paradoxalement, si aucune décision n'a été prise par la BCT, l'inflation aurait atteint un taux à deux chiffres, or, la BCT ne peut en aucun cas, de par la loi et son statut, contribuer à l'augmentation de l'inflation. Donc, si on lui refuse le droit et la possibilité de relever le taux d'intérêt directeur, on ne pourra pas demain rendre des comptes sur l'augmentation insoutenable de l'inflation.


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