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Bien sûr que Kaïs Saïed a un programme
Publié dans Business News le 16 - 10 - 2019

Au grand étonnement de certains, Kaïs Saïed a gagné la présidentielle et est devenu président de la République. Pourtant, on voyait le phénomène arriver dans les sondages –vive la science !- depuis au moins un an avant les élections. Mais il se trouve qu'il y a des gens qui ne comprennent pas, y compris parmi les politiciens.

Donc, ceux qui sont contre Kaïs Saïed et même une partie de ceux qui ont voté pour lui ne comprennent pas le phénomène, la démarche et les moyens qui lui ont permis d'accéder à la magistrature suprême. Ils voient Kaïs Saïed comme un ovni mystique, un être entouré d'un épais voile de fumée propice aux imaginations déferlantes. Il devient à leurs yeux un spectre politique nouveau dont les détracteurs favorisent la mauvaise volonté et les soutiens abondent dans la sacralisation.

Toutefois, Il serait naïf de penser que Kaïs Saïed n'a pas de profondeur politique et de se contenter d'effleurer le phénomène. Il ne faut pas non plus le voir comme un être politique inaccessible et incompréhensible. Nous devons, au contraire, décortiquer l'offre politique de Kaïs Saïed et comprendre ses ressorts, ses fondements théoriques et ses objectifs avoués et non avoués. Il s'agit de comprendre cette nouvelle politique proposée par le président élu de la République tunisienne.

L'un des reproches qui reviennent le plus souvent à propos de Kaïs Saïed est le fameux : « il n'a pas de programme ! Et c'est lui-même qui le dit ! ». Ceci est totalement faux et il serait dangereux de penser que Kaïs Saïed est d'une telle légèreté ou qu'il a gagné grâce à un grand coup de bol. Kaïs Saïed n'a pas de programme au sens classique du terme, il ne propose pas de mesures concernant la sécurité ou la diplomatie et encore moins l'économie ou la santé. Ce qu'il propose est bien plus grand et bien profond que cela. Il propose un remaniement profond de la gouvernance en Tunisie, il l'a dit à plusieurs reprises mais nous étions trop occupés à nous moquer de son élocution ou de sa posture.

Si l'on devait résumer ce programme en une phrase ce serait : « trouver des moyens juridiques pour placer la volonté populaire au cœur de la décision politique ». En fait, Kaïs Saïed veut poser les bases d'une démocratie beaucoup plus participative et beaucoup plus directe. C'est dans ce cadre qu'il propose de supprimer les élections législatives. De prime abord cela peut paraitre insensé, et c'est un point sur lequel il a été largement attaqué, mais il s'agit d'un projet qui se tient parfaitement dans la logique du nouveau président. Il veut supprimer la distance qui existe entre l'électeur et son élu et la fragmenter en plusieurs étapes. Ainsi, l'électeur choisit son représentant local, qui lui-même choisit le régional pour ensuite donner l'élu national au parlement. C'est loin d'être farfelu comme démarche et comme idée, on peut évidemment critiquer ou adopter une telle disposition mais il faut d'abord la comprendre, ce qui ne semble pas être le cas de bien des politiciens, même parmi ses soutiens.

Ces mécanismes de démocratie directe et participative font dire à Kaïs Saïed que le programme vient du peuple, qui décide lui-même de la marche à suivre en toute souveraineté. Il s'agit en fait d'une vieille utopie qui a accompagné la création et le développement de la démocratie partout dans le monde. C'est une problématique très actuelle et très moderne contrairement à ce que pensent certains en relation avec Kaïs Saïed. Comment faire pour que ce soit le peuple qui gouverne réellement ?

Ne serait-ce que sur cet aspect, Kaïs Saïed montre qu'il a une profondeur politique certaine et qu'il a un projet soutenu par une vision. Aller dans le cliché de l'absence supposée de programme serait passer à côté de ce qu'est Kaïs Saïed, de ce qu'il représente et des moyens de contrer ses desseins, si l'on se place du côté de ses opposants. Quelle que soit la position que l'on peut avoir vis-à-vis de Kaïs Saïed, il ne faut pas le sous-estimer et penser qu'il s'agit d'un pantin sans projet. Ce serait une grosse erreur.

Maintenant, démocratie participative et directe, pourquoi pas ? Si Kaïs Saïed trouve les moyens légaux de matérialiser sa proposition phare, le peuple pourra faire virer un Fadhel Abdelkefi par exemple et décider de son propre sort. Ce sera le règne absolu de la majorité dans une démocratie où les plus absurdes des participations seront admises. Mais si les choses se passent ainsi, deux choix sont possibles. Le premier est celui, relativement facile, où Kaïs Saïed ne parvient pas à tenir cette promesse électorale, ce serait une grosse déconvenue pour lui et pour son électorat. S'il parvient à réellement mettre le peuple au centre de la décision politique, alors n'oublions pas que les détracteurs de Kaïs Saïed, de ses soutiens et de tout ce qu'il représente font aussi partie du peuple et peuvent user des mêmes moyens de pression que n'importe quel autre groupe.

En somme, nous allons bien nous amuser dans les prochaines années puisque ce projet de démocratie participative et directe tient beaucoup au nouveau président de la République. C'est l'argument principal par lequel il compte « changer le système ». Il n'a pas intérêt à ce que cette légende s'écroule où il perdra la confiance de ses électeurs. En attendant, il faut comprendre Kaïs Saïed et ne pas se voiler la face en se disant qu'on ne le connait pas et qu'il n'a rien à proposer. C'est faux.


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