Madame Leila Ben Ali, épouse du Chef de l'Etat et présidente de l'Organisation de la femme arabe, a adressé une allocution au forum mondial sur les technologies de l'information (WITFOR 2009) dont la 4ème session se tient dans la république du VIETNAM, prononcée en son nom par Mme Lamia Chaffai Seghaier, Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Technologies de la communication, chargée de l'informatique, de l'Internet et des logiciels libres. Voici le texte intégral de cette allocution: Au nom de dieu, le clément, le miséricordieux Mesdames, Messieurs, Il me plaît de prendre part avec vous, aux travaux du quatrième forum mondial des technologies de l'information (WITFOR 2009), qui tient ses assises sur le sol de la république amie du Vietnam, sous le thème : » Les technologies de l'information et de la communication pour un développement durable », et ce dans le cadre du suivi de l'exécution des objectifs du millénaire et des engagements internationaux définis en la matière par le Sommet mondial sur la société de l'Information (SMSI), lors de ses première et deuxième étapes, respectivement à Genève en 2003 et à Tunis en 2005. Il m'est agréable, à cette occasion, d'exprimer mes remerciements et ma considération à la Fédération internationale pour le traitement de l'information, qui a pris coutume d'organiser ce forum, tous les deux ans. Mes remerciements s'adressent également à toutes les parties qui parrainent cette manifestation, devenue aujourd'hui un important forum international périodique pour l'examen des questions liées à la promotion de l'utilisation des technologies de l'information et de la communication, au renforcement du partenariat entre les différents acteurs dans ce domaine, et à la stimulation de sa contribution à la consécration d'un développement global, équilibré et équitable pour toutes les nations. L'une des spécificités principales de notre époque réside dans le développement considérable des utilisations des réseaux numériques intégrés, les nouvelles technologies de l'information et de la communication étant devenues un facteur essentiel dans les relations économiques, sociales, culturelles et politiques, en même temps qu'un atout déterminant dans le processus de développement intégral durable, et un facteur important pour l'impulsion du mouvement de progrès et de modernité dans notre monde en mutation. L'attachement de nos présentes assises à explorer les réalités et les perspectives d'avenir de l'utilisation des technologies de la communication et de l'information, s'inscrit dans le cadre des efforts visant à profiter au mieux des résultats de la révolution technologique numérique, intervenue dans notre monde, au cours des deux décennies écoulées. Il s'agit d'une révolution qui diffère de toutes celles qui l'ont précédée, y compris la révolution industrielle, en ce sens qu'elle se fonde essentiellement sur l'intelligence et de distingue par la rapidité de son évolution et de sa propagation, et sa facilité d'utilisation, qui en étendent l'impact à tous les volets de la vie humaine. Cette révolution technologique a contribué à raccourcir les distances et à transcender les obstacles, favorisant, ainsi, l'évolution des modes de production matérielle et immatérielle, et l'amplification de son impact sur le modelage de la conscience culturelle et sociétale en général. Elle a, ce faisant offert une occasion historique, tout particulièrement pour les pays en développement, pour écourter les voies du développement et réduire les écarts de développement qui les séparent des pays avancés. La Tunisie a joué un rôle précurseur en mettant en garde, dès l'année 1998, contre la gravité de cette nouvelle équation. Le Président Zine El Abidine Ben Ali avait, alors, pris l'initiative d'appeler à l'organisation d'un Sommet mondial sur la société de l'information, ce Sommet que vous avez suivi de près, y prenant part et contribuant à sa réussite. La Tunisie a eu l'honneur insigne d'en accueillir la deuxième phase, en 2005, qui avait connu une large représentation sans précédent de toutes les parties concernées, gouvernements, société civile, secteur privé et médias. Ce Sommet a débouché sur un consensus international sur la nécessité d'éliminer tous les aspects du fossé numérique entre les nations. Mesdames, Messieurs L'implantation des technologies pour le gain du pari du développement intégral durable, dans le contexte de ces mutations, constitue l'un des défis majeurs qui se posent, aujourd'hui, à nos sociétés humaines, dans leur effort constant pour renforcer les fondements du développement et de la modernité, d'autant que les technologies de l'information ont placé le problème du développement, au coeur de leurs préoccupations, offrant, ainsi une occasion sans précédent, pour la réalisation d'une mutation qualitative dans le processus d'évolution de la civilisation humaine, en direction d'un développement équilibré accru, d'une interaction plus accentuée et d'un dialogue fécond entre les peuples et cultures du monde entier. Le principal défi lancé à l'ensemble de nos sociétés, dans le contexte de ces énormes enjeux, réside dans la manière de parfaire l'utilisation de cette évolution de plus en plus accélérée des technologies de l'information et de la communication, pour en faire un atout additionnel et un puissant catalyseur pour élever l'homme toujours plus haut et hisser les communautés humaines au niveau de bien-être et de développement équitable, solidaire et durable auquel nous aspirons. Ce qui est sûr, c'est que ces technologies ne pourront être un outil efficace pour le développement des capacités de l'être humain et le relèvement de son niveau, tant que les mêmes opportunités pour en tirer profit et en maîtriser les techniques ne s'offrent pas à tous. Il est dès lors évident que l'analyse, par notre forum, de thèmes qui concernent notamment, les technologies de l'information et de la communication, le développement durable, le genre social et les meilleures formules d'utilisation de ces technologies, en tant qu'axes principaux de son ordre du jour, répond à un objectif commun à nous tous, dans notre effort continu pour l'édification de l'avenir auquel nous aspirons, un avenir qui respecte l'entité de l'être humain et le hisse toujours plus haut, en citoyen libre et responsable. La société mondiale de l'information à laquelle nous tendons, est une société qui offre des opportunités équitables à tous, pour accéder aux réseaux numériques de communication et d'information, en même temps qu'un domaine propice à l'élévation de l'Homme, dans l'attachement au respect des valeurs de justice, d'équité et d'égalité des chances pour les deux sexes, de solidarité et de tolérance entre les êtres humains et de dialogue permanent entre les cultures. En dépit des énormes possibilités de communication, de dialogue, d'exercice des libertés et d'accès à un surcroît de connaissances et d'informations qu'elles nous ont offertes, ces technologies n'auront pas de valeur notable si la femme en est exclue et si son rôle dans la construction de la société de l'information et dans la mise à profit de ses fruits, se trouve marginalisé, ou encore, si cette déferlante technologique se mue en instrument de propagation d'idées extrémistes, de consécration d'une discrimination au détriment de la femme, ou de propagande dans ce sens, par la pensée et par la pratique. L'émancipation de la femme en cette ère des technologies de l'information et de la communication, est la caractéristique saillante du monde d'aujourd'hui, s'agissant d'utiliser ces technologies dans la diffusion des valeurs d'égalité entre hommes et femmes, d'en faire connaître, sur la plus grande échelle, les nobles significations humanistes auprès de l'opinion publique, et de faire en sorte que les textes et réglementations juridiques donnent lieu à des pratiques culturelles et à des comportements civiques et sociaux profondément enracinés dans la conscience individuelle et collective. La réalisation des objectifs de développement du millénaire et la réduction des écarts économiques et sociaux nous commandent, en premier lieu, d'unifier nos efforts visant à atténuer le fossé cognitif, et de permettre à toutes les catégories sociales, et notamment aux femmes, d'avoir accès aux technologies de l'information et de la communication, et de les exploiter, par les voies les plus aisées, à la faveur de l'élaboration de programmes propres à combattre l'analphabétisme technique de la femme, en milieu urbain et rural, et de l'éradication de toutes les formes de discrimination à l'encontre de la femme. Nous sommes fiers en Tunisie de ce que l'édification de la société de l'information sur des bases équitables pour les deux sexes, est devenue une réalité tangible dans notre pays, et ne cesse de se consolider et de progresser, dans le cadre d'une approche prospective exhaustive et équilibrée dont les grandes lignes ont été tracées par son Excellence, le président Zine El Abidine Ben Ali. La Tunisie a misé sur la généralisation de l'enseignement, lui consacrant le tiers du budget de l'Etat, et l'a même rendu obligatoire pour les cycles de base. La Tunisie a, en outre, consacré la notion de justice numérique et s'est employée à mettre en place des réseaux de communication des générations technologiques les plus modernes, et à suivre une politique constante, garantissant une opportunité numérique pour chacun de ses filles et fils. Elle a parié sur l'impulsion de l'investissement dans les secteurs porteurs, contribuant ainsi à donner naissance à un tissu institutionnel évolué en matière d'économie numérique et d'économie immatérielle qui a conforté la place de notre pays, en tant que destination numérique internationale avancée pour investir dans l'intelligence et développer les technologies de la communication et de l'information. La Tunisie a, également, misé sur la femme et sur la promotion de sa condition dans les divers secteurs. Elle a consacré le principe de l'égalité des chances entre l'homme et la femme, dans tous les domaines, gagnant ce faisant, le pari de l'enseignement des filles et réalisant l'égalité totale entre jeunes gens et jeunes filles, dans tous les cycles de l'enseignement. Le taux des étudiantes dans l'enseignement supérieur s'est ainsi élevé à 59 % du total des effectifs estudiantins. La femme a, également, bénéficié d'acquis majeurs dans les domaines législatif, économique, social, culturel et autres. C'est ce qui confirme que la femme tunisienne a dépassé, aujourd'hui, l'étape de défense de ses droits fondamentaux, pour se hisser à celle de partenaire à part entière, en droits et en devoirs. La présence de la femme tunisienne dans le domaine des technologies de l'information et de la communication a enregistré une évolution notable, le taux d'inscription des étudiantes dans les sections des technologies de la communication et de l'information, ayant atteint 50 % du nombre total des étudiants. Le taux des lauréates de ces sections est de l'ordre de 47 %, tandis que le nombre des employées des établissements publics concernés en la matière est, aujourd'hui, supérieur à 6.000 sur un total de 21.000, soit près de 30 % des effectifs de ce secteur porteur. La Tunisie étant constamment soucieuse d'impulser le processus de promotion et de modernisation de la femme, dans son environnement civilisationnel et international, que ce soit dans l'élaboration des approches et la détermination des objectifs, ou bien dans la proposition de programmes et de politiques, la détermination inflexible que nous avons de promouvoir encore et toujours la condition féminine, nous incite tout au long de notre mandat à la tête de l'organisation de la femme arabe, pour la période 2009-2011, à oeuvrer davantage pour la réalisation de programmes communs et de projets ambitieux appelés à consacrer la position de la femme arabe dans le développement intégral durable. Dans ce cadre, nous nous emploierons à appuyer les efforts déployés pour fournir des données sur la participation de la femme arabe aux divers domaines du développement, et à focaliser l'attention sur sa présence dans la société de l'information et de la communication, et ce en élaborant des statistiques selon l'approche genre social, compte tenu de leur importance particulière dans l'évaluation du degré d'intégration de la femme dans un processus de développement évolué. En ma qualité de présidente de l'organisation de la femme arabe, j'appelle à intensifier les domaines de coopération économique et culturelle entre les femmes arabes et leurs consœurs des diverses régions du monde, et à exploiter les nouvelles technologies de pointe dans l'extension des réseaux de communication entre elles, en vue de développer cette coopération et de renforcer la capacité de la femme d'utiliser ces technologies, pour conforter sa position et mettre en valeur son rôle dans l'instauration d'un dialogue civilisationnel constructif entre les diverses sociétés et cultures, qui contribue à rectifier l'image de l'homme arabe et de la civilisation arabo-islamique, auprès des autres peuples. Mesdames, messieurs, L'insuffisance notable dont souffrent de nombreux pays, dans la production de contenus numériques, avec tout ce qui en découle comme violation de leurs spécificités culturelles et civilisationnelles, et influences négatives sur la formation et l'éducation des jeunes générations, constitue, elle aussi, l'un des principaux défis que nous nous devons d'affronter, d'autant que le secteur des technologies de la communication et de l'information est devenu, de nos jours, un critère essentiel pour mesurer le degré de développement des économies internationales, leur compétitivité, ainsi que leur capacité de consolider les fondements d'une culture ouverte et d'une société équilibrée et évoluée. Je suis persuadée que ce forum contribuera à élaborer des recommandations dont le contenu et la portée seront à la hauteur des paris que l'ensemble de nos sociétés œuvrent à gagner. Je propose, à cet égard, l'élaboration d'une charte pour la solidarité numérique humaine, qui renforce nos aptitudes à assumer nos rôles et nos responsabilités dans l'édification d'un espace mondial de l'information et de la communication, qui soit plus juste et plus équitable. Je vous remercie de votre attention.
