Les difficultés notamment budgétaires que rencontrent les créateurs dans le domaine du cinéma, le besoin d'aide à la production, la diminution des salles de cinéma et l'avenir de l'image sont autant d'interrogations qui font l'objet de réflexion et de débats. Aux yeux des créateurs eux mêmes qui vivent ce « malaise », cette situation devient source d'inspiration pour faire un film, à la manière de « Cinécitta ». Finalement prêt, « Cincecittà ou « 7 Avenue Habib Bourguiba » a été projeté vendredi, en avant-première, tard dans la soirée, sur grand écran à Tunis. La fête était double dès lors que sa projection coïncide avec les noces de la biennale du Septième art. La caméra tourne. Gros plan: Chahine hurle en répétant la même phrase « Je veux tourner un film?! Une passion qui se transforme en une obsession. Et il fait un rêve: il dévalise une banque, en compagnie de ses deux complices, Youssef et Hmaid. Parce que le souci du trio -réalisateur, scénariste et producteur- réside dans l'aide financière à la production. Une idée originale, présentée par Brahim Letaief qui a écrit et réalisé ce long métrage, pour exposer, dans le genre fiction et comédie -non forcée- les rêves de tous les acteurs dans le cinéma pour tourner un film 35 mm. Sur cette toile de fond humoristique, des clins d'œil sont faits et des hommages rendus – à travers le choix des prénoms des personnages- à Youssef Chahine et Ahmed Bahaeddine Attia. Le Choix des costumes et de la musique filmique renvoient à l'époque néo-réaliste du cinéma italien dont le réalisateur est fortement influencé. D'ailleurs, le titre « Cinecittà » rappelle le grand complexe des studios cinématographiques italiens de Rome. Mais pourquoi le titre en arabe « 7 Avenue Habib Bourguiba »? Les raisons prêtent à lecture, c'est sur cette avenue que la scène de la Fontaine de Trévi dans Dolce Vita (œuvre de Fellini) est filmée dans le long métrage tunisien, à la fontaine du Centre ville. C'est aussi sur cette même artère du centre ville que se dressait l'ancienne salle « Studio 38″ transformée en un centre commercial, ce qui implique une réflexion sur le destin des salles de cinéma. D'une durée de 80 mn, le film a réuni plusieurs acteurs de générations différentes dont, à titre indicatif, Raouf Ben Amor, Mohamed Kouka, Fethi Haddaoui, Mohamed Ali Nahdi, Mohamed Ali Ben Jomaa, Jamel Sassi, Abdelmonom Chouaiat, Dorra Zarrouk, Jaafar el Guesmi, Jamel El Maddani… Ce film est le premier long métrage de Brahim Letaief, producteur de la série « Dix courts, dix regards » qui a été projeté vendredi au théâtre municipal, dans le cadre de la section panorama tunisien à l'occasion des journées cinématographiques de Carthage dont la 22ème session, qui a été ouverte le 25 octobre, prendra fin ce soir. En attendant le palmarès officiel.