Le Renouveau 14-08-2008 – Il faisait chaud ce soir-là, tant du point de vue de la météo que dans les gradins, où des milliers d'admiratrices s'étaient massées dès la fin de l'après-midi, pour avoir les meilleures places. L'artiste irakien Kadhem Essaher donnait, en ce mardi 12 août 2008, un concert au théâtre antique de Carthage, en présence d'un public entièrement conquis, muni des éternelles banderoles qui vantent les mérites de l'artiste. L'orchestre, composé d'instruments classiques et sans trop de percussions, était placé sous la direction de Hassen El Faleh. Des choristes hommes et femmes soutenaient la voix de Kadhem Essaher, qui s'est présenté sur la scène en costume et cravate noirs. Dans le sempiternel décor de murs de pierres nues et de ces lumières conventionnelles, une présentatrice libanaise de la chaîne de télévision arabe «Rotana» est entrée sur scène pour présenter l'artiste en des termes élogieux, provocant les hurlements des fans. Puis Kadhem Essaher est arrivé sur scène au milieu des habituelles scènes de cris de ses nombreuses admiratrices. Il a entamé son spectacle avec une chanson intitulée «Macek El Oud», dédiée au monde arabe dans son ensemble. Lançant des baisers au public et s'inclinant bien bas, l'artiste irakien a déclaré «l'accueil que j'ai reçu encore une fois en Tunisie et le vôtre ce soir me font plaisir et je voudrais vous remercier d'être aussi exceptionnels…» Alternant les tubes anciens et les nouveaux titres, il a fait chanter et parfois danser tout le public. Face aux très nombreux titres, il a annoncé : «nous avons établi avec la troupe un programme précis, mais on va essayer de faire plaisir au maximum de demandes…» Et comme certaines spectatrices insistaient, il a annoncé qu'il n'a pas les partitions de toutes ses chansons. Les paroles de ses chansons vont de l'arabe littéraire, à celui de son pays natal, ce qui a pour effet de donner à son spectacle à la fois un aspect sérieux et un autre plus proche du large public. Sur l'une des chansons folkloriques, il s'amusera d'ailleurs à danser avec certains membres de sa troupe quelques pas qui rappellent la Dabka libanaise. Quant aux thèmes abordés, ils varient de cette forme d'amour idéal qui obsède les poètes arabes, le «Ghazal», qui consiste à flatter la beauté de l'aimée, à des thèmes un peu plus modernes, comme la jalousie féminine, les reproches faits à l'aimé, la séparation et les retrouvailles. Que de sentiments humains, somme toute, mais qui ont l'avantage de toucher un public majoritairement féminin. Mais comme lors d'autres soirées, notamment celle de Nour Mhanna, des problèmes de son ont fait leur apparition, avec un niveau du «retour» assez faible, ce qui empêche l'artiste d'entendre sa propre voix. Et encore une fois, l'artiste a arrêté plusieurs fois le spectacle pour se plaindre de cette situation. Une situation gênante pour le public, pour l'artiste et ses musiciens, mais qui n'a pas l'air de gêner les techniciens du son de Carthage… Il chantera vers la fin de son spectacle une chanson dédiée à la Tunisie, intitulée «Ya Héloua Inti Ya Tounès», très agréable et très rythmée, qui fera danser frénétiquement les gradins du festival de Carthage. Puis, comme pour calmer le jeu, il enchaîne sur un texte littéraire ardu. Kadhem Essaher aura ainsi dirigé le public autant que l'orchestre avec tact et finesse, toujours maître de la scène… Une nouvelle fois Kadhem Essaher a réussi à imposer son style et sa vision de la musique auprès d'un public qui n'est pas facile. Pour ces retrouvailles, le chanteur irakien a assuré et rassuré sur la qualité de la chanson arabe. Celui que l'on surnomme le «César de la chanson arabe» n'a nullement usurpé sa notoriété, acquise depuis ses débuts en 1989. Musicien dans l'âme, il excelle dans le registre romantique. Il impose un style unique dans la chanson arabe