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Allocution du chef de l'Etat à l'occasion du démarrage des programmes de la célébration de « Kairouan, capitale de la culture islamique »
Publié dans Info Tunisie le 08 - 03 - 2009

Le président Zine El Abidine ,Ben Ali a affirmé que la célébration, cette année de, Kairouan, capitale de la culture islamique, apporte la preuve, si besoin est, de l'attachement constant à œuvrer à assurer durablement la pérennité, la solidité, la vitalité et le renouveau constant de l'identité religieuse et culturelle de la Tunisie.
Dans une allocution, prononcée en son nom par M. Mohamed Ghannouchi, premier ministre, lors d'une cérémonie organisée, dimanche à Kairouan, à l'occasion du démarrage des programmes de la célébration de « Kairouan, capitale de la culture islamique » pour l'année 2009, le Chef de l'Etat s'est déclaré résolument engagé à demeurer en communion avec le peuple tunisien dans son attachement à son identité arabo-musulmane, dans sa perception lucide de son présent, dans son évolution au diapason de son époque, dans sa foi en l'avenir, et dans son souci d'allier le savoir à l'action, pour atteindre les plus hauts niveaux de progrès et d'invulnérabilité.
Il a fait remarquer que le choix de faire coïncider le démarrage des manifestations culturelles programmées pour Kairouan, à la veille du Mouled, est dicté par la volonté de commémorer comme il convient l'anniversaire de la naissance du Messager de Dieu, le Prophète Mohammed, et de consacrer encore et toujours cette noble tradition que les Kairouanais ont coutume de célébrer avec faste, depuis très longtemps, précisant qu'en cette circonstance, ils relatent la tradition du Prophète et en tirent les enseignements et la sagesse.
Il s'est félicité, également, du choix de donner le coup d'envoi aux manifestations culturelles de Kairouan, à partir de la mosquée de Oqba Ibn Nafaa, cette illustre institution de culte, d'enseignement et de savoir qui a toujours été, au fil des époques, un lieu privilégié où abondent les cercles de psalmodieurs du Coran, de Fuqahas (juristes musulmans), de spécialistes du Hadith, de linguistes et de savants, et d'où rayonnent les lumières de la foi et de la connaissance dispensées aux étudiants, venus de tous les horizons.
Le Président Ben Ali a fait remarquer que la ville de Kairouan fondée, en l'an 50 de l'Hégire correspondant à l'an 670 du calendrier grégorien, par Oqba Ibn Nafaa, accompagné en Ifriqya de vingt-cinq valeureux Sahabas (Compagnons du Prophète) et d'une pléiade de vertueux Muhajirun (Musulmans ayant émigré de la Mecque à Médine pour rejoindre le Prophète), Ansars (nouveaux convertis à l'Islam, originaires de Médine) et Tabi'un (Musulmans de la deuxième génération après le Prophète), devint le lieu où se sont installés des compagnons du Prophète Mohammed, la terre qui abrite le tombeau d'Abou Zamaa al-Balawi, compagnon du Prophète et l'un des premiers à lui avoir juré fidélité « sous l'arbre ».
Kairouan, a-t-il ajouté, est aussi la plus ancienne métropole de l'Islam et des musulmans dans les pays du Maghreb, et la quatrième ville sainte de l'Islam.
Le président de la République a souligné que Kairouan fut le point de départ de l'expansion de l'Islam en direction du Maghreb, de l'Andalousie, de la Sicile et de l'Afrique sub-saharienne. Il a, également, précisé que Kairouan est la ville où fut fondée la principale école de Fiqh de la doctrine malékite, prêchant la modération et la notion du juste milieu, bannissant l'excès et la suspicion, et rejetant les motifs de divergence et de discorde.
Le président Ben Ali a, par ailleurs, relevé que la ville de Kairouan est le lieu où fleurirent les plus prestigieuses écoles de Fiqh, de littérature, d'éducation et de médecine, marquées par de fécondes discussions intellectuelles et par des débats de haute tenue. C'est là aussi, a-t-il ajouté, que virent le jour les traités les plus célèbres se rapportant à la vie et à l'oeuvre de différentes classes de savants, de lettrés et de mystiques soulignant qu'à Kairouan régnaient la
coexistence, la concorde et la liberté du culte, entre musulmans et fidèles des autres religions célestes.
Le président de la République a expliqué que la ville de Kairouan aura eu une force de personnalité et une richesse historique qui lui ont permis, lors des périodes de faiblesse et de régression, de tenir bon face aux vagues d'agitation intérieure et d'invasion extérieure, et de reprendre les rênes de l'initiative pour reconstituer ses forces à l'issue de chaque étape, sans rompre avec son identité ni renier ses racines.
Après avoir souligné que ces mêmes vertus demeurent constantes dans les traditions sociales et dans les choix politiques de la Tunisie, le chef de l'Etat a souligné son attachement de faire en sorte que « la foi et l'esprit musulmans demeurent, dans nos contrées, enracinés et pérennes
au fil des siècles, depuis l'époque de Oqba Ibn Nafaa jusqu'à nos jours en lesquels nous sommes honorés de revivifier les sciences du culte et de mettre en valeur les sites et les monuments religieux ».
Le président de la République a souligné, d'un autre coté, son attachement depuis le changement à sauvegarder la sublime religion et à en revitaliser les rites tout en veillant à se conformer à ses préceptes mettant en exergue les efforts déployés en vue de prendre soin du patrimoine intellectuel et matériel, avec toutes ses composantes, partant d'une conviction profonde que la créativité individuelle et collective constitue la meilleure expression de l'identité nationale.
Il a, par ailleurs, indiqué que les efforts consentis depuis le Changement en vue de protéger notre culture contre toutes les formes de déracinement et de dépersonnalisation,la pression tyrannique du marché et les dangers d'une production stéréotypée mettant l'accent, à cet égard, sur l'attachement, avec constance, à rester fidèles à nos valeurs et à nos spécificités, à protéger et encourager nos créateurs et à dynamiser les échanges et la complémentarité avec les cultures extérieures.
Dans le droit-fil des instructions présidentielles concernant la récitation en continu, 24 heures sur 24, durant toute l'année, du Livre Saint, à la mosquée Ez-zeitouna de Tunis, le chef de l'Etat a annoncé, à cette occasion, sa décision d'en faire de même à la Mosquée Oqba Ibn Nafaa, afin que Kairouan demeure, à jamais, comme l'a voulu son fondateur, un symbole de la gloire de l'Islam.
Voici le texte intégral de l'allocution du Président Zine El Abidine Ben Ali à l'occasion du démarrage des programmes de la célébration de « Kairouan, capitale de la culture islamique »
Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Excellence, Monsieur le Docteur Abdulaziz Altwaijiry, Directeur Général de l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO),
Excellence, Monsieur Habib Ben Yahia, Secrétaire Général de l'Union du Maghreb Arabe,
Excellences, Eminences,
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs,
Par la grâce de Dieu le Tout-Puissant, nous inaugurons, en ce jour, les programmes de la célébration de “Kairouan, capitale de la culture islamique” pour l'année 1430 de l'Hégire, correspondant à l'année 2009 de l'ère grégorienne. Il me plaît, à cette occasion, d'exprimer mes vifs remerciements aux représentants des organisations culturelles régionales et des organisations scientifiques islamiques, à Leurs Excellences et à Leurs Eminences et aux hommes de science et de culture, venus des pays frères et amis, pour prendre part, avec nous, à cette cérémonie privilégiée, en témoignage d'appréciation envers notre pays, et de respect envers Kairouan, cette ville qui occupe une place privilégiée dans les cœurs de l'ensemble des musulmans et, plus généralement, dans l'histoire de la culture universelle. Soyez tous les bienvenus.
Je tiens à remercier, également, la population de la ville de Kairouan, de même que ses élites administratives et culturelles, pour les efforts qu'elles ont déployés en vue d'accueillir comme il se doit cette grande manifestation, et de réserver le meilleur accueil à leurs hôtes, avec tout le sens de l'hospitalité et de la courtoisie qui leur est reconnu.
Il m'est, en outre, agréable de louer la coopération féconde qui existe entre la Tunisie et l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), et de rendre hommage à l'organe exécutif de cette organisation ainsi qu'à son Directeur Général, le Dr. Abdulaziz Altwaijiri, pour leur attachement à mettre en valeur les apports culturels et civilisationnels de villes islamiques qui ont joué un rôle actif et déterminant dans la propagation de notre religion sublime, la consécration de ses valeurs et le renforcement de son rayonnement; ces villes dont l'une des plus réputées n'est autre que Kairouan.
Dès sa fondation, en l'an 50 de l'Hégire, correspondant à l'an 670 du calendrier grégorien, par Oqba Ibn Nafaa, accompagné en Ifriqya de vingt-cinq valeureux Sahabas (Compagnons du Prophète) et d'une pléiade de vertueux Muhajirun (Musulmans ayant émigré de la Mecque à Médine pour rejoindre le Prophète), Ansars (nouveaux convertis à l'Islam, originaires de Médine) et Tabi'un (Musulmans de la deuxième génération après le Prophète), la ville de Kairouan devint, de par la présence de cette élite prestigieuse, une cité comblée d'honneurs.
C'est que Kairouan a été le lieu où se sont installés des Compagnons du Prophète Muhammad (Que le Salut et la Bénédiction de Dieu soient sur Lui) et sa terre abrite le tombeau d'Abou Zamaa al-Balawi, compagnon du Prophète et l'un des premiers à lui avoir juré fidélité “sous l'arbre”. Kairouan est aussi la plus ancienne métropole de l'Islam et des musulmans dans les pays du Maghreb, et la quatrième ville sainte de l'Islam, après La Mecque, Médine et Al-Quds. C'est en faveur de cette ville et au moment de sa fondation que Oqba Ibn Nafaa a imploré Dieu afin qu'elle soit un haut lieu de science et de fiqh (droit musulman), et qu'elle constitue un motif de gloire pour l'Islam et les musulmans, jusqu'à la fin des temps.
Effectivement, Kairouan fut le point de départ de l'expansion de l'Islam en direction du Maghreb, de l'Andalousie, de la Sicile et de l'Afrique sub-saharienne. A Kairouan fut fondée la principale école de fiqh de la doctrine malékite, prêchant la modération et la notion de juste milieu, bannissant l'excès et la suspicion, et rejetant les motifs de divergence et de discorde.
Ce fut aussi à Kairouan que fleurirent les plus prestigieuses écoles de fiqh, de littérature, d'éducation et de médecine, marquées par de fécondes discussions intellectuelles et par des débats de haute tenue. C'est là aussi que virent le jour les traités les plus célèbres se rapportant à la vie et à l'œuvre de différentes classes de savants, de lettrés et de mystiques. A Kairouan régnaient la coexistence, la concorde et la liberté du culte, entre musulmans et fidèles des autres religions célestes.
Dans cette cité, se distinguèrent maints pionniers et chercheurs dans de nombreux domaines, à la faveur de la consécration du dialogue et de la complémentarité avec autrui. Ils purent, ainsi, s'inspirer les uns des autres, innover, exceller et s'imposer en trait d'union sûr et solide entre le Machreq et le Maghreb.
Ce fut à Raqqada, localité de la périphérie de Kairouan, que le Prince aghlabite Ibrahim Ibn Ahmed, fonda, en l'an 264 de l'Hégire (878 J.C), Beit Al Hikma (Maison de la sagesse), à l'image de la fondation du même nom, créée à Bagdad par le Calife Al Ma'moun. A Beit Al Hikma de Kairouan, Ibrahim II fit venir les plus éminents médecins, astronomes, savants et traducteurs, et amena les ouvrages les plus réputés, dans les diverses langues.
A Kairouan, capitale des Aghlabites puis des Zirides, s'illustrèrent, également, des juristes dont les noms servent aujourd'hui de références illustres dans ce domaine, tels Assad Ibn Al Fourat, Suhnun Ibn Saïd, Abdullah Ibn Abi Zeid, comme tant d'autres dans le domaine littéraire, tels Abdul Karim Al Nahchali, Ibrahim Al Husri, Ali Al Husri, Ibn Charaf, Ibn Rachiq, ou encore dans le domaine de la médecine, tels Is'haq Ibn Omrane, Ahmed Ibn Al Jazzar, Ziad Ibn Khalfoun et bien d'autres.
A Kairouan prévalait le respect des droits de la femme dans les relations conjugales, à travers le texte dit “contrat de mariage kairouanais” (al-sadaq al-qayrawani). L'enseignement pour les filles y était répandu. Des figures illustres y initièrent leurs progénitures, tels Assad Ibn Al Fourat, pour sa fille Asma, et l'Imam Suhnun, pour sa fille Khadija. Ces deux jeunes filles allaient, du reste, devenir célèbres en matière de relation du hadith, de fiqh et ainsi que pour leur parfaite maîtrise de la langue arabe. De même, la princesse aghlabite Mahria était connue pour sa grande culture et son art de la poésie.
L'école éducative et pédagogique de Kairouan connut son essor avec la parution d'ouvrages célèbres en la matière, tels “Adab Al Mu'alimin” (les règles de conduite pour les maîtres) de Muhammad Ibn Suhnun, “Syasat Al Sibyan Wa Tadbirihim” (Règles pour éduquer les enfants et les instruire) d'Ibn Al Jazzar, et “Al Rissala Al Moufassala Li Ahwal Al Muta'allimin Wa Ahkam Al Mu'allimin Wal Muta'allimin” (Epitre sur la condition des élèves et les règles de conduite de l'enseignant et de l'élève) d'Abul Hassan Al-Qabusi.
Kairouan devint, aussi, un point de passage obligé, un carrefour dynamique où se rejoignaient les cultures et un pôle de rayonnement en direction du Machreq, du Maghreb et de l'Afrique sub-saharienne… Y abondaient les mosquées, les offices, les souks et les échoppes d'artisans. Le développement urbain y était des plus florissants, tout particulièrement en matière de construction de remparts, de ponts, de citernes et d'ouvrages hydrauliques, d'institutions et de ribats.
La conscience que les Arabes avaient de l'importance de l'eau dans le développement des villes, les a poussés à construire nombre de réservoirs et de fontaines dans les quartiers d'habitation et dans les institutions religieuses et sociales, le plus important étant le Bassin des Aghlabites qui reste encore, de nos jours, un témoin saisissant du haut degré de perfection des techniques architecturales qui prévalaient dans le Maghreb musulman.
Quant à la Grande Mosquée de Kairouan, la “Mosquée Oqba Ibn Nafaa”, dans l'enceinte de laquelle nous nous trouvons réunis aujourd'hui, elle fut le premier monument érigé par Oqba Ibn Nafaa, au moment de la fondation de la ville de Kairouan. Ce monument comporte des éléments architecturaux d'une grande perfection, qui connurent par la suite un immense succès au Machreq comme au Maghreb, compte tenu de leur simplicité alliée à une élégance notable, tout particulièrement au niveau du minaret, qui reste unique en son genre dans le monde islamique, outre le Minbar (chaire de l'orateur) qui compte parmi les plus anciens, les plus beaux et les plus célèbres dans le monde musulman.
Nous avons choisi de faire en sorte que les manifestations culturelles programmées pour Kairouan, coïncident avec la nuit du Mouled, pour commémorer comme il convient l'anniversaire de la naissance du Messager de Dieu, le Prophète Muhammad, et consacrer encore et toujours cette noble tradition que les Kairouanais ont coutume de célébrer avec faste depuis très longtemps. En cette circonstance, ils relatent la Tradition du Prophète et en tirent les enseignements et la sagesse. Nous avons, également, choisi de donner le coup d'envoi aux manifestations culturelles de Kairouan, à partir de cette illustre institution de culte, d'enseignement et de savoir dans laquelle nous nous trouvons, aujourd'hui, et qui a toujours été, au fil des époques, un lieu privilégié où abondent les cercles de psalmodieurs du Coran, de fuqahas (juristes musulmans), de spécialistes du Hadith, de linguistes et de savants, et d'où rayonnent les lumières de la foi et de la connaissance dispensés aux étudiants venus de tous les horizons.
Kairouan est, certes, demeurée une cité prospère, rayonnante et créative durant cinq siècles. Elle a, néanmoins, eu à endurer, en certains moments, des troubles et des épreuves qui ont ébranlé sa stabilité et entravé son activité, tout particulièrement à la suite de l'invasion hilalienne au cinquième siècle de l'Hégire (XIe siècle de l'ère grégorienne).
Cependant, Kairouan aura eu une force de personnalité et une richesse historique qui lui ont permis, lors des périodes de faiblesse et de régression, de tenir bon face aux vagues d'agitation intérieure et d'invasion extérieure, et de reprendre les rênes de l'initiative pour reconstituer ses forces à l'issue de chaque étape, sans rompre avec son identité ni renier ses racines.
Ce sont ces mêmes vertus qui demeurent constantes dans nos traditions sociales et dans nos choix politiques, tant il est vrai que nous nous sommes préoccupés de faire en sorte que la foi et l'esprit musulmans demeurent, dans nos contrées, enracinés et pérennes au fil des siècles, depuis l'époque de Oqba Ibn Nafaa jusqu'à nos jours en lesquels nous sommes honorés de revivifier les sciences du culte et de mettre en valeur les sites et les monuments religieux.
La célébration, cette année, de Kairouan, capitale de la culture islamique, apporte la preuve, si besoin est, de notre attachement constant à consacrer la continuité entre le passé et le présent et à œuvrer à assurer durablement la pérennité, la solidité, la vitalité et le renouveau constant de l'identité religieuse et culturelle de la Tunisie, conformément aux dispositions de l'article premier de la Constitution qui stipule que “la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain; sa religion est l'Islam, sa langue l'Arabe et son régime la république”.
D'un autre côté, nous avons œuvré à prendre soin de notre patrimoine intellectuel et matériel, avec toutes ses composantes, tant nous sommes convaincus que la créativité individuelle et collective constitue la meilleure expression de l'identité nationale. Aujourd'hui, en effet, nous disposons de sept sites culturels, dont en premier lieu, la ville de Kairouan, qui sont classés dans la liste du patrimoine universel. En outre, nous possédons plus de 35 musées publics ou privés, répartis à travers les différentes régions du pays et assurant la conservation d'un riche patrimoine de civilisation qui consacre pour l'éternité les vestiges et les créations accumulés par notre pays au fil de trois millénaires.
C'est pour consolider ces institutions que nous avons mis en place “l'Institut national du patrimoine” et “l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle”, et promulgué le “Code de la protection du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels”, en vue de préserver nos sites historiques et notre culture populaire, de leur assurer une gestion judicieuse et de les mettre au service du tourisme national.
Dès le début du Changement en 1987, nous nous sommes préoccupés de protéger notre culture contre toutes les formes de déracinement et de dépersonnalisation, la pression tyrannique du marché et les dangers d'une production stéréotypée. Nous nous sommes attachés, avec constance, à rester fidèles à nos valeurs et à nos spécificités, à protéger et encourager nos créateurs et à dynamiser les échanges et la complémentarité avec les cultures extérieures.
Nous avons également réhabilité la religion musulmane, tant nous sommes persuadés que notre auguste religion constitue l'essence même de notre civilisation et le fondement de notre existence. Nous nous sommes employés à la sauvegarder, à en revitaliser les rites et à nous conformer à ses préceptes. Pour ce faire, nous avons pris un ensemble de mesures pratiques telles que la création du “Centre d'études islamiques de Kairouan”, la reconversion de la Faculté zeitounienne de théologie en “Université Ez-zeitouna”, institution dotée de branches de spécialisation et de filières cohérentes, la création d'un ministère des Affaires religieuses, l'institution d'une “chaire universitaire pour le dialogue des civilisations et des religions”, la diffusion de la pensée de l'Ijtihad éclairé (effort d'interprétation des textes coraniques), la promotion du discours religieux dans les médias, et l'organisation d'un grand nombre de colloques à l'échelle régionale et internationale, avec le concours des organisations internationales spécialisées, sur le dialogue des civilisations, des cultures et des religions, d'autant que notre pays a toujours été, tout au long de son histoire prestigieuse, une terre de tolérance, de paix et de concorde, œuvrant à la consécration de ces valeurs, dans ses relations avec les nations qu'il a eu à rencontrer ou avec lesquelles il a eu un brassage de civilisation.
Nous avons porté notre attention, en outre, sur les sites religieux, et notamment les mosquées et lieux du culte dont le nombre est passé de 2390 en 1987 à 4450 en 2008. Nous avons conforté cette orientation en prenant soin du Livre Saint, le Coran, et nous avons ordonné de faire paraître, pour la première fois dans l'histoire de notre pays, une édition typiquement représentative de la République Tunisienne. Nous avons, également, organisé des concours annuels de psalmodie et de mémorisation du Coran, aux niveaux régional, national et international, ordonné la création de la “Radio Ez-zeitouna pour le Saint Coran”, et institué un “Prix international du Président de la République pour les études islamiques”.
Dans le droit fil des instructions que nous avions données concernant la récitation en continu, 24 heures sur 24, durant toute l'année, du Livre Saint, à la mosquée Ez-zeitouna de Tunis, nous ordonnons d'en faire de même à la Mosquée Oqba Ibn Nafaa, afin que Kairouan demeure, à jamais, comme l'a voulu son fondateur, un symbole de la gloire de l'Islam.
Nous demeurons, quant à nous, en communion avec notre peuple, dans son attachement à son identité arabo-musulmane, dans sa perception lucide de son présent, dans son évolution au diapason de son époque, dans sa foi en l'avenir, et dans son souci d'allier le savoir à l'action, pour atteindre les plus hauts niveaux de progrès et d'invulnérabilité.
Mesdames,
Messieurs,
Pour conclure, je tiens à vous renouveler mes plus chaleureuses salutations et à vous réaffirmer la profonde fierté que me procure votre présence à Kairouan, capitale de la culture islamique pour l'année 1430 de l'Hégire, correspondant à l'année grégorienne 2009, en vous souhaitant un séjour agréable parmi nous.
Je vous remercie de votre attention.


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