Suite à la publication du rapport sur les « services bancaires et finance islamiques en Afrique du Nord », élaboré par la Banque Africaine de Développement (BAD) et visant l'évaluation de la situation des services bancaires islamiques en Afrique du Nord, la BAD a organisé, mercredi 14 décembre 2011, un séminaire pour présenter ce rapport et débattre également des perspectives des services bancaires islamiques en Tunisie. Cet évènement s'est déroulé en présence de Rodney Wilson, universitaire et auteur du rapport et Ahmed Karam, DG d'Amen Bank. Il représentait une occasion pour analyser les raisons pour lesquelles les services bancaires islamiques peinent à se développer particulièrement en Tunisie et étudier leurs perspectives d'avenir et la mesure dans laquelle ils peuvent contribuer au développement économique. Passant en revue l'évolution passée et la situation actuelle des services bancaires islamiques dans les pays classés dans la catégorie des pays d'Afrique du Nord, en l'occurrence l'Egypte, la Libye, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie, il en ressort qu'il existe un besoin considérable de ressources pour le financement des projets dans la majorité de ces pays. Cependant, seulement 24 opérations de financement islamique de projets ont été, à ce jour, approuvées en Afrique du Nord pour un montant total de plus de 2,4 milliards de dollars. M. Karam a saisi l'occasion pour préciser que des facteurs politiques nationaux ont freiné souvent le développement en Tunisie des services bancaires islamiques. Toutefois, le renversement du régime pourrait être considéré comme une évolution favorable pour la finance islamique à condition que le nouveau gouvernement mette en place une réglementation complète organisant ainsi ce secteur. Les banques islamiques sont, selon le banquier, confrontées à deux problèmes spécifiques dans cet environnement financier classique, à savoir la gestion de la liquidité et les lois dites «anti-trust». A cet égard, les banques islamiques ne peuvent détenir des bons de trésor créditeurs d'intérêts ni accepter le paiement d'intérêts sur leurs dépôts auprès de la Banque Centrale de Tunisie. Il s'ensuit en fait que ces institutions ne tirent aucun bénéfice de l'acquisition de bons de trésor contrairement à leurs concurrents classiques. Solution ? Le gouvernement devrait émettre des «Sukuk» souverains à court terme ou des titres islamiques que les banques islamiques peuvent détenir en toute légitimité et dont elles peuvent tirer un revenu modeste. En revanche, la gestion des paiements au titre des «Sukuk» ainsi que la propriété de l'actif sous-jacent requièrent incontestablement l'adoption d'une loi ou du moins des dispositions spéciales.