Le Centre des Jeunes Dirigeants d'Entreprises (CJD) de Bizerte a organisé, samedi 3 mars, une seconde rencontre de sensibilisation à l'entrepreneuriat, ciblant une population étudiante d'une part et des acteurs du secteur de l'économie d'autre part. Les professionnels ont été appelés à intérioriser les méthodes de formation mises en œuvre sous d'autres cieux en vue de les adapter à la réalité tunisienne et de les vulgariser auprès de potentiels jeunes investisseurs afin d'enraciner en eux une véritable culture de l'entrepreneuriat. Pour le moment, et quoique le CJD en ait fait sa marotte, ces rencontres ne sont qu'une immersion dans la théorie entrepreneuriale et une occasion d'échanges d'idées, très intéressantes du reste, entre personnes averties. C'est que dans cette salle d'une cinquantaine de personnes, pas de porteurs de projets en création ou déjà installés, venus demander assistance, appui, mentorat. L'on semble viser, pour le moment, à faire avancer les connaissances en entrepreneuriat qu'à soutenir son développement. Mais, chaque chose en son temps, doit-on assurément penser. C'est en présence de M. Saïd Aïdi, ancien ministre de l'Emploi, devenu un illustre habitué de ces rencontres bizertines, et sollicité pour sa profonde connaissance du dossier des jeunes demandeurs d'emplois, qu'a débuté la conférence pour l'animation de laquelle a été convié M. Louis Jacques Filion, titulaire de la chaire d'entrepreneuriat Rogers-J.A.Bombardier et professeur à HEC Montréal. Il avait à traiter de la thématique « De la révolution à l'innovation : le développement de la PME par la libéralisation de l'expression innovante ». En trois communications, le professeur a commencé par exposer « le design et l'évaluation du système relationnel de l'entrepreneur » en concluant que cette démarche, si importante dans la progression entrepreneuriale, demeure sous exploitée. Le professeur a ensuite établi une relation dialectique rigoureuse et subtile entre révolutions, créations d'entreprises et innovations entrepreneuriales. Tout en soulignant l'irréversibilité des processus révolutionnaires et l'émergence de nouvelles valeurs reconstructives, M. Filion a indiqué que la « plus grande richesse naturelle de toute société réside dans la mise en valeur du potentiel entrepreneurial des personnes », ajoutant que « l'implication des entrepreneurs est majeure dans la mise en place d'une société innovante orientée vers le progrès et la prospérité ». Evoquant le cas de la Tunisie postrévolutionnaire, le conférencier a indiqué que la Révolution est « un moment privilégié permettant à chacun de faire des choix professionnels impliquant des façons de faire innovantes.» M. Filion a, en outre, insisté sur la nécessité de réajuster le système éducatif tunisien dans le but de mieux former les jeunes pour des rôles entrepreneuriaux et les préparer aux pratiques.