Sous le titre « La Tunisie s'enfonce dans un gouffre économique » ; le journal français Les Echos écrit, dans son édition du dimanche 26 août, un article sous la plume de Hachemi Aleya, docteur, ingénieur conseil. En voici le texte : « LE CERCLE. La plupart des indicateurs de l'économie tunisienne sont en train de virer au rouge vif : exacerbation de l'inflationniste, aggravation du déficit extérieur, panne sèche du moteur-exportation, recul de l'investissement industriel, déprime de la consommation, etc. Et, pour couronner le tout, l'agitation sociale sur fond d'un risque d'éclatement de la coalition au pouvoir repart de plus belle. La semaine écoulée a été riche en mauvaises nouvelles d'indicateurs économiques qui témoignent que le pays s'enfonce dans un gouffre économique. Un à un, tous les indicateurs économiques sont en train de virer au rouge vif. L'inflation repart à la hausse en juillet. C'est ce que révèlent les indicateurs de prix publiés en cours de semaine par l'INS. Outre l'aspect saisonnier (ramadan, saison estivale), cet accès de fièvre inflationniste est porté essentiellement par une politique économique faite de largesses salariales, de transferts sociaux, d'administration-contrôle des prix, d'approvisionnements en produits de consommation importés, etc. En bref, une politique économique qui fait la part belle à la consommation. Le déficit commercial a atteint un nouveau record en juillet : 6,4 milliards DT pour les 7 premiers mois de l'année 2012 en raison d'une nette baisse des exportations qui témoigne notamment des effets négatifs de la crise dans la zone euro sur l'économie tunisienne. Plus préoccupant, ce recul des exportations n'est guère uniquement conjoncturel ; la plupart des pays industrialisés sont en train de développer des politiques de "renouveau productif" ou "réindustrialisation" comportant des mesures fortes visant sinon relocaliser, du moins à décourager les délocalisations. En clair, des politiques qui sapent les fondements mêmes du modèle industriel tunisien. La consommation des ménages "déprime". Selon une récente enquête publiée par le CTVIE, "l'indice du climat de consommation replonge à un niveau très faible témoignant de l'ampleur de la déprime chez les consommateurs. En fait, avec les anticipations à la hausse des prix et la stagnation des revenus, les consommateurs n'envisagent pas pour le moment effectuer des achats de produits durables". L'investissement ne montre guère de signes de reprise. En témoigne le profil plat des importations de biens d'équipement. Selon les dernières statistiques du ministère de l'Industrie rapportées par l'agence TAP, les intentions de l'investissement industriel sont en recul de -57 % à Siliana, -43 % à Jendouba -44 % à Kasserine et -29 % à Sidi Bouzid. L'investissement public, par lequel le gouvernement transitoire veut relancer le moteur tunisien, reste en butte à des difficultés de financement quand ce ne sont pas les troubles sociaux dans les régions et les inévitables lenteurs procédurales et administratives qui le contrarient. En bref, les signes de la dégradation de la situation se multiplient. Un à un, tous les indicateurs économiques virent au rouge vif. Le rebond modeste attendu pour 2012 a été d'ores et déjà révisé à la baisse par le FMI 2,7 % et le Coface 2,5 %. Face à ces chiffres, la politique économique du gouvernement transitoire va au-devant d'incohérences croissantes. Il devrait maintenir une politique monétaire accommodante pour encourager à la fois l'investissement et la consommation, mais au risque d'exacerber les tensions inflationnistes, tout comme il devrait maintenir une politique de "répression des prix" pour contenir les tensions sociales, mais au risque de pénaliser les entreprises et le secteur de la production comme en témoignent les récentes revendications des producteurs de lait, de tomates, etc. Et, ce ne sont pas les dissensions flagrantes entre les membres de la troïka au sujet du système politique qui vont faciliter le consensus dans l'établissement d'un nouveau cadre cohérent de politique économique et l'initiation des réformes structurelles dont le pays a urgemment besoin ». Investir en Tunisie