Ils étaient très nombreux les chevaliers de la plume, en grève générale, à se rassembler devant le siège du syndicat national des journalistes tunisiens, SNJT. C'est pour revendiquer haut et fort leur droit à accomplir avec dignité leur devoir d'informer objectivement, mais sans tutelle d'aucune sorte, l'opinion publique sevrée durant plusieurs décennies de son droit d'être informée. Des journalistes jeunes et moins jeunes sont venus de différents médias, en particulier de Dar Assabah où des consœurs et des confrères observent une grève de la faim et d'Ettounissia, la chaîne de télévision dont le directeur a été jeté en prison, il y a 50 jours, et attend d‘être jugé. Les pancartes brandies et les slogans criés décrivent clairement une situation où la presse est la cible du gouvernement et des milices à la solde de parties intéressées. Ils dénoncent la volonté du gouvernement d'assujettir le secteur de l'information, de l'utiliser à sa guise dans un but de propagande exclusivement. Tant il est vrai que « la liberté de la presse n'est pas un privilège des journalistes, mais un droit des citoyens ». Les autorités n'ont pas cessé de clamer l'indépendance des médias et la liberté d'expression, sans lesquelles il ne saurait y avoir ni démocratie, ni développement. Du bout des lèvres seulement. Dans la pratique, elles s'emploient à vouloir domestiquer, dompter et mettre à genoux le quatrième pouvoir, imposer des personnes qui leur sont acquises en vue de bâillonner les bouches et ligoter les mains de personnes dont le seul tort est de s'acquitter de leur tâche. Pendant plus de vingt ans, la presse a été muselée, asservie et mise entre parenthèses. L'une des plus importantes réalisations de la Révolution est celle qui a libéré les plumes et délié les langues. Que le gouvernement ne se hasarde pas à poursuivre sa politique de marginalisation des médias, en battant campagne sur campagne contre « l'information violette » et « les journalistes pourris » et en lâchant ses partisans contre les consœurs et confrères en vue de les discréditer ! Les journalistes ont adressé, à travers cette grève en ce jour du mercredi 17 octobre 2012, un message fort aux autorités. Ils ont prouvé qu'ils sont solidaires et qu'aucune volonté de les plier ne les intimidera. Ils ne craignent pas l'escalade. Ils poursuivront leur lutte pour un lendemain meilleur et une transition démocratique conséquente.