Par Mohamed Derbal, expert comptable Après les deux lancées budgétaires « Go » 2010-2011 (+19%) et 2011–2012 (+17%), le budget de 2013 sera caractérisé par un grand « STOP » bien qu'une hausse de 5% l'ait marqué pour atteindre 26 692 Millions de dinars. Une hausse qui n'est en réalité qu'un « Standby », voire peut être une régression, puisque le taux d'inflation a franchi le seuil de 5% en 2012. Certes, un temps d'arrêt est nécessaire pour dresser les premiers Bilans, mais est-ce le bon timing à cette pause du guerrier ? Est-ce un choix ou une contrainte ? et comment lire ce STOP? Quand on sait que les dépenses de gestion ont augmenté comparées à celles du développement, quand on sait que nous sommes en train de nous endetter pour rembourser une dette qui atteindra à fin 2013 les 36 658 millions de dinars, quand on sait que la fiscalité actuelle n'offre plus à l'Etat la possibilité d'un accroissement substantif des recettes, nous ne pouvons en vouloir à l'Etat pour une enveloppe d'investissement en baisse, puisque la marge de manœuvre qui lui est offerte, dans ces conditions, restera indéfiniment limitée. Toutefois, nous pouvons lui en vouloir s'il ne présente pas des solutions à termes variables à ces problèmes. On aurait souhaité voir des solutions à nos vrais problèmes de compensation et d'équité fiscale par une réallocation efficace et intelligente des transferts sociaux et un élargissement de l'assise fiscale en intégrant les 400 000 forfaitaires dont la plupart fraudent l'impôt au vu et au su de tout le monde. On aurait souhaité voir un allègement de la pression fiscale sur les contribuables qui se sont vu infliger avec cette nouvelle loi de finances plus d'obligations et plus de contraintes au point que l'idée de l'évasion fiscale commence à gagner du terrain pour toucher les plus disciplinés de notre système fiscal actuel. On aurait souhaité que le STOP budgétaire de 2013 coïncide avec l'annonce de réformes structurelles. Mais malheureusement ce n'est pas le cas ! 3.5% de croissance en 2012 et 4.5% d'objectif en 2013 ne changeront rien à la donne du chômage structurel qui a atteint dans les régions de l'intérieur des taux records, dépassant parfois le seuil des 20%. Un héritage très lourd aux séquelles très douloureuses, mais qui pourrait être résolu progressivement si nous unissons nos forces et compétences! L'Etat tout seul ne pourra jamais créer de la croissance, l'Etat tout seul ne pourra jamais résoudre les problèmes épineux du chômage et du développement, l'Etat tout seul ne pourra jamais créer de nouveaux leviers économiques, mais seul l'Etat est capable de donner le rythme, seul l'Etat est capable de réduire l'injustice fiscale et seul l'Etat est en mesure d'instaurer un climat sain d'affaires et de dégager le brouillard actuel qui nous empêche d'avancer ! Enfin seul l'Etat est capable d'entamer les réformes structurelles! Une concertation nationale de tous les acteurs économiques devrait être lancée rapidement pour se décider d'une manière collégiale sur les choix économiques du pays indépendamment des appartenances politiques et idéologiques. Le STOP de 2013 est le verdict d'un jugement sans appel que la politique budgétaire et économique sans réformes structurelles, sera en déphasage total avec ce que nous voulons faire de notre Tunisie. Rien n'est facile mais tout est possible et comme disait Sénèque « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, mais parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles ». Attaquons les réformes sans plus tarder nous risquons de regretter ce retard à jamais ! Mohamed DERBEL Expert Comptable