Ils étaient des millions dans la rue en Tunisie, vendredi 08 février 2013, pour rendre un dernier hommage à Chokri Belaïd, lâchement assassiné deux jours avant. Ce raz de marée humain, jamais vu auparavant, est sorti aussi pour dire aux bourreaux que le peuple solidaire refuse la violence, condamne ses instigateurs et s'oppose fermement au terrorisme. Les doigts accusateurs sont pointés en direction d'Ennahdha. Un sentiment de rejet unanime de ce mouvement s'est dégagé de l'ensemble des cortèges. Les slogans scandés par les manifestants dans les quatre coins du pays se passent de tout commentaire. Il semble que le choc salvateur est la conséquence directe du forfait commis. Qui doute encore que l'assassinat de Chokri Belaïd était prévisible ? Plusieurs indices sont annonciateurs de la menace qui pèse sur la Tunisie et de l'exécution froide inhumaine et préméditée du militant et leader du Front populaire. C'est par paliers crescendo que les commanditaires de l'horreur ont opéré. Au départ, la violence verbale a visé les médias « de la honte ». Elle a été entretenue, voire encouragée, par les pouvoirs en place, dans une tentative vaine de mettre au pas les journalistes. Combien de consœurs et de confrères ont été agressés verbalement, puis physiquement ? Parallèlement, combien d'adeptes de la violence ont été poursuivis, ou même inquiétés ? Ayant lamentablement échoué dans cette première bataille, Ennahdha et la troïka se sont tournés vers les partis de l'opposition et les composantes de la société civile et particulièrement les intellectuels, les artistes et les créateurs. Les milices, faussement appelées « ligues de protection de la Révolution » ont été lâchées, comme des hordes sauvages, pour attenter aux détracteurs et à tout ce qui n'est pas du goût des nouveaux gouvernants. Des réunions politiques ont été annulées ou perturbées. Des incitations au meurtre vissant des personnalités emblématiques ont été proférées publiquement sans que leurs auteurs soient poursuivis. A la faculté de La Manouba, comme au Palais Abdellia, les passe droit ont été affreusement maquillés, couvrant de ridicule les autorités en place. Un tour de vis a été quand même opéré à la suite de l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis. Le lynchage de Lotfi Nagdh, coordinateur de Nidda Tounes à Tataouine, par des éléments appartenant aux dites ligues et au mouvement Ennahdha, a été considéré par l'opposition comme un assassinat politique, mais nullement par les pouvoirs en place qui ont invoqué d'abord un arrêt cardiaque avant d'être lamentablement démentis par une autopsie impartiale. Mais, ni les mises en garde contre la recrudescence de la violence, ni les déboires essuyés par Ennahdha et ses associés n'ont pu arrêter la vague de menaces et d'attaques et encore moins la dissolution des milices. Parallèlement, des actes bizarres sont commis par des énergumènes dans les mosquées pour amener les fidèles à épouser leur façon de voir et de penser. Des fillettes sont entraînées dans des considérations d'adultes, avec voile et chants fustigeant les impies, les mécréants et les laïcs. Une quarantaine de mausolées et de marabouts ont été incendiés… Mais, la tentative d'imposer un modèle de société étranger aux traditions ancestrales des Tunisiennes et des Tunisiens a fait long feu. Malgré les agressions. Il est temps qu'Ennahdha se rende à l'évidence et tire les conclusions qui s'imposent !