L'Acropolium de Carthage et la Section culturelle de l'Ambassade d'Italie en Tunisie ont accueilli dimanche dernier, " La Confraternita de Musici ", une formation qui remet à l'honneur la musique baroque. Entre chants et musique, en groupe ou en solo, la splendeur de jadis a été revisitée sous le dôme de l'Acropolium... Cosimo Prontera (clavecin), Alessandro Giangrande (ténor), Raffaele Tiseo et Giovanna Rota (violons), Gianlorenzo Sarno (violoncelle), Gioseppe Petrella (théorbe et guitare baroque) et Vito de Lorenzi (percussions) sont les sept acolytes qui ont envahi la scène de l'Acropolium. Leur programme retrace l'itinéraire de la musique baroque dans l'Italie de l'entre deux siècles. En effet, les partitions interprétées dataient du XVIIème et XVIIIème siècle et l'on pouvait lire les noms de Andrea Falconieri, Giovanni Stefani, Simone Coya ou encore l'incontournable Antonio Vivaldi. Si certains noms demeurent peu connus ou méconnus, la musique, elle, était l'ambassadrice d'un siècle et la voix du compositeur. Sous les doigts des musiciens ou à travers la voix du ténor, cette musique d'un siècle révolu a livré ses subtilités et ses moments forts dans une sorte de badinerie où la légèreté apparente cachait, dans ses soubassements, la profondeur inhérente à la composition. Les musiciens ont entraîné le public dans une " fête galante " et l'on se serait cru dans les rues de Naples ou sur les grandes places des villes italiennes tant les compositions étaient ancrées dans la tradition et l'interprétation fidèle à la partition originale. Les longues explications qui précédaient le morceau à jouer dans la langue italienne (langue qui n'était accessible qu'à une partie du public et pas à la majorité), ont terni quelque peu la magie de la soirée. Malgré ce " bémol ", la musique et le chant offraient une ivresse particulière dans l'exubérance et la subtilité du baroque. " La Confraternita de Musici " a capté l'attention et a entraîné les spectateurs dans une aventure musicale où la voix aux cordes s'est mêlée pour devenir l'échappatoire vers l'ailleurs. Si " l'Embarquement pour Cythère " demeure une toile qui happe le regard et incite au voyage, notre Cythère fut, cette musique qui allie le traditionnel au classique et la mesure dans la démesure. Les sept acolytes de " La Confraternita de Musici " ont conjuré le silence par la voix, une voix qui vient de loin dont l'écho demeurera inaltérable dans les mémoires de ceux que l'Octobre Musical a accueillis un dimanche soir sur la colline de Carthage...