Promoteur hôtelier et directeur général de l'hôtel Dar Hayet, Monji Gueddas, cet enseignant converti à l'hôtellerie s'est forgé depuis une réputation d'homme sérieux et de bûcheur. Il est plein d'idées et estime dans cet entretien que le tourisme tunisien pourra faire mieux en cette période de crise. Audinet Tunisie : Comment jugez-vous la conjoncture touristique actuelle en Tunisie ? M. Gueddas : Je pense que toutes les destinations subissent les retombées de la crise mondiale. Le secteur touristique souffre de la baisse de demande des consommateurs et c'est normal que cela affecte nos marchés traditionnels. La crise a donné lieu à un véritable métamorphose du paysage touristique et à de nouvelles tendances tant au niveau de l'offre qu'à celui de la distribution et de la commercialisation. Beaucoup d'efforts sont à consentir afin de réussir à relever les défis accentués par le contexte international. Audinet Tunisie : Pensez-vous que le budget alloué à la promotion est suffisant ? M. Gueddas : Le budget actuel de 40 milliards n'est pas suffisant. Et là il faut penser à instaurer une taxe de séjour qui est actuellement appliquée dans plusieurs destinations. On pourra doubler voire tripler notre budget de promotion et conquérir de nouveaux marchés. La concurrence rude et agressive nous impose d'améliorer notre image. Audinet Tunisie : Et l'aérien ? M. Gueddas : Je pense que si nous voulons booster la destination, il faut ouvrir le ciel et multiplier les vols low cost. L'avenir du tourisme tunisien passe par le low cost. Avec la crise et le pouvoir d'achat, les touristes européens ont revu leur budget « vacances » à la baisse. Depuis quelques années, et encore plus ces derniers mois, le phénomène des compagnies aériennes à bas coût, qui proposent des prix cassés sur les destinations intra-européennes, ne cesse de grandir. Et le passager, dans tout ça ? Je pense que la perspective d'un aller Paris-Tunis à moins de 100 euros est séduisante, les vols low cost sont toujours un bon plan pour consolider les flux touristiques. Le Maroc a compris et a ouvert son ciel. Audinet Tunisie : Vous êtes un adepte du tourisme culturel. Pensez-vous que ce créneau pourra revaloriser notre destination ? M. Gueddas : L'avenir du tourisme tunisien passera nécessairement par le tourisme culturel. Ce tourisme porteur ne cesse de drainer une clientèle à forte valeur ajoutée. Le client est devenu exigeant. Il cherche des prestations innovantes à la mode et des destinations originales. Etant fan d'histoire, je pense qu'on peut créer un grand événement si on fait revenir par exemple Hannibal à Carthage. Ce retour symbolique ne manquera pas d'attirer l'attention des TO et des agences de voyage et surtout les chercheurs et les historiens pour redonner vie à ce grand personnage historique de notre pays. Cette démarche de réhabilitation de Hannibal aura un impact positif sur notre tourisme. J'étais dernièrement en France. J'étais ébloui par la côte d'Azur qui était pris d'assaut par les italiens. C'est vrai que c'est un endroit animé mais nous ne sommes pas loin pour attirer ces touristes car nous avons de belles choses à leur montrer. Audinet Tunisie : Certains hôteliers sont victimes des impayés des TO. Comment peut-on les protéger ? M. Gueddas : Il est vrai que certains TO déposent le bilan sans aviser leurs partenaires. Ce qui se répercute mal sur la trésorerie de l'hôtelier et là il faut s'employer à mettre en place une assurance risque multisectorielle pour protéger les hôteliers.