C'était le paneliste le plus pragmatique de la deuxième séance de la conférence sur la loi de sécurité financière, organisée par la CTGE, hier. Le président de l'Ordre des Experts Comptables de Tunisie (OECT), M. Ahmed Mansour, a bien défendu les intérêts de ses confrères. Le président du conseil de l'ordre a indiqué que la dite-loi est une bonne étape vers la régulation et on doit l'encourager par des recommandations au lieu de la sous-évaluer : « Il vaut mieux veiller sur la bonne application de la loi avant de la critiquer ». Cette vision optimiste a disparu avec l'avancement du débat quand M. Mansour a indiqué que la loi n'a pas amélioré la prestation des commissaires aux comptes (dont a défendu) mais au contraire elle a compliqué leurs missions par des obligations « excessives ». Le même jugement, personnel et reflétant l'opinion des confrères (selon M. Mansour) a touché la rotation des commissaires, qui « n'a pas apporter du nouveau sur la transparence ». Les misérables commissaires aux comptes !!! Le président du conseil de l'ordre des experts comptables a insisté sur la diminution des honoraires des commissaires aux comptes lors de co-commissariat, indiqué par la loi. Ce point a été surévalué lors du débat en indiquant que le fait de diminuer les honoraires par 25%, lors du co-commissariat, pénalise les experts comptables (puisque la fourchette des sociétés concernées ne concerne que les membres de l'ordre et non pas ceux de la compagnie des comptables). Cette pénalité continue, selon le président de l'ordre, via la non révision du barème des honoraires, en application depuis prés de dix ans. Ce barème, dont « les critères ne reflètent pas la valeur des missions », fait diminuer à l'état actuel les honoraires de 25% supplémentaires en basant au taux d'inflation pendant les dix ans. Un calcul fait par M. Ahmed Mansour lui amène à constater que les experts comptables désignés à exercer des missions de co-commissariat aux comptes sont pénalisés de 50%. Une approche qui ne reflète pas vraiment la réalité des choses puisque ces professionnels ne sont pas les misérables de l'économie tunisienne même si l'analyse du président peut faire l'objet d'une étude de la part du ministère des finances pour réviser le barème. Pourquoi faire des examens contradictoires ? Dans le même ordre d'idées, M. Ahmed Mansour a posé la question sur l'importance d'exiger les examens contradictoires dans le cadre du co-commissariat aux comptes. Le président du conseil de l'ordre a indiqué que ça sera plus efficace de répartir la mission entre les deux commissaires tout en prenant chacun des modules séparés pour les contrôler. Une remarque qui touche le fond du co-commissariat qui tend à renforcer et doubler le contrôle afin de chercher d'autres anomalies et points à signaler via les examens contradictoires sinon pourquoi désigner deux cabinets et engager +50% d'honoraires ? Pourquoi pas des co-commissariats pour les entreprises publiques ? Parmi les points signalés par le représentant de la profession des experts comptables, la non obligation de désignation des co-commissaires aux comptes pour les entreprises publiques ayant la même taille que leurs homologues privées. Une remarque qui semble très légitime puisque ces deux acteurs économiques partagent les mêmes spécificités et risques même s'ils ne partagent pas le même genre d'actionnariat d'où l'importance de les contrôler de la même manière afin de garantir la comparabilité et la pertinence des états financiers.