L'Institut français de Tunisie (IFT) profite, désormais et depuis le début de ce mois, d'une galerie qui dédiera, chaque année, ses cimaises à diverses expositions tant aux aspects patrimoniaux qu'à la création la plus contemporaine de Tunisie et de France. L'inauguration de cette galerie a eu lieu le 22 mai dernier avec une exposition hommage au peintre tunisien Jalel Ben Abdallah. Une sorte de rétrospective qui retrace 80 ans de création, avec des œuvres jamais ou très rarement montrées au public. L'exposition qui s'intitule «Jalel Ben Abdallah, peintre d'un seul tableau» est ouverte au public jusqu'au 13 juin à la galerie de l'Institut français de Tunisie (20-22, avenue de Paris, Tunis). «Jalel Ben Abdallah, peintre d'un seul tableau» Né en 1929 et résidant toujours dans la maison de Sidi Bou Saïd qu'il occupe depuis plusieurs décennies, Jalel Ben Abdallah est un artiste autodidacte et l'un des fondateurs de l'Ecole de Tunis. Il est l'un des maîtres tunisiens du chromatisme, sa manière reposant sur un sens suraigu de la couleur, une iconographie orientaliste qui va des fois vers des tendances maniéristes, puisant dans les scènes du quotidien pour virer parfois vers un aspect surréaliste... Son œuvre considérable comprend des miniatures, des acryliques de moyen format, mais aussi de très grand format, (sur papier kraft), des huiles, des céramiques, des dessins, pour ne citer que cela. Un double hommage est rendu, à travers cette exposition, à Jalel Ben Abdallah: à l'artiste et à l'ancien élève du lycée Carnot. «Cette exposition d'un ancien élève passé maître, dans les murs de son école, repose sur des inédits, des œuvres jamais exposées : grand format sur papier, toiles déposées dans le Fonds national des acquisitions de l'Etat tunisien et de collections privées», note dans ce sens Ridha Moumni, le commissaire de l'exposition. La collection de l'Etat comprend, entre autres œuvres, un tableau unique de J. Ben Abdallah qui renvoie à sa veine patriotique. Intitulée «Le martyr», cette huile sur bois, réalisée par l'artiste à l'âge de 17 ans, révèle sa sensibilité politique précoce. Il peint «Le martyr» à la suite des événements tragiques du 9 avril 1938. Couvert du drapeau tunisien en guise de linceul, le corps imposant du martyr occupe toute la toile et se détache, en avant-plan, d'un fond sombre. Voilà une bonne occasion de prendre conscience de notre patrimoine artistique, malheureusement, occulté lors de nos études et par la politique culturelle. Une bonne occasion, aussi, de dépoussiérer la collection de l'Etat.