Hier, on attendait monts et merveilles de la réunion du bureau exécutif élargi de l'Ugtt. Les parents et les élèves sont restés sur leur faim. Le bureau exécutif élargi s'aligne sur la position des instituteurs de boycotter les examens de fin d'année Face à la multiplication des grèves dans le pays à un rythme de plus en plus soutenu et face au discours selon lequel la direction actuelle de l'Ugtt n'a plus de maîtrise sur les syndicats généraux et les fédérations qui y relèvent depuis que les sections n'ont plus besoin de l'aval de Houcine Abassi et des membres du bureau exécutif pour décider une grève et la mettre à exécution, il était prévisible que la maison des travailleurs à la place Mohamed-Ali à Tunis ait vécu, hier, une journée particulière. L'occasion : la réunion du bureau exécutif élargi de l'Ugtt pour examiner la situation sociale dans le pays et décider, cette fois, avec la participation des secrétaires généraux des unions régionales, des mouvements à entreprendre dans les semaines à venir. Et même s'ils ne veulent pas le reconnaître et cherchent à faire passer l'image de responsables qui consultent démocratiquement leurs structures médianes, les syndicalistes approchés, hier, par La Presse donnaient l'impression qu'au niveau de la direction de la centrale ouvrière, on a pris la décision de mettre un terme «à la fuite, à l'indiscipline et à l'entêtement des nouveaux leaders qui caractérisent ces dernières semaines l'action syndicale». Selon certaines sources, «il est devenu urgent que l'Ugtt change de communication. Se limiter à dénoncer les campagnes de dénigrement, accuser certaines parties occultes sans les nommer, diaboliser les grévistes, n'est plus productif. Il faut que l'opinion publique accède aux vérités et sache que les syndicalistes ne sont pas contre les sacrifices les plus durs, mais à condition que ces sacrifices soient consentis équitablement par les différentes franges de la population». La petite phrase glissée par Habib Essid devant les députés quand il est allé leur dresser le bilan de ses 100 premiers jours de pouvoir n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. «Les augmentations des salaires que nous allons négocier pour 2015 et 2016 peuvent sauter si la situation économique actuelle persiste dans les semaines à venir», a-t-il notamment averti. Et à Slim Chaker, ministre des Finances, de prendre le relais pour annoncer : «Les salaires des fonctionnaires de l'Etat seront versés d'ici la fin de l'année en cours. Au-delà, rien n'est acquis». Toujours dans la même lancée, Ammar Youmbaii, ministre des Affaires sociales, confie : «Il faut qu'à l'avenir, les négociations salariales deviennent des négociations générales où l'Etat concède des majorations à tout le monde sur un pied d'égalité». Ce qui revient à dire : l'Etat voudrait négocier avec la direction centrale de l'Ugtt et non avec les syndicats généraux. Parallèlement et pour adoucir les ardeurs des syndicalistes, Essid annonce que le gouvernement a déjà mis en œuvre le projet de loi portant création du Conseil national du dialogue social. En d'autres termes, désormais, les négociations se tiendront à un niveau central et il ne sera plus question que le secrétaire général de la Fédération générale des instituteurs décide à lui seul de bloquer les examens nationaux sans que le bureau exécutif de l'Ugtt ne cautionne ses positions. L'escalade se poursuit Hier, les choses ont évolué à une cadence ou selon une stratégie que l'on pourrait qualifier d'orchestrée à l'avance. La réunion du dernier espoir entre les instituteurs et le ministère de l'Education n'a abouti à aucun résultat concret dans la mesure où les deux parties ont campé sur leurs positions initiales. L'échec était-il programmé ? La question mérite d'être posée sérieusement à la lumière des déclarations distillées samedi et dimanche derniers par Néji Jalloul et son porte-parole, Mokhtar Khalfaoui, qui assuraient que «les examens nationaux seront surveillés par les parents d'élèves, les administratifs et des citoyens volontaires». Quant à la correction des épreuves, Jalloul et Khalfaoui n'ont pas précisé comment elle sera assurée. Et la réunion du bureau exécutif élargi de l'Ugtt tenue, hier après-midi, d'aboutir à une position attendue de la part des syndicalistes qui veulent aller jusqu'au bout. On apprend, en effet, que le B.E. élargi «soutient la décision des instituteurs de boycotter les examens et fait endosser la responsabilité de l'échec des négociations au ministre de l'Education».