26 MD seront consacrés à l'installation de médecins spécialistes dans les régions vingt-quatre heures sur vingt-quatre C'est un exercice accordé par le règlement intérieur, plus efficace, et moins passionné que celui trop généraliste des questions au gouvernement. Il s'agit des questions orales (relativement précises) que décident de poser les élus aux ministres lors des séances plénières. Hier, quatre ministres se sont prêtés au jeu. Il s'agit du ministre de la Santé, Saïd Aïdi, du ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Zakaria Hamad, du ministre de l'Education, Néji Jalloul, et enfin de la ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, Latifa Lakhdhar. Les ministres pouvaient, selon le règlement intérieur, déléguer des représentants, mais ils ont choisi de répondre présent à l'invitation du Parlement. Batterie de mesures pour la santé C'est un Béchir Lazzem (Ennahdha) en rogne contre les disparités régionales en matière d'accès à la santé qui ouvre le bal des questions. Le député expose en effet à Saïd Aïdi des chiffres qui font froid dans le dos, ceux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la Tunisie : si en 2007, il y avait dans la capitale un médecin spécialiste pour 855 habitants, dans les régions il n'y a qu'un médecin spécialiste pour 8.980 habitants. Ce manque de spécialistes dans les régions concernerait essentiellement la chirurgie générale, la chirurgie orthopédique, la chirurgie obstétrique, la cardiologie, l'anesthésie-réanimation et la radiologie. A titre d'exemple, à Tataouine, il n'existe aucun spécialiste en chirurgie générale. Le rapport évoqué par le député indique également que jusqu'en 2011, les régions de Tataouine, Sidi Bouzid, Le Kef, Béja, Zaghouan étaient totalement dépourvues de spécialistes en anesthésie-réanimation. Dans le même temps, les coûts des soins à la charge du citoyen ont augmenté de plus de 30%. Le député nahdhaoui a déploré «l'échec des politiques de santé depuis plusieurs années» et notamment l'échec du projet de loi obligeant les spécialistes à passer par la case «régions» pendant quelques années. Le ministre de la Santé, Said Aidi, semble conscient des enjeux dans les régions, et l'avoue : «On ne trouve pas de spécialistes. Je lance un appel à vous, si vous connaissez un spécialiste prêt à travailler dans les régions je l'embauche tout de suite !». Néanmoins, et en attendant la réforme de fond du système de santé, le ministre profite de la question pour annoncer des mesures qui permettraient de réduire les inégalités entre les régions. Dans le cadre de la discrimination positive en faveur des zones prioritaires, le ministre a annoncé la création d'un «pôle d'assistants universitaire» dans ces régions. «Dans les semaines à venir, nous allons lancer le concours pour la création de ces centres», a indiqué le ministre. Un pôle qui vise à atténuer le manque flagrant de médecins spécialistes dans les régions. Le ministre de la Santé annonce aussi la création d'un fonds spécial de 26 millions de dinars qui sera prévu dans la loi de finances complémentaire. Le fonds est destiné à financer le déploiement des médecins spécialistes dans les régions «24 heures sur 24 et 7 jours sur 7». Le ministre a déclaré qu'il était d'ores et déjà en dialogue avec les différents intervenants du secteur pour établir une liste des médecins qui opéreront dans les régions. Le phosphate, toujours stratégique Alors que quelques jours auparavant il était appelé à donner des éclaircissements concernant principalement le pétrole et le gaz, le ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Zakaria Hamad, est revenu, hier, au Bardo, pour expliquer à l'opinion publique où en était le projet des phosphates de Meknessi (gouvernorat de Sidi Bouzid). La question lui a été posée par le député Ahmed Khaskhoussi (MDS), qui s'interroge sur les «raisons du blocage» du projet annoncé depuis 2012 et le sort du concours pour le recrutement de 100 employés pour le projet (comme première étape) dont les résultats n'ont pas encore été publiés. Dans sa réponse, le ministre a indiqué que le projet concerne les régions de Jebbas, Abdallah et Gourguiba, pour un coût total estimé à 100 millions de dinars avec une capacité de production de 0,5 million de tonnes de phosphate par an. A terme, le projet pourrait permettre l'emploi de 400 personnes. Selon Zakaria Hamad, les mines de Meknessi seraient riches de 20 millions de tonnes de phosphate. Le ministre a toutefois précisé que les spécificités géologiques de la région nécessitent des moyens exceptionnels d'extraction, ce qui implique une étude plus approfondie du projet, notamment, pour ne pas mettre en péril la santé des travailleurs et des habitants de Meknessi. Des inconvénients qui feront que le projet ne pourra être prêt à produire qu'à partir de la fin de 2017. « Nous avons entamé la préparation de ce projet à travers la mise en place d'un permis d'extraction en 2013, a précisé le ministre. Dans une première phase, nous procéderons, à travers la sous-traitance, à l'extraction de petites quantités afin de faire des recherches sur les possibilités d'exploitation. Dans une deuxième phase, nous ferons une étude de faisabilité économique et technique, puis dans une troisième phase nous engagerons les investissements adéquats ». Le ministre a précisé que le gouvernement, conformément aux objectifs de la première phase, a délivré un permis exceptionnel pour l'extraction de 600.000 tonnes de phosphate, accordé à une société privée suite à un appel d'offres. La Tunisie subit une concurrence féroce de la part du voisin marocain (qui vise les 50 millions de tonnes par an) et de la part des nouveaux producteurs à l'instar de l'Arabie Saoudite. Le gouvernement espère atteindre 19 millions de tonnes à l'horizon de 2021 contre 9 millions de tonnes actuellement. Quant au concours évoqué par le député, le ministre a assuré que la liste finale des recrutements a été établie et qu'elle sera rendue publique fin juin. Une partie du projet (1.000 hectares) sera bâtie sur des terrains privés, et selon Zakaria Hamad, les montants des indemnisations ont déjà été fixés et seront payés dans quelques jours. Ah l'éducation ! Le ministre de l'Education, Néji Jelloul, qui fait face depuis son arrivée à la tête du ministère à des mouvements de grève sans précédent dans le corps enseignant, a également été interpellé hier par le député Ridha Dellai (Mouvement du peuple), alors que le bras de fer continue entre son ministère et le syndicat de base des enseignants du primaire. Le député a critiqué lors de son intervention la démarche suivie par le ministère de l'Education, dans le dialogue national sur l'éducation, qu'il a qualifié d'ailleurs de «spectacle». Le ministre rétorque : «La démarche actuelle n'est qu'une première phase, puisque le comité national de réforme n'a pas encore été mis en place». «Nous sommes encore en phase de dialogue national sur l'éducation, a déclaré le ministre de l'Education. Nous avons préparé une feuille de route, tout comme l'Institut arabe des droits de l'Homme et l'Ugtt, ces documents sont simplement là pour orienter le débat et pas pour être imposés à quiconque ». Néji Jalloul est revenu dans ses propos sur les négociations avec les syndicats et a fourni à l'audience le chiffre de 1.000 millions de dinars : c'est le montant alloué aux corps éducatifs depuis 2011 sous forme d'augmentations. Néji Jalloul s'attache à ses déclarations quant à l'illégalité de la grève observée par les instituteurs. «Je n'ai pas reçu un préavis de grève signé par au moins un membre du bureau exécutif de l'Ugtt», a-t-il tenu à préciser. Sfax, capitale de la culture arabe Alors que la ville de Sfax se prépare à accueillir la culture arabe en 2016, la députée d'Ennahdha, Soulef Ksontini, a demandé à la ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, Latifa Lakhdhar, si les préparatifs allaient bon train. La ministre a assuré que son ministère suit de très près ces préparatifs notamment en termes de financement (un budget sera alloué à l'événement dans la loi de finances complémentaire de 2015). Latifa Lakhdhar a précisé qu'un comité d'organisation, composé de personnalités du monde culturel, a entamé ses travaux. « Le programme a été modifié, en décembre 2014, pour inclure l'éclairage du Ribat de Sfax et l'aménagement d'un circuit touristique, transformer l'église catholique en un centre culturel contenant une médiathèque et un théâtre, et l'aménagement de la Médina ». Pour réaliser ce programme, dont l'ambition est de faire profiter la ville de Sfax de cet événement exceptionnel, le ministère a consacré 500.000 dinars. La ministre s'est dit « choquée par l'état de l'infrastructure culturelle de la ville de Sfax ».