Le gouvernement est appelé à réagir énergiquement selon les normes diplomatiques internationales Encore une fois, les diplomates tunisiens exerçant en Libye, plus précisément au consulat tunisien à Tripoli, sont l'objet d'une opération de kidnapping orchestrée par un groupe de miliciens armés dont on ne connaît pas encore l'identité (au moment où nous mettions sous presse). Les informations qui ont circulé sur l'opération montrent que 10 agents exerçant au sein du consulat ont été pris en otage. Parmi les fonctionnaires séquestrés, figure le vice-consul. Au ministère des Affaires étrangères, c'est le branle-bas devenu malheureusement coutumier dans la mesure où une cellule de crise a été immédiatement créée dans le but de suivre l'affaire et d'entamer les contacts qu'il faut en vue de définir l'identité des auteurs de l'assaut et peut-être de négocier avec leurs représentants ou de savoir au moins quelles sont leurs revendications. En attendant que les choses se clarifient, le ministère des Affaires étrangères a publié une déclaration dans laquelle il fustige l'assaut lancé contre le consulat tunisien. On y lit notamment : «Il s'agit d'une atteinte manifeste à la souveraineté de la Tunisie et d'une violation flagrante des résolutions internationales et des règles diplomatiques qui garantissent la protection et la sécurité des fonctionnaires des missions diplomatiques et consulaires». Le ministère appelle également «les ressortissants tunisiens à différer leurs déplacements vers ce pays, sauf en cas d'extrême urgence». Les Libyens se trouvant en Tunisie «sont aussi appelés à la plus grande prudence et vigilance» s'ils veulent regagner leur pays. Une poche de tension permanente Il reste maintenant à s'interroger qui a enlevé nos diplomates et en contrepartie de quoi ils seront libérés comme ce fut le cas pour les quelque 200 travailleurs tunisiens enlevés en Libye fin avril dernier et relâchés au bout de plusieurs négociations. Les services de l'information relevant des ministères étant trop occupés pour répondre à nos interrogations, ce sont les experts qui éclairent la lanterne de l'opinion publique en se référant aux informations dont ils disposent et en faisant les recoupements nécessaires des données publiées par les médias tunisiens ou étrangers, sans oublier les réseaux sociaux. Pour Badra Gaâloul, présidente du Centre international des études stratégiques, sécuritaires et militaires, «il s'agit sûrement, même si ce n'est pas encore revendiqué, d'une riposte de la part des milices de Fajr Libya à l'encontre de l'emprisonnement en Tunisie de l'un de ses dirigeants, Oualid Glaïeb. Et dans tous les cas, le gouvernement tunisien est appelé à réagir selon les normes diplomatiques en vigueur en prenant les dispositions qu'il faut pour préserver nos diplomates et les travailleurs tunisiens en Libye contre les sautes d'humeur de ces milices». Elle ajoute : «La situation est très délicate et impose des mesures courageuses et intelligentes. Il faudrait, d'abord, instaurer un contrôle sur les milliers de Libyens qui déferlent sur nos frontières et faire le tri nécessaire quant à ceux qui rejoignent notre pays pour se faire soigner ou ceux qui s'installent à Tunis pour en faire le quartier général des opérations militaires qu'ils conduisent dans leur pays. La question s'impose d'autant plus que le mois saint de Ramadan va connaître l'arrivée de plusieurs milliers de Libyens qui ont pris l'habitude de passer le mois du jeûne en Tunisie». Badra Gaâloul attire l'attention, d'autre part, sur «ces milliers de Tunisiens qui rejoignent la Libye pour y travailler et reviennent quand bon leur semble sans être suivis par les forces de sécurité. On se comporte avec eux comme si la Libye était un pays où règne la stabilité d'antan, en oubliant que le pays voisin est aujourd'hui le fief des daechistes et de terroristes en tous genres».