Les caisses sociales gagneraient deux mille millions de dinars au cas où l'âge de départ à la retraite passerait à 65 ans. Reste la position de l'Ugtt Entre l'Ugtt et le gouvernement Habib Essid, on souffle presque quotidiennement le chaud et le froid et les Tunisiens qui suivent l'évolution des rapports entre la Kasbah et la place Mohamed-Ali ne s'y retrouvent plus. Les ministres de Habib Essid vont de leurs déclarations ou indiscrétions qu'ils distillent à doses millimétrées et les font passer sous forme de ballons d'essai en attendant la réaction de la centrale ouvrière et, pour être encore plus précis, pour voir la réaction des membres du bureau exécutif de l'Ugtt, chacun de son côté. Néji Jalloul, ministre de l'Education, heureux d'avoir réussi les examens de la 6e et de la 9e années grâce à la «mobilisation des enfants du ministère qui représentent le véritable pétrole de la Tunisie», déclare, à un rythme quotidien, que «le dialogue avec les instituteurs reprendra d'ici le début de la semaine prochaine et que les instituteurs ne boycotteront pas la prochaine rentrée scolaire même si l'examen de la sixième s'est déroulé en leur absence». Hier, un communiqué officiel du ministère a tenu à préciser que la correction des épreuves de la sixième (le concours ouvrant la voie aux lycées pilotes) sera assurée par des enseignants de la sixième. La précision était attendue pour couper court à la rumeur selon laquelle la correction serait confiée aux cadres de l'administration et aux enseignants volontaires qui ont veillé à la supervision du contrôle. La retraite à 65 ans Et les déclarations qu'on peut interpréter à souhait de se poursuivre. Hier, sur les ondes de radio Shems FM, Ammar Youmbaii, ministre des Affaires sociales, a indiqué : «Le gouvernement s'apprête à soumettre très prochainement à l'Assemblée des représentants du peuple un projet de loi proposant la prorogation de l'âge de la retraite jusqu'à 65 ans, avec l'accord de l'Ugtt. La décision est devenue impérative et les études menées par nos services montrent que les caisses de retraite (Cnss et Cnrps) sont menacées de faillite au cas où l'on ne s'accorderait pas sur une solution d'ici 2016». Le ministre estime que les caisses de retraite peuvent gagner jusqu'à 2 mille millions de dinars dans les cinq années à venir au cas où l'âge de la retraite passerait à 65 ans. Il est, toutefois, précisé que le départ à la retraite à l'âge de 65 ans ne sera, dans aucun cas, obligatoire. C'est aux fonctionnaires de la Fonction et du secteur publics (Cnrps) et aux salariés du secteur privé (Cnss) que revient le dernier mot : «Ils choisiront en toute liberté de prolonger ou de faire valoir leurs droits à la retraite», a martelé à plusieurs reprises Ammar Youmbaii. Pour les amoureux des chiffres, on note que le déficit actuel des caisses de retraite s'élève à plus de mille millions de dinars. Et ce chiffre risque d'enfler si l'on ne trouve pas une solution dans les plus brefs délais à cette «hémorragie financière des caisses où tout le monde a pioché du temps de Ben Ali et qui continue à représenter pour certains la vache laitière». Réserves syndicales Du côté de l'Ugtt, le dossier ne semble pas être à l'ordre du jour puisque l'on concentre son attention plutôt sur la grève des agents de la santé et sur les réunions des commissions administratives régionales dont la dernière a été tenue, hier, à Kasserine, sous la présidence de Bouali M'barki, membre du bureau exécutif. Contactées par La Presse, plusieurs sources syndicales au plus haut niveau de la direction de l'Ugtt préfèrent rester réservées quant à la décision finale. «Le dossier n'est pas encore clos et nous continuons le dialogue avec le gouvernement», s'accorde-t-on à répondre.