«Sonidos Blancos», spectacle de flamenco créé par l'artiste espagnol Francisco Hidalgo, présenté dimanche dernier au Théâtre de la Ville de Tunis dans le cadre de la 33e édition du Festival de la Médina. L'ambassade d'Espagne à Tunis et l'Institut Cervantès ont présenté au public du Festival de la Médina la Troupe de la Fondation Casa Patas qui a offert avec éclat sa toute première prestation en Tunisie. Devant une salle archicomble, la Troupe a présenté, dimanche dernier, un spectacle de musique, de danse et de chant alliant ardeur, charme et caractérisation, intitulé «Sonidos Blancos» (Sons blancs). L'Andalousie, une grande histoire, un patrimoine aussi riche que varié, a engendré le flamenco ; un art multiculturel, fruit d'une fusion entre des influences arabe, juive, chrétienne et gitane. «Il renferme aussi et surtout les trois mémoires de l'Andalousie, mêlées de façon inextricable : la musulmane, savante et raffinée ; la juive, pathétique et tendre ; la gitane enfin, rythmique et populaire», écrivait Sophie Galland, dans Le Courrier (1993). C'est cette diversité-là, aux parfums et aux sons pluriels d'une culture plurielle savamment agencés, mitigés puis révélés, que nous avons pu apprécier lors du spectacle de flamenco «Sons blancs», qui donne à voir, à entendre et à ressentir, au plus profond de soi, l'âme du flamenco; et sa lueur qui irradie nos sentiments, nos douleurs, nos joies et nos rêves. Des artistes espagnols confirmés, pleins de grâce et de ferveur : Francisco Hidalgo ( Bailaor), Esther Esteban (Bailaora), José Almarcha (guitare) et El Pola (chant)se sont retrouvés dans une volonté commune: faire vivre le flamenco sur les planches et inviter le spectateur à mettre ses pas dans ceux des «bailaoras» . Avec sa guitare flamenca, José Almarcha insufflait la rythmique à l'ensemble d'une manière sensible et délicate, donnant le ton au chant, à la danse, laissant surgir ainsi les forces vives de chaque membre du groupe. Les sons de sa guitare se succédaient, parfois languissants et sensuels, parfois enflammés et forts, mais toujours séduisants et réfléchis. C'est là qu'un duo infernal — Francisco Hidalgo (Bailaor), Esther Esteban (Bailaora) dont on sent dès les premières notes la puissance — fait son entrée sur scène. Francisco Hidalgo, vêtu d'un costume noir, Esther Esteban, elle, portait une robe traditionnelle de flamenco rouge à volant noir; ils commencent, tout d'abord, une danse assise enlaçant la guitare avec une grâce infinie. Puis les tableaux de danse se succèdent, en duo ou en solo, où chacun d'eux nous entraîne à sa manière dans la transe de la passion ; tous deux enflamment la scène avec leurs extraordinaires taconeos (claquements de talon). Alors que les mains claquent aux rythmes de la guitare et de la voix rauque et puissante d'El Pola. Tour à tour portés par les accords de la guitare, les danseurs avancent dans un crépitement de talons, les pieds martèlent le sol dans un rythme effréné, tandis que les bras lacèrent l'espace. Les mouvements s'enchaînent dans une chorégraphie révélant toute une palette d'émotions. Magnifique Francisco Hidalgo, il déploie beaucoup d'énergie et de sensualité virile dans sa danse. Il scande l'espace, le remplissant de lignes somptueuses, tout en traçant dans la mémoire du public des instants jubilatoires et inoubliables. Ainsi, se sont incrustés dans nos souvenirs les pieds magiques des danseurs, qui nous ont entraînés dans une plongée au cœur du mouvement et du son flamenco. Une standing ovation méritée !