Les footballeurs d'élite ne bénéficient plus de véritables vacances pour récupérer. Attention, il y a danger ! Le terme de Stakhanoviste s'applique de mieux en mieux aux footballeurs tunisiens d'élite. Il leur arrive certes de marquer une longue pause en plein hiver au moment où ailleurs le rythme s'accélère, notamment en Europe. La cadence n'est pas régulière sur la durée d'une saison, mais lorsqu'il s'agit d'observer le fameux repos du guerrier, on voit notre élite redoubler d'efforts et de sollicitations. Ultime paradoxe des calendriers nationaux et africains : il n'y a plus vraiment d'intersaison tellement les saisons se chevauchent, se rejoignent et s'interpénètrent, l'une constituant le prolongement de l'autre. Le championnat de Ligue 1 s'est terminé le 17 mai dernier, soit largement dans les délais, alors que la suite de la Coupe de Tunisie a été renvoyée aux calendes grecques. Depuis, l'élite n'a pas chômé : coupe de la confédération pour le quatuor majeur, puis pour trois clubs parmi eux, éliminatoires du championnat d'Afrique des nations réservé aux joueurs locaux, éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations, ceux des Jeux olympiques pour les moins de 23 ans... le foot n'a pas arrêté ses droits. Des suppléments imposés par le calendrier de la confédération africaine, aussi bien pour les clubs que pour les sélections, font qu'aujourd'hui beaucoup de joueurs vont bientôt engager une nouvelle saison sans avoir bénéficié d'un véritable repos, devant se contenter de tout juste trois ou quatre jours de pause par-ci, trois ou quatre autres par-là. Deux tours de coupe de la CAF attendent l'élite au mois de juillet. Ensuite, ça va redémarrer : 4 et 5 août, les huitièmes de finale de la Coupe de Tunisie édition 2014-2015; 16 août, les quarts. Le championnat 2015-2016 repartira le 12 ou le 16 septembre. Aucune réflexion sérieuse Les instances internationales ne restent pas sourdes aux risques induits par ces calendriers démentiels, mettant l'accent sur le nécessaire repos dont doit bénéficier le footballeur professionnel. Avec cette compétition à outrance, personne ne parle chez nous de la cascade de blessures qu'elle provoque. La dernière saison, on aura ainsi assisté à un record de graves blessures (de nombreux cas de «croisés», entre autres) sans que le phénomène, insolite, n'émeuve trop les dirigeants de la fédération et des clubs ou n'invite à une étude ou réflexion sérieuse. A l'heure d'établir le calendrier général de la prochaine saison, les fédéraux seraient bien inspirés d'intégrer tous ces paramètres de telle sorte qu'on puisse échapper à deux excès dangereux : d'un côté, trop de matches et repos insuffisant (en L1, notamment dans les grands clubs, principaux pourvoyeurs des sélections), de l'autre, très peu de matches et un interminable chômage forcé (en L2 dont le championnat se termine pour la majorité des clubs au mois de... mars). Est-il si difficile que cela de trouver le juste équilibre?