La Sncft affiche, malgré une situation très difficile, un semblant de normalité. Le nouveau matériel roulant, acquis ces dernières années, lui a permis d'assurer à ses clients de la banlieue sud et de l'intérieur (sur certaines lignes) une meilleure qualité de services et plus de confort. Toutefois, il est bon de noter que tout ce travail ne s'est pas fait sans douleur. Aujourd'hui, les connaisseurs sont inquiets devant la persistance de ces difficultés et craignent le pire. Leur diagnostic est sans appel : des mesures très urgentes s'imposent. Les autorités de tutelle ont, certes, commencé à prendre les choses en main grâce à un plan de restructuration et d'assainissement à l'instar d'autres grandes sociétés comme la Transtu, Tunisair, etc. Bien du travail attend ceux qui veillent à la destinée de cet opérateur national. Il y a lieu de signaler, aussi, que la Sncft fait face depuis la fin de 2010 à des obstacles sans cesse croissants... . Aux problèmes structurels devenus plus complexes qu'auparavant, sont venus s'ajouter ceux d'ordre conjoncturels. La gestion n'est, donc, plus une sinécure. La situation financière se dégrade en raison de plusieurs facteurs. Les recettes sont en baisse, les charges, notamment salariales, au contraire, sont en hausse avec l'insertion et la titularisation de près d'un millier d'agents appartenant à la sous-traitance. Sur ce point, on estime que ces agents ne peuvent pas être d'un apport certain pour la société, vu leur inadaptation aux profils requis. C'est une charge supplémentaire lourde et une perte sèche, selon des observateurs. Pour sa part, le recrutement qui a été effectué ces toutes dernières années, se base, surtout, sur le côté social et non le côté technique ou la compétence... La question de la relève se pose, ici, avec acuité. Beaucoup d'anciens ont des craintes fondées sur la continuité de leur société. Qui va prendre la relève dans les prochaines années si un encadrement efficace des nouvelles recrues n'est pas envisagé et si un plan de relève n'est pas mis sur pied ? C'est, peut-être ce qui expliquerait la baisse de la productivité. En outre, les cheminots mis à la retraite (on compte près de 1.000 agents) ne sont pas remplacés. Du coup, ce sont des spécialités entières qui vont disparaître. C'est le cas, par exemple, du métier d'ingénieur, d'informaticien, de technicien de la voie, etc. A tout cela, on peut ajouter l'absence quasi-totale d'incitations pour attirer les meilleures compétences et les meilleures têtes pensantes. En effet, les diplômés confirmés et reconnus se tournent, davantage, vers le secteur privé pour les motivations matérielles qu'il propose et les conditions satisfaisantes pour l'avenir de leur carrière. On ne finira pas l'inventaire de ces dysfonctionnements sans évoquer l'instauration d'un climat d'indiscipline et la montée en flèche des mouvements de revendications dans tous les corps de métiers et dans toutes les régions. Et, pourtant, la Sncft continue à s'acquitter plus ou moins de sa tâche contre vents et marées. Elle assure, comme d'habitude, le transport d'environ 5 millions de voyageurs/an sur les grandes lignes et près de 32 autres millions sur la ligne de banlieue. Ses autres activités consistent dans le transport de conteneurs et du phosphate. Les recettes représentent plus de 45 millions de dinars pour les voyageurs, près de 16 M.D pour le fret et 15 M.D pour le phosphate. Les grandes perturbations enregistrées dans ce domaine n'ont pas contribué à alléger le fardeau. De plus, la concurrence «déloyale» du transport de ces minerais par camion demeure une incongruité que les spécialistes n'arrivent pas à comprendre ni à admettre. Or, ces activités représentent les deux tiers des ressources de la Sncft. L'autre fléau, celui de la resquille, se généralise tant sur les lignes de banlieue que sur les grandes lignes. La recette sur certaines lignes atteint, à peine, mille dinars pour 8 trains assurés quotidiennement ! De la sorte, les résultats du trafic restent très loin de celles réalisées en 2010. Et, ceci, malgré les taux d'occupation des trains.