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Etat islamique, ce monstre qui n'est qu'un pion...
Commentaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 07 - 2015


Par Raouf SEDDIK
Le problème du complotisme, c'est qu'à pousser de façon excessive et systématique une logique particulière, on finit par ne plus apercevoir ce qu'il y a de réellement pertinent et d'intéressant dans certaines hypothèses qui semblent en relever. L'autre problème, c'est que les explications proposées sont toujours à la limite du viol intellectuel tant elles puisent dans les ressources de la rhétorique et de la sophistique.
A l'inverse de la tendance qui prévaut chez beaucoup, on ne tentera pas ici de forcer l'intelligence de quiconque. L'art de convaincre, dans le respect du jeu de la raison et de ses libres assentiments, est certes un art méprisé de nos jours, mais c'est pour nous un motif supplémentaire de le cultiver et d'essayer d'en partager le plaisir.
Depuis quelque temps, on entend dire çà et là que les Etats-Unis, plus grande puissance militaire de la planète, se gardent bien d'user de toutes leurs forces quand il s'agit de frapper l'organisation de l'Etat islamique. On en conclut rapidement que cet Etat islamique est leur invention, lancé sur l'arène géopolitique pour servir d'épine dans le pied de certains pays qui se montrent décidément peu disposés à se soumettre à la loi de la Pax americana. La Syrie de Bachar Al-Assad, par exemple. L'Iran aussi, qui aurait toutes les raisons de craindre l'expansion à ses frontières de cette puissance farouchement anti-chiite.
Des avantages évidents
Le fait que l'organisation de l'Etat islamique arrange quelque part les affaires des Etats-Unis, et de ses alliés dans la région qui partagent la même hostilité à l'égard des deux pays cités — la Syrie et l'Iran — ne suffit pourtant pas pour affirmer que c'est une invention américaine. Une explication moins hasardeuse consisterait à dire que l'administration Obama a adopté depuis longtemps une stratégie moins offensive dans le règlement des conflits et que, d'une façon générale, elle préfère apporter un appui aux pays directement menacés plutôt que de s'exposer en tant que belligérant principal en prêtant le flanc à des actions de représailles. En l'occurrence, elle va soutenir les pays qui sont ses alliés et laisser se débrouiller ceux qui ne le sont pas.
Mais l'existence de l'organisation de l'Etat islamique présente en général d'autres intérêts pour les Américains. De telle sorte qu'il est peut-être permis, oui, de penser qu'au-delà de cette retenue dans leurs interventions armées, il y a certaines mesures qui tendent au contraire à le laisser prospérer, à lui en fournir les moyens de façon plus ou moins dissimulée... Quels intérêts ? Tout d'abord, l'organisation de l'Etat islamique est une organisation rivale d'Al-Qaïda, qui l'a en grande partie éclipsée, surtout auprès des candidats jihadistes. Or elle a davantage le souci de son expansion territoriale dans la région du Moyen-Orient que de s'acharner à commettre des actes terroristes contre les Etats-Unis et leurs alliés dans le monde. En laissant l'organisation de l'Etat islamique s'imposer comme le principal protagoniste en matière de jihad, on déplace donc la ligne de front vers l'intérieur des pays musulmans, en tant qu'horizon de reconquête de la «khilafat». C'est un véritable retournement de situation qui est visé, en réalité : auparavant, les régimes dictatoriaux produisaient en leur sein les germes du terrorisme et Al-Qaïda se chargeait de convertir ces germes en éléments actifs qu'elle envoyait très souvent dans des missions en dehors du monde musulman. Il s'agit pour les Américains, et pour leur alliés aussi, d'abord de faire en sorte que ces régimes tombent et, ensuite, de mettre les pays musulmans en situation de gérer par leurs propres moyens et sur leur propre sol les conséquences de ce terrorisme. L'avantage de ce retournement de situation est tellement énorme qu'on se demande pourquoi ceux qui en profitent ne s'arrangeraient pas pour en prolonger la durée.
Course contre la montre
Nous avons dit que l'organisation de l'Etat islamique servait à affaiblir des pays hostiles, ou du moins à les mettre dans des positions périlleuses... Positions, notons-le, qui sont propices à des négociations en position confortable... Songeons aux discussions entre Washington et Téhéran au sujet du nucléaire. Ou à celles qui se profilent à l'horizon avec le régime syrien au sujet d'un accord de paix avec les factions insurgées qui sont en dehors de la mouvance jihadiste. Il faut ajouter que la guerre menée dans les pays musulmans contre le jihadisme va pouvoir bénéficier d'un soutien occidental, mais d'un soutien conditionné. La condition, c'est la démocratie, c'est-à-dire la mise en place de gouvernements qui associent divers courants politiques, diverses communautés ethniques ou confessionnelles... Ce type de pouvoir représente en effet la structure de base de toute alliance durable avec les Etats-Unis et leurs alliés. L'exemple de la Libye est éloquent de ce point de vue : soit les différentes factions actuellement en conflit acceptent de gouverner ensemble, soit cette province de l'Etat islamique qui s'est installée à Syrte va grossir et menacer de les engloutir tous deux. L'aide américaine est prête, mais dès que les frères ennemis de Fajr Libya et du gouvernement de Tobrouk auront décidé de travailler et de se défendre ensemble... Là encore, par la menace qu'il exerce sur les pays musulmans, l'Etat islamique se révèle être une sorte d'allié objectif des Américains, qui se servent de lui pour monnayer l'aide qu'ils vont apporter à la lutte contre lui. Bien sûr que le prix à payer, soit la démocratie, n'est pas ce qui peut arriver de pire à des pays arabes qui ont si longtemps souffert de ces régimes abjects que sont les dictatures. A condition toutefois qu'ils sachent reprendre à leur compte cette liberté politique retrouvée et qu'ils la transforment en un projet audacieux...
L'Etat islamique est conscient de l'utilisation qui est faite de lui. En un sens, il se prête au jeu. Mais il y a une course contre la montre qui se joue et, comme le monstre de l'apprenti sorcier, il tente de mettre à profit cet intérêt qu'on lui trouve pour se doter des attributs d'une existence autonome et, également, de l'invincibilité... Les Américains ont déjà favorisé la genèse d'Al-Qaïda pour venir à bout des Soviétiques en Afghanistan. Cela leur a valu un 11 septembre et bien d'autres opérations meurtrières. Sont-ils si sûrs que le nouveau monstre dont ils ont fait leur pion ne va pas se dresser contre eux lui aussi ? L'Histoire nous le dira.


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