Chez les gros budgets, les appels du pied se multiplient. Car, dans l'esprit de leurs supporters, par leur histoire, leur organisation et leur puissance financière, ces mastodontes n'ont pas le droit de rétropédaler ! Alors, il est bon ou il est néfaste, ce marché estival ? C'est le débat du mois. Engagé et enragé, comme d'habitude ! Mais bon, cessons d'être naïfs. Volet joueurs locaux de notre bonne vieille Ligue 1, la grande braderie estivale sert d'abord les plus riches. On en profite pour souffler des éléments prometteurs aux clubs formateurs point barre ! Et ces derniers, saignés en été, se rabattront par la suite sur le mercato d'hiver pour réajuster leur effectif après une entame de championnat catastrophique (vous y comprenez quelques chose?). Donc, théoriquement, les «petits budgets» se tirent une balle dans le pied en été et «piochent» au petit bonheur la chance en hiver. Sauf que ces derniers, aux abois, n'ont pas les moyens de leurs ambitions. Ils recrutent, la plupart du temps, dans l'urgence et à moindre prix des joueurs au CV et aux qualités très incertains, qui servent trop souvent de faire-valoir. Les entraîneurs, quant à eux, s'ils n'arrivent pas sur le tard, une fois le mercato clos, doivent composer avec des joueurs qu'ils ne connaissent pas. C'est dire la chance de disposer d'un technicien reconduit à l'intersaison. Daniel Sanchez en l'occurrence, et ce, en dépit de toute l'incertitude qui entoure le mercato. Car, parfois, le technicien ne sait pas si le groupe avec lequel il débute sa semaine de travail commencera le match (amical) du week-end à venir ! Hors de prix ! Le mercato est devenu un grand bazar où des dizaines de noms sont cités et annoncés chaque jour. Signature imminente, accord de principe, pourparlers qui achoppent...Reste plus qu'à apposer sa «griffe» sur le bas du contrat. Mais là, coup de théâtre, le cheminement n'est plus le même. La cote du joueur varie de jour en jour, les surenchères perturbent le plan de carrière tracé. Bref, rien n'est acquis et on peut passer du simple au double (exigé) en un claquement de doigts ! Au CA, l'éventuel recrutement de Yoann Touzghar est révélateur de tout ce tintamarre. Le Lensois est certes une cible potentielle mais il est hors de prix ! Car on croit savoir que dans le genre «tout et n'importe quoi», le CA est dorénavant immunisé. Plus de place aux achats impulsifs quoiqu'en football, les coups de cœur soient nombreux. Il n'est pas ici question de viser juste les «soldes d'été», les joueurs placés en tête du hit-parade par des agents peu scrupuleux, voire de succomber à un «prix d'appel» pour un joueur en mal de reconnaissance et de visibilité (pas encore assez «bancable» comme on dit). Mais de réaliser un savant dosage. Pour que la mayonnaise prenne à terme. Pour que l'alchimie opère sur le terrain. Car monter un groupe formé uniquement de «galactiques» n'est pas forcément un gage de succès. Le football est tout d'abord un jeu collectif. Il ne repose pas uniquement sur les qualités intrinsèques des individualités qui compose le onze sous la main. Dos au mur Cependant, si temporiser, relativiser et réévaluer avant de s'engager est de toute évidence légitime avant de casquer,il est aussi important de ne pas «tomber» dans l'immobilisme ! L'irrésistible attirance pour le repli sur soi. Cette envie farouche de, surtout, ne toucher à rien ! Seulement, la roue tourne. La conjoncture n'est tantôt plus la même. Et c'est pour cela que les cessions sous forme de prêt sont là pour boucler la boucle. Tout le monde y trouve son compte. Le joueur en mal de temps de jeu dans son club, qui n'a d'autre solution que d'aller chercher son bonheur ailleurs. Parce qu'il ne s'entend pas avec son nouveau coach, parce qu'il n'a absolument pas le profil dans le nouveau schéma de jeu, parce qu'il y a un monstre indéboulonnable qui joue à sa place...Si le foot est une science, c'est une science humaine et l'homme, comme la nature, a horreur du vide. Le joueur mis à l'écart (enfin, c'est toujours ce qu'il croit, puisque son coach lui répète chaque jour qu'il a et aura besoin de tout le monde et donc de lui) peut aussi avoir des échéances importantes à venir. Ce qui ne lui donne plus qu'un choix, celui du départ ! Le processus en question s'accélère grâce aux bons offices des agents, intermédiaires en tous genres, rapaces et gourmands, parfois plus enclins à faire capoter une affaire qu'à assurer le bon déroulement de la transaction, et ce, pour des raisons purement mercantiles et spéculatives. On privilégie de plus en plus le projet financier au détriment du projet sportif. N'est-ce pas Picasso (Darragi) ? Ce stratège repêché de Sion par un exécutif «sang et or» à visage humain avant tout. Mais bon, c'est la dure loi du marché des transferts. Implacable et sans appel via un mercato dont l'essence et l'existence reposent sur deux principes : faire partir des joueurs d'un club ou en enrôler. Parfois, le club y trouve son compte, parfois, c'est le joueur...A l'heure actuelle, chez les gros budgets de la Ligue 1, les appels du pied se multiplient tout en espérant ne pas se tromper de cible. Car, dans l'esprit de leurs supporters, par leur histoire, leurs organisations respectives, leur puissance financière, ces mastodontes n'ont pas le droit de rétropédaler !