Si l'Etoile va s'en mettre plein les poches, les Qataris nous en mettent plein la vue ! Le passage surmédiatisé de Youssef Msakni à Lekhwiya était le sujet favori de certains bookmakers. Or, avec le transfert pharaonique de Baghdad Bounedjah à Al Sadd, le sujet est en passe de se banaliser, même si les sommes ahurissantes mises sur la table ont de quoi donner le vertige et, encore une fois, défrayer la chronique. C'est qu'on brasse décidément large dans le microcosme de la sphère footballistique. «Mon entreprise ne connaît pas la crise». Oui, le foot, cette industrie qui penche de plus en plus vers le show-business, échapperait-il à la crise économique? Assurément. Car si la majorité des clubs traversent régulièrement des zones de turbulences, le marché global des transferts en Tunisie ne s'est jamais aussi bien porté que depuis quelques années. Il est vrai toutefois que certaines associations ont la chance de bénéficier de la manne providentielle d'hommes d'affaires à la surface financière considérable. Cependant, même si l'argent coule à flots via un trop-plein de liquidités, les clubs essayent de temporiser et de s'en tenir à la stratégie mise en place. Si généralement, le mercato d'hiver, ce marché d'appoint, n'est là que pour affûter son onze, ces jours-ci, nous sommes dans le vrai du vrai ! L'été et son marché caniculaire où les mouvements de joueurs vont s'accélérer pour atteindre un pic à la pré-date butoir. En hiver, les clubs réfléchissent à deux fois avant de recruter. Les mouvements de joueurs de très haut niveau sont extrêmement rares en cette période, car rares sont les joueurs à pouvoir être qualifiés pour jouer la seconde phase de la reine des compétitions continentales. Les clubs qui bougent le plus sont les clubs en difficulté. Aussi, volet flux sortants, précisément chez les prétendants, on n'est pas ouvert et enclin à vendre ses meilleurs joueurs en cours de saison, mais plutôt en été. Ce qui nous ramène tout droit au transfert record de Baghdad Bounedjah vers le pays des pétrodollars. Démesure Là où ça épate, éblouit et impressionne pour certains, offense et provoque pour d'autres, c'est l'avenir (à court terme) incertain du buteur algérien au sein de la formation d'Al Sadd. Avec cinq éléments étrangers aussi galactiques les uns que les autres, à la démesure d'Al Sadd, les Qataris en mettent plein la vue. Avec le recrutement de Bounedjah, l'Etoile s'en met, quant à elle, plein les poches. Chacun y trouve son compte. Jusque-là tout va bien. Mais là où les Qataris repoussent les limites de l'acceptable et de l'impensable est en rapport avec les tests de niveau (et non d'usage) que devra subir l'ex-«serialbuteur» étoilé. Bounedjah jouera tout simplement sa place avec Al Sadd au cours de ce mois. Un joueur étranger va passer à la trappe parmi le quintette en compétition. Spéculation Plus encore. Sachant qu'une de ces places est réservée à l'Ibérique Xavi Hernandez, c'est un quartette qui devra en découdre pour une place au soleil. Rappelons que Bounedjah est en concurrence avec Nadhir Belhaj, Lee Young So et le Brésilien Moriki. Et si l'attaquant «carioca» tape dans l'œil des recruteurs qataris, Bounedjah sera tout simplement cédé à titre de prêt ! Une option à ne pas écarter, un possible scènario qui aurait de quoi offenser (vu la valeur et la cote du joueur), ce qui ramènerait le niveau général de notre sport roi à sa juste valeur (retour sur terre), sans tapage, sans ambages, mais rien qu'en comparant et en appréciant ce fossé et cet écart qui se creuse... Car, Al Sadd n'est pas à la recherche de joueurs en quête de relance, mais a surtout ciblé des éléments confirmés. Maintenant, et de là à parler d'un Bounedjah parti pour rester (à l'Etoile), il n'y a pour l'instant que des spéculations qui entourent l'avenir immédiat du joueur. Un fait est certain: Bounedjah a marqué la Ligue 1 tunisienne de son empreinte. Rien que pour ça, il alimentera toujours les discussions des puristes. Manque d'audace et de flair Beaucoup de rumeurs, mais finalement peu de mouvements jusque-là. Le mercato tunisien présente pour l'instant un encéphalogramme quasi plat ! C'est que le moindre mouvement, à ce stade du mercato, est soumis à une longue et intense réflexion (jusque-là). Certains ne souhaitent acheter qu'après avoir vendu. Par souci d'équilibre financier ? Par manque d'audace et de flair? Les clubs ne veulent pas prendre de risques financiers (ce qui est compréhensible), mais ne veulent pas non plus faire de paris sur de jeunes prometteurs évoluant en Tunisie ou à l'étranger. Il y a bien quelques coups, de temps en temps, mais ils sont généralement marginaux et marginalisés (à titre d'exemple, Diakité et Cissé au CSHL). Pourtant, de belles affaires, il y en a à tenter ! Et après, que l'on ne vienne pas nous dire que tout le monde attend la bonne affaire, l'affaire du siècle. Or, personne ne se précipite quand le jeu en vaut la chandelle. Quand ça vaut le détour! C'est qu'actuellement les colonnes des transferts de joueurs de football sont un peu comme les «indiscrétions» des magazines people et les échos des hebdos politiques : des lignes que l'on parcourt avec gourmandise, essayant de démêler le vrai du faux ! Même le discours ne cadre pas toujours avec la pratique. Regardez le Stade Tunisien. Un club immense. Grand par son histoire. Or, les exécutifs qui se sont succédé depuis quelques années ont peiné pour tenter de nourrir un palmarès anémié par plusieurs saisons de disette. Actuellement, ils ne sont même plus disposés à mettre de nouveau la main à la poche... C'est le cas de la grande majorité des clubs de L1, peu ou pas du tout armés financièrement pour attirer les pointures et autres joueurs «bankables». Au mieux, ils épingleront quelques jokers en mal de reconnaissance et de temps de jeu.