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Des ressources à valoriser
Les aménagements hydrauliques de la haute vallée de Mejreda
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 07 - 2015

Parmi les lacunes constatées, l'absence de tout ouvrage hydraulique dans la zone s'étendant de Ouchtata près de la frontière algérienne jusqu'à la ville de Jendouba
Les impacts négatifs des crues récurrentes que connaît la vallée de Medjerda traduisent des lacunes évidentes dans l'approche hydraulique menée jusqu'à ce jour. La maîtrise de la mobilisation de l'eau doit être totale et aucune défaillance ne doit être tolérée. Malgré les efforts fort louables faits par les pouvoirs publics depuis l'indépendance pour une meilleure maîtrise de l'eau et le grand intérêt accordé à la vallée de Medjerda, nous pensons que beaucoup peut encore être fait pour arriver à une maîtrise totale des écoulements de l'oued Medjerda et ses différents affluents.
Parmi les lacunes constatées, l'absence de tout ouvrage hydraulique dans la zone s'étendant de Ouchtata près de la frontière algérienne jusqu'à la ville de Jendouba, quand on sait que c'est une zone humide, qu'elle est traversée par une multitude de cours d'eau et que le potentiel hydraulique annuel de cette région peut être estimé à plus de 200 millions de m3 non encore exploité de manière judicieuse. D'autre part, l'absence d'ouvrages hydrauliques a eu pour conséquence la non-maîtrise des écoulements hydrauliques et donc leur impact négatif sur les établissements humains, surtout lors des épisodes de grandes crues comme celui qu'a connu la ville de Bou-Salem ; sans oublier que les ouvrages hydrauliques pourraient jouer un double rôle positif, celui de la protection des villes contre l'action dévastatrice des crues, d'une part et contribuer au développement agricole de la région, d'autre part.
La ressource eau est sans doute la ressource naturelle la plus vitale et la plus précieuse. Elle le sera encore davantage dans un avenir proche avec l'accroissement des besoins en eau en milieu urbain (consommation domestique et industrielle) et davantage en milieu rural (irrigation). D'où la grande nécessité de la préserver quantitativement et qualitativement et d'en faire le meilleur usage possible.
Les régimes hydrologiques, y compris dans la région de Ghardimaou sont très variables d'une année à une autre d'où des irrégularités des apports en eau de surface. Avec le réchauffement et les dérégulations climatiques, la situation risque d'être plus alarmante avec des précipitations plus aléatoires et des risques d'affaiblissement des niveaux d'écoulement des eaux dans les cours d'eau, des crues torrentielles sporadiques et imprévisibles ainsi que des épisodes de sécheresse interannuels plus ou moins prononcés. Le potentiel en eau risque de ce fait de diminuer de façon significative. D'où la nécessité de multiplier et de rationaliser les actions de mobilisation et de maîtrise des écoulements des eaux de surface et de multiplier les ouvrages hydrauliques qui sont une composante essentielle de notre environnement dès lors que l'on souhaite utiliser et contrôler les ressources en eau naturellement disponible. La conception de ces ouvrages, le choix de leur implantation, la définition de leur mode d'interaction avec l'eau sont autant d'éléments qui doivent être étudiés avec soin pour maximiser leurs performances tout en limitant les impacts négatifs sur l'environnement naturel et humain.
Cela dit, nous pensons qu'une action d'aménagement hydraulique de grande envergure dans la haute vallée de Medjerda est urgente à mener pour le grand bien de la région et de la nation. Un projet de gestion de l'eau par bassin versant constitue une approche novatrice qu'il convient d'explorer. Le bassin versant de la haute vallée de Medjerda s'y prête naturellement. Un schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux du bassin versant de la haute vallée de Medjerda doit préciser les actions d'aménagement à mettre en œuvre. Un projet de gestion intégré doit tenir compte de tout ce qui se passe dans le bassin versant et qui peut avoir un impact sur la ressource eau incluant autant les activités naturelles que les activités humaines.
Nous suggérons la programmation des actions suivantes :
Les barrages-réservoirs
Les barrages-réservoirs permettent de contenir une bonne partie des précipitations que reçoit le territoire concerné et d'éviter l'inondation de la plaine de la haute vallée. Trois barrages-réservoirs seront édifiés sur les cours d'eau d'Oued Mliz, Oued El-Jorf et Oued Soufi. Les objectifs assignés à ces barrages sont les suivants :
— Permettre la création de périmètres irrigués d'une superficie totale de 5.000 ha ;
— L'écrêtement des grandes crues ;
— La protection des villes de Jendouba et Bousalem des inondations lors des épisodes de grandes crues ;
— Contribuer à l'amélioration de la qualité paysagère de la région, ce qui constitue un élément attractif supplémentaire susceptible de favoriser le tourisme écologique et de découverte.
Les sites d'implantation des trois barrages (mliz, Al-Jorf et Soufi) devront être choisis avec un grand soin. La capacité de retenue de chaque barrage est fonction du volume d'eau écoulée dans le cours d'eau et ses affluents, volume qui dépend de la superficie du bassin versant, du type de végétation, de la nature du sol, de la quantité annuelle de la pluviométrie, de sa fréquence et de son intensité.
C'est sur un volume total de retenue de 120 millions de m3 qu'il faut raisonner soit :
— Oued Mliz : 60 millions de m3
— Oued El-Jorf : 30 millions de m3
— Oued Soufi : 30 millions de m3
40 millions de m3 issus des barrages peuvent être mobilisés annuellement. Leur destination sera comme suit :
— 28 millions de m3 pour l'irrigation de 5.000 ha, soit 70% du volume
— 10 millions de m3 pour la consommation d'eau potable de 120.000 habitants (25%)
— 2 millions de m3 pour les besoins de l'industrie (5%).
L'édification simultanée des trois barrages dans une approche intégrée permettra d'atteindre les résultats suivants :
— Assurer une régularité des apports en eau. La pluviométrie enregistrée dans les bassins versants des 3 cours d'eau peut être différente d'une année à l'autre. La création d'un dispositif commun permet de pallier cette irrégularité ;
— Cette intégration permet d'effectuer des opérations de vidange partielle ou intégrale permettant l'examen technique du barrage. Les opérations de vidange seront planifiées à tour de rôle pour ne pas trop perturber les approvisionnements d'eau ;
— Un bassin collecteur permettra le mélange des eaux issues des trois barrages, ce qui permet d'aboutir à une eau présentant les mêmes propriétés physico-chimiques.
Il faut garder à l'esprit que ces nouveaux ouvrages hydrauliques viennent compléter le dispositif des barrages mis en place dans la région et aboutissent à une maîtrise hydraulique des cours d'eau du bassin-versant de Medjerda dans sa partie amont, ce qui permet, après achèvement des travaux, une mobilisation et une maîtrise presque totale des eaux de surface de la vallée de Medjerda limitant ainsi de façon drastique les risques d'inondation qui hantent les riverains de l'oued Medjerda et particulièrement les habitants de la ville de Bousalem.
Le choix technique du type de barrage se fera au terme d'une analyse experte de tous les paramètres qui entrent en ligne de compte dans les études de faisabilité de tout ouvrage hydraulique. Cela dit, la construction de nouveaux barrages doit prendre en compte tous les impacts possibles (environnementaux, humains, agricoles) en amont et en aval du projet tout en reconnaissant les droits des habitants riverains et les faire bénéficier en priorité des retombées positives de l'ouvrage en mettant en place des mécanismes d'indemnisation et de compensation. Les habitants riverains ne doivent pas être exclus du projet soit au moment de son édification, soit après achèvement des travaux. Ils doivent, au contraire, être concernés pour vivre en symbiose avec la présence du barrage.
Ainsi, au niveau de la conception, la volonté d'optimisation sera exprimée à travers les choix économiques et techniques avec :
— Un dimensionnement des ouvrages pour le long terme et en tenant compte des différents accidents naturels (sécheresse prolongée, crues exceptionnelles, risques sismiques) ;
— Une meilleure exploitation et gestion de la ressource et une gestion optimale de la livraison de l'eau.
Au niveau de la réalisation :
— Réalisation des ouvrages en vue d'obtenir une infrastructure fiable et peu onéreuse en exploitation en utilisant les technologies les plus adaptées et les moins onéreuses ;
— Délimitation et mise en place des périmètres de protection des captages d'eau en amont des ouvrages pour préserver la qualité de la ressource (travaux de reboisement, terrains de mise en défense) ;
— Respecter les directives destinées à réglementer les activités à l'intérieur de ces périmètres (contrôle des pâturages, interdiction de captage directe des eaux de la retenue, interdire l'emploi des substances chimiques dans les activités agricoles, etc.) ;
— Protéger la ressource en privilégiant le préventif par rapport au curatif.
Les barrages collinaires
Contrairement aux barrages réservoirs qui ont un intérêt régional, les barrages collinaires ont un intérêt purement local. La région est propice à l'édification de plusieurs barrages collinaires. Nous avons identifié au moins 6 emplacements favorables à l'édification de barrages collinaires. De l'ouest à l'est on a choisi les emplacements suivants :
— Oued Eddir près du groupement de Ouchtata avec une capacité de stockage de 7 millions m3
— Oued Lahjar : 4 millions m3
— Oued El Gara 1 : 5 millions m3
— Oued El Gara 2 : 4 millions m3
— Oued Arkou : 5 millions m3
— Oued El melah : 5 millions m3
Soit un total de 30 millions de m3.
Les conditions de température et l'évaporation assez élevée dans la région imposent une gestion appropriée. Les eaux stockées doivent être utilisées à des fins d'irrigation et d'abreuvage du cheptel dans des délais courts pour limiter l'impact négatif de l'évaporation. Au-delà de ce rôle, les barrages collinaires contribuent à la recharge artificielle des nappes.
Il faut souligner le caractère social affirmé des barrages collinaires :
— Créer des points d'activité proches des populations rurales permettant de fournir un nombre important de journées de travail ce qui réduit le désir d'émigrer de jeunes actifs ;
— Créer de l'emploi pendant la durée du chantier ;
— Augmenter le potentiel agricole local en l'intensifiant, permettant l'accroissement des revenus tirés de l'activité agricole et ainsi améliorer de manière sensible le niveau de vie des habitants.
Cependant, des études d'impact des barrages collinaires doivent précéder toute décision de leur édification. Une enquête sur le terrain pour établir un inventaire exhaustif de toutes les données physiques, économiques et sociales de la zone qui fera l'objet de l'aménagement. Ces enquêtes permettent de prendre connaissance de la nature des terrains qui seront inondés et des activités qui leurs sont liées, et ce, afin de déterminer les pertes occasionnées par le projet d'une part et les recettes engendrées par une mise en valeur intensive des terrains bénéficiaires des eaux du barrage d'autre part. Elles permettent également de s'assurer de l'adhésion des populations riveraines en général et des propriétaires des terres en particulier, à l'aménagement projeté. L'opération d'enquête et de recensement sera accompagnée de l'établissement d'un état parcellaire qui reproduit l'état foncier de la zone inondée.
Les prélèvements annuels d'eau des barrages seront de l'ordre de 45 millions de m3. 40 millions de m3 seront prélevés des eaux de retenue des 3 barrages-réservoirs et 5 millions de m3 des 6 barrages collinaires. Ce dernier volume sera destiné entièrement à l'agriculture paysanne et à l'abreuvage des bêtes.
Le recoupement des méandres
Avec la construction des 3 barrages réservoirs et des 6 barrages collinaires, le volume d'eau charrié par l'oued Medjerda à l'aval de ces ouvrages va beaucoup diminuer (un manque annuel estimé à 100 millions de m3). De fait, le débit de l'oued va diminuer. L'aménagement des méandres, action étroitement liée à la construction des ouvrages hydrauliques mentionnés, devient nécessaire et urgente pour les raisons suivantes :
— Le recoupement des méandres permet un meilleur écoulement des eaux grâce à l'augmentation de la pente suite à la diminution de la longueur du cours d'eau. La pente influence directement la vitesse du cours d'eau et son énergie cinétique dont dépend la taille des matériaux transportés. Avec l'augmentation de la vitesse de l'écoulement de l'eau, le cours d'eau retrouve sa fonction d'auto-curage et de transporteur de sédiments réduisant ainsi la fréquence de submersion des terrains riverains ;
— Le recoupement des méandres réduit la superficie de l'espace fonctionnel du système des méandres, augmentant ainsi la surface qui pourrait être intégrée à l'activité agricole ou réservée à des prairies naturelles ou destinée à des actions de reboisement d'espèces adaptées aux conditions du milieu ;
— Ne pas entreprendre cette action de correction du cours d'eau aura des conséquences néfastes. En effet, avec la diminution du débit de Medjerda, le cours d'eau perd sa capacité de charriage et les sédiments feront du surplace augmentant ainsi les coefficients d'inondabilité des terres riveraines.
Comment choisir les méandres qui seront recoupés ? Plusieurs paramètres entrent en jeu :
— Fréquence des méandres sur des distances courtes (coefficient de sinuosité élevé) indiquant un affaiblissement de la pente du cours d'eau ;
— Lorsque l'amplitude du méandre atteint son maximum. Dans ce cas, le recoupement du méandre réduit de façon significative la longueur du cours d'eau et donc sa pente.
Les recherches historiques sont nécessaires pour comprendre la dynamique de Medjerda dans le secteur qui nous intéresse. La comparaison des photos aériennes prises à des dates différentes nous renseignent sur les modifications possibles du tracé. D'autres informations peuvent être utiles comme les relevés topographiques, les mesures du débit, la surface inondée lors des périodes de crues, etc.
Nous avons identifié 12 emplacements pouvant faire l'objet de recoupement de méandres :
— 8 à l'amont de la ville de Jendouba ;
— 4 à l'aval de Jendouba dont un sur l'oued Mellègue.
La maîtrise de la mobilité du lit d'un cours d'eau ou de l'évolution de son profil en long est très délicate. Des interventions non adaptées peuvent entraîner de graves perturbations écologiques, paysagères et agricoles. Tout en ayant conscience de telles préoccupations, nous restons persuadés que le recoupement des méandres est rendu nécessaire suite aux travaux de construction des ouvrages hydrauliques mentionnés qui impactent le débit de Medjerda en le diminuant.


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