«La Constitution tunisienne a consacré le régime républicain, la démocratie et la liberté. Nous ne renierons jamais nos choix». Au cours d'une adresse télévisée prononcée hier après-midi, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a annoncé l'instauration de l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire national pour une période d'un mois. «Après avoir consulté le président de l'Assemblée des représentants du peuple et le chef du gouvernement, comme l'impose la Constitution, j'ai décidé d'assumer ma responsabilité en tant que garant de la sécurité du pays et de son invulnérabilité ainsi que de la Constitution et de la pérennité du régime républicain et de décréter l'état d'urgence au vu des difficultés par lesquelles passe notre pays aux plans national et régional», a notamment souligné le chef de l'Etat. Et le président de la République d'ajouter: «Je viens de signer le décret instaurant l'état d'urgence qui prend effet à partir d'aujourd'hui (hier samedi 4 juillet). Tous les moyens de l'Etat seront mobilisés dans notre guerre contre le terrorisme, notre objectif étant de préserver l'Etat, de garantir la sécurité des citoyens et de les protéger contre les semeurs de mort». La guerre contre le terrorisme est la guerre de tout le monde Le chef de l'Etat, avait au début de son adresse, analysé les défis économiques, sociaux et sécuritaires auxquels la Tunisie et le gouvernement actuel issu d'élections démocratiques, transparentes et intègres sont confrontés. Il a souligné que les difficultés économiques, les grèves à répétition, dont la plupart sont illégales, et l'absence d'investissements nationaux et étrangers ne doivent pas être ignorées. Idem pour «ces régions marginalisées qui n'ont jamais bénéficié de leur part légitime de développement, pour ces 700.000 jeunes chômeurs qui voient les horizons se boucher de jour en jour et pour ces mouvements de protestation qui cachent des agendas politiques n'échappant plus à personne». Le gouvernement a fait jusqu'ici ce qu'il pouvait faire et ce qui reste à réaliser est encore plus important. «Sauf, précise-t-il, en matière de lutte contre le terrorisme, nous n'avons ni la culture pour y faire face ni les moyens humains et logistiques pour l'éradiquer. Ce qui rend notre mission encore plus difficile, ce sont ces 500 km de frontières communes avec la Libye, le pays où il n'existe plus d'Etat. Et ces frontières sont difficiles à contrôler et à sécuriser quand on sait que notre voisin est sous la domination de divers groupements terroristes, sans oublier les interventions des pays limitrophes de la Libye dont chacun cherche à faire valoir son agenda particulier». Béji Caïd Essebsi revient aux attentats terroristes contre le musée du Bardo et contre l'hôtel Impérial Marhaba à Sousse. «Nous avons payé le tribut du sang en faisant face aux terroristes. Nos ennemis sont descendus dans les villes pour nous attaquer. Mais pourquoi ces hordes terroristes visent-elles la Tunisie ? La réponse est claire : ils veulent anéantir l'Etat tunisien parce que nous sommes le seul Etat démocratique civil parmi les pays où le vent du printemps a soufflé. Nos ennemis savent que nous avons choisi le régime républicain, que nous avons opté pour la démocratie et la liberté et que nous ne renierons jamais nos choix. Et même si nous considérons que notre pays a besoin de davantage de soutien actif de nos partenaires de l'Europe eux aussi, visés par la nébuleuse terroristes, nous sommes convaincus que nous gagnerons notre guerre contre le terrorisme, grâce au patriotisme des enfants de notre peuple, à leur dévouement et à leurs sacrifices. Toutefois, nous vaincrons, tout en préservant le climat de démocratie et de liberté, les valeurs irréversibles que nous a offertes la révolution de la liberté et de la dignité». Béji Caïd Essebsi conclut : «Ma confiance en le peuple tunisien est inébranlable. Ma confiance en les partis politiques nationaux est aussi grande qu'inconditionnelle. Nous vaincrons l'hydre terroriste grâce à notre unité nationale et à notre conscience et le terrorisme ne passera pas».