par Abdelhamid Gmati Dans sa lutte contre le terrorisme, la Tunisie ne sera pas seule. C'est ce qu'affirment les ministres de l'Intérieur français et son homologue britannique, qui étaient à Sousse lundi dernier, et qui ont décidé leur aide dans ce domaine. On s'attend à ce qu'il y ait une accélération du déblocage des financements européens et la mise en œuvre des dispositifs de renforcement de la sécurité des touristes. Des déclarations de soutien et de solidarité ont été exprimées par plusieurs autres pays. Il y a une semaine, le Premier ministre français déclarait : «Le terrorisme a voulu frapper la Tunisie, car c'est un pays qui a réussi sa révolution démocratique, qui a écarté l'islamisme radical. Donc nous devons aider la Tunisie... Nous sommes prêts à accentuer notre coopération de sécurité, notamment pour que la frontière avec la Libye puisse être mieux protégée. Un plan d'action a été préparé avec les Tunisiens : formation, fourniture d'experts, coopération dans le domaine des forces spéciales, fourniture d'équipements spécialisés... Nous allons poursuivre ». Au lendemain de l'attentat de Sousse, le président de la République française, François Hollande, appelait le pésident Béji Caïd Essebsi pour lui dire : « Nous sommes de tout cœur avec vous dans ce drame, vous pouvez compter sur notre solidarité ». Commentaire du journaliste français expert en questions internationales, Olivier Ravanello : « La belle affaire. Comme en amour, il n'y a pas d'amitié mais des preuves d'amitié. Et à Tunis, on se dit qu'il serait temps d'en voir la couleur...Elle (la France) oublie qu'elle a une responsabilité particulière. C'est la France qui lance l'opération militaire contre Kadhafi. C'est la France qui s'imagine que les relations d'un philosophe suffiront à fournir une solution politique à un pays qui, on le sait, n'a pas de tradition étatique...Il faut sortir de cette inertie coupable qui consiste à dire «il faudra s'en occuper un jour». Parce que, pour l'instant, c'est la Tunisie qui en paie le prix, et les malheureux touristes qui s'y rendent. C'est beau l'amitié. Mais quand un ami coule, on ne se contente pas de lui jeter une bouée et de le regarder barboter. On essaye de le sortir de l'eau ». Mais il y a aussi d'autres responsables. L'ancienne secrétaire d'Etat américaine et ex-première dame des Etats-Unis, Hillary Clinton, a fait des révélations dans son dernier livre « Hard Choices » (Le temps des décisions*paru en juin 2014), dans lequel elle a annoncé que c'est bien l'administration américaine qui a créé Daech. « L'organisation terroriste Daech, a été créée dans le but de procéder à un nouveau ‘‘partage'' dans la région du Moyen-Orient » et elle affirme qu'une coordination a eu lieu à ce sujet entre Washington et les Frères musulmans pour créer cet « Etat » dans le Sinai. Hillary Clinton a également déclaré dans ces mémoires : « Nous avons infiltré la guerre en Irak, en Libye et en Syrie, et tout allait pour le mieux et puis tout à coup une révolution eut lieu en Egypte et tout a changé en 72 heures ». Et elle ajoute : « Nous étions d'accord avec les Frères en Egypte pour annoncer l'Etat islamique dans le Sinai et le remettre entre les mains du Hamas et une partie à Israël pour la protéger, adjoindre Halayeb et Challatine au Soudan, et ouvrir les frontières libyennes du côté de Salloum. Il était même question d'annoncer la naissance de l'Etat islamique le 5 juillet 2013, et on attendait l'annonce pour reconnaître, nous et l'Europe, ce nouvel Etat ». Le général de division français, Vincent Desportes, général actuellement professeur associé à Sciences Po Paris affirme : « Ne doutons pas de la réalité de la menace directe pour nos intérêts vitaux, dont notre territoire et notre population. Daech dispose d'un véritable « trésor de guerre » (2 milliards de dollars selon la CIA), de revenus massifs et autonomes, sans comparaison avec ceux dont disposait Al-Qaïda. Daech dispose d'équipements militaires nombreux, rustiques mais aussi lourds et sophistiqués. Plus que d'une mouvance terroriste, nous sommes confrontés à une véritable armée encadrée par des militaires professionnels ». Il y a 5 jours, l'Etat islamique accusait le Hamas de ne pas faire appliquer la loi religieuse de façon assez stricte et menace de faire de la bande de Gaza l'un de leurs fiefs. La vidéo, adressée aux «tyrans de Gaza» et émise du fief de l'Etat islamique en Syrie sonne comme un défi public envers le Hamas. L'Etat islamique accuse le parti au pouvoir à Gaza d'être «laïque» et sous l'influence directe de l'Iran et des Etats-Unis. La menace est claire: «La règle de la charia sera appliquée dans la bande de Gaza, malgré vous. Nous jurons que ce qui se passe aujourd'hui en Syrie, et en particulier dans le camp de Yarmouk, se passera aussi dans la bande de Gaza» dans une référence à ce quartier de Damas où vivent de nombreux réfugiés palestiniens et qui a été assiégé par les forces de l'Etat islamique début avril. Le conflit entre le Hamas et les partisans des groupes salafistes avait débuté dans ce camp, ce qui explique en partie leur relation actuelle. Fin mai, à Gaza, un groupe se faisant appeler l'Armée islamique et prétendant être affilié à l'Etat islamique a tué Saber Siam, un haut commandant du Hamas. Début juin, à Gaza, c'est un leader salafiste palestinien, partisan de l'Etat islamiste, qui a été abattu par la police. Un porte-parole de l'armée israélienne a annoncé, ce vendredi, que deux roquettes tirées à partir du nord du Sinaï sont tombées en territoire israélien, sans faire de victimes ni de dégâts. L'armée israélienne s'est abstenue de réagir. Daech, qui jusqu'ici n'a entrepris aucune action contre Israël, serait-il chargé de mener à bien le plan initial d'une autre manière ? A suivre...