Le public n'a pas manqué de s'impliquer affectivement, se mouvant et vibrant aux rythmes des invocations. Le Centre des musiques arabes et méditerranéennes organise, pendant le mois de Ramadan, une série de concerts intitulée « Les soirées ramadanesques d'Ennejma Ezzahra ». Ces soirées regroupent le malouf et le chant soufi et se poursuivront jusqu'au 9 juillet. L'ouverture de l'événement a eu lieu le 1er juillet avec le spectacle «Ziara» de Sami Lajmi qui sera encore présenté sur la même scène aujourd'hui dimanche. La clôture se fera avec un concert de Zied Gharsa. Il y a, d'un côté, le cadre enchanteur du somptueux palais du Baron d'Erlanger et d'un autre côté le rythme de la musique arabo-musulmane qui nous a fait voyager, près de 2 heures, à travers l'héritage oral tunisien. Le public qui a répondu présent, en grand nombre, a profité du show préparé par Sami Lajmi et s'est laissé emporter par les invocations sacrées, le rythme allant crescendo des «Bendirs», les mouvements sur scène des corps avançant et reculant et ceux saccadés des chevelures flottantes, le Dhikr, les danses, la Takhmira et autres ingrédients qui font l'authenticité et la particularité de cet univers mystique, qui séduit de plus en plus de monde avec en prime et pour plus de créativité un travail au niveau de la lumière, des jeux de silhouettes et autres danses. Le spectacle de Lajmi est une sorte de communion totale qui reconstitue la «Ziara», cette visite rituelle faite aux marabouts, à partir du répertoire d'El Aouemreya du Sahel et de la aïssaouia de Sfax. Fruit d'une longue recherche musicale sur ce répertoire, cette «Ziara» ne s'est pas arrêtée, néanmoins, à une simple restauration mais s'est présentée avec une lecture autre et des notes recomposées selon un langage plus actuel. La scénographie qui fait référence à la cour intérieure d'une zaouia où se déroule l'assemblée des dévots, la scène du spectacle a été donc placée dans la terrasse du palais. L'entrée, comme à l'accoutumée, s'est faite avec une procession, la «Dakhla» des fidèles qui viennent rendre visite au marabout conformément à l'obligation de l'ordre de se réunir à des jours déterminés, pour chanter en commun les louanges de Dieu et de son Prophète, et pour célébrer les mérites du fondateur de l'ordre. Un chant de Saâd Mjarred, « Na Jay Nzour » (je viens rendre visite) pour l'Entame et comme dans ce genre de cérémonies religieuses où l'on chante (Mounir Troudi l'a fait merveilleusement avec «Rekeb aal hamra») et l'on célèbre le sacré, le public n'a pas manqué de s'impliquer affectivement, se mouvant et vibrant aux rythmes des invocations.