Le groupe change mais l'esprit demeure... Et si, malgré son excellente entame, le CA n'était pas sacré champion en fin de parcours? Et si l'Etoile et l'Espérance, qui revenaient à toute allure, avaient fini par coiffer les «Rouge et Blanc» au poteau ? L'hypothèse était crédible. Voilà pourquoi Sanchez était sur des charbons ardents, récemment et bien avant. Puis, Saber Khelifa est totalement revenu dans le coup, Meniaoui redevenu le serial-buteur qu'on a connu à Métlaoui, sans oublier les montées en régime de Nater, Haddedi et autre Salifu, devenu déterminant au cœur du jeu. C'est forcément en partie grâce à la méthode Sanchez. Ce dernier, s'il reste imprévisible volet choix tactiques et coaching, a toutefois mis du temps à être adopté par le vestiaire, quoique certains de ces choix aient été payants. Rééquilibrer un compartiment, changer radicalement de stratégie, insuffler quand on s'y attend le moins...Il est tantôt imprévisible, de temps à autre sévère mais juste. Sanchez nous a fait voir le football de manière différente et l'objectif atteint lui a finalement donné raison, et ce, en dépit d'une conjoncture difficile (alternatives quasi inexistantes et cycle de blessures pénalisantes). En poste depuis les trois coups de la saison passée, le technicien Daniel Sanchez a ainsi résisté aux tempêtes de cours de saison. Sans être l'âme du groupe clubiste, il constitue à n'en point douter son équilibre. C'est pour cette raison que l'exécutif s'est finalement rangé du côté des pro-Sanchez, même si les avis étaient divergents (indécision quant à sa reconduction ou pas). Pour une frange non négligeable d'observateurs, il était difficile de faire mieux cette saison. Les détracteurs du Français ne le blâment pas, mais insistent sur une remise en question et plus d'autorité et de proximité volet vestiaires. Chapitre fond de jeu, il est clair que l'équipe n'a pas montré le meilleur des visages lors de certaines confrontations (face à l'ESS, le CSS, le SG et l'USM au retour, ainsi que le CAB à l'aller). Mais même avec une équipe plus hargneuse, il aurait été difficile de faire mieux (prendre le large en championnat dès janvier). Au final, chapitre appréciation du volume de travail de Sanchez, les fans clubistes sont indulgents et cela dénote le degré de maturité de supporters pourtant sevrés de titres depuis longtemps. Identité Le patron du CA a enchaîné les consultations avec plusieurs techniciens de «souche» clubiste. Les résultats de ces échanges et tables rondes penchent vers le souhait de procéder à de nombreuses modifications dans le collectif clubiste. Faut-il faire sérieusement jouer la concurrence dans les cages (reconduction de Dkhili) ? Faut-il installer un nouveau stopper dans l'axe ? Quelle sentinelle au milieu de terrain ? Quelle association au cœur du jeu ? Et, enfin, renforcer une attaque qui ne dispose pas d'alternatives dignes du statut d'un club appelé à disputer la Ligue des champions. Car si le CA veut remporter la plus prestigieuse des Coupes continentales, il doit être capable de battre les plus grands, en s'appuyant sur des joueurs décisifs au bon moment. C'est donc une équipe avec des bases profondément différentes qui s'apprête à enchaîner avec la Coupe d'Afrique du Nord, la Coupe de Tunisie et le prochain exercice. Déjà, des signes avant-coureurs d'une fin de cycle pour plus d'un joueur viennent étayer notre thèse (ou plutôt constat). Tombé dans l'anonymat, Zouheir Dhaouadi va opter pour les Koweitiens d'El Koweiti. Quant à Belkaroui, il est partant vers le club saoudien d'Al Raed. Sur le flanc gauche, Mikari «s'est vu remettre» son bon de sortie, et ce, après l'accumulation des blessures musculaires. Son remplaçant serait Slimane Kchok, sans oublier Haddedi, convalescent. Faisons l'impasse sur l'entrejeu où personne ne devrait quitter et passons au secteur offensif, un compartiment à renforcer à tout prix. Si Khelifa a été reconduit, Meniaoui dispose, quant à lui, d'une offre alléchante du Golfe. On en vient à Djabou. Là aussi, son avenir immédiat est drapé d'incertitudes et de spéculations. Le lutin algérien sera-t-il l'un des rescapés du chamboulement à venir ? Depuis deux saisons, l'on sait pertinemment que sans son attaquant vedette, le CA n'est plus le même. Puis, avec le temps, le dispositif a changé. D'autres éléments se sont émancipés d'une certaine «tutelle» tactique. Car tout se construisait autour du lutin algérien. Plus encore. Sans l'homme providentiel, les regards se sont tournés vers Khelifa, puis Meniaoui. Ces derniers ont globalement donné satisfaction, alors que l'on attendait Dhaouadi pour «remplir» le vide laissé par Djabou (annoncé partant lui aussi). Au final, ce qui a fait que le CA est champion, c'est cette aptitude à se remettre en question et à cumuler les jokers au bon moment. Quelle que soit sa composition, cette équipe part avec sa propre identité et il se peut qu'au fil des matches, elle commence à faire davantage de bruit à l'avenir. Au fond, si le groupe a changé, l'esprit demeure...