A l'exception d'un seul candidat, on ne voit pas l'utilité de tous les autres, encore moins le plus qu'ils sont censés apporter à la sélection. La sélection ne prend que quelques secondes pour faire entrer la joie au cœur du public, autant qu'un geste pour lui détruire toute sa joie. Les moments forts, mais aussi les déceptions, font partie de son quotidien. Ces dernières années, plusieurs sélectionneurs ont été sollicités. Etrangers et locaux. Mais le parcours est resté le même. Les résultats, et surtout la manière, n'ont pas changé. Les défaillances et les restrictions dans le jeu, encore davantage. Tous les sélectionneurs qui sont passés par là n'avaient qu'un seul objectif, une seule motivation: ne pas perdre pour rester le plus longtemps possible. Autant de noms qui se suivent et qui ne se ressemblent pas. Mais aussi autant de gâchis et de gaspillages à n'en pas finir. Ils ont choisi la facilité et ils n'ont pas compris que les victoires se gagnent essentiellement dans la difficulté. Il leur était plus facile de camoufler que de dire la vérité. Plus facile de renoncer que de rester fidèle aux principes et aux valeurs. Plus facile de fuir que de faire face. Plus facile de céder que de s'engager. Respirer le football n'apportera pas peut-être les grands résultats, mais il en apportera sûrement les bons, les vrais. On ne connaît pas encore le profil du sélectionneur qui succédera à Leekens, mais on est presque sûr qu'il appartiendra à l'école française. On sait que ces derniers sont aujourd'hui en vogue chez nous. Deux grands clubs du football tunisien ont choisi cette option. Sanchez au CA et Anigo à l'EST. On ne saurait également ignorer que la nostalgie est toujours de mise et que le passage de Lemerre, avec la consécration de la CAN, ne peuvent être oubliés de sitôt. Si on se souvient encore de Roger Lemerre, on ne doit pas aussi oublier Henri Michel dont le passage en sélection a été,pour le moins que l'on puisse dire, un échec cuisant. La confusion d'aujourd'hui se nourrit des erreurs d'hier Il faut dire que cette option est également liée au fait que l'école française est plus accessible et à la portée par rapport aux autres nations de football. Il faut reconnaître dans le même ordre d'idée que les grands noms sont inapprochables et que les moyens de la fédération ne lui permettent même pas d'y penser. C'est pourquoi l'on s'est fixé sur des noms qui n'ont pas vraiment l'envergure des entraîneurs sollicités, voire rêvés par les équipes qui tiennent à aller loin dans leurs parcours et face aux contraintes liées la fois au résultat et à la manière. René Girard, Raymond Domenech, Elie Baup, Sabri Lamouchi, Claude Makelele, Pascal Dupraz et un revenant Henry Kasperczak sont sur la liste des entraîneurs sollicités, ou encore à contacter. Les hommes de la fédération, ou du moins ceux qui s'occupent du dossier du nouveau sélectionneur, ont, paraît-il, oublié que ce ne sont pas les noms qui font les victoires, mais c'est tout particulièrement l'usage qu'ils font de leur travail et de leur faculté d'adaptation. Il est évident que la porte de sortie de la sélection ne donne pas l'impression d'être une porte d'entrée sur autre chose. La confusion d'aujourd'hui se nourrit des erreurs d'hier. Après avoir mis en cause et compromis les étapes qui conduisent à l'épanouissement de l'équipe et ses ressources individuelles et collectives, les responsables de la FTF s'attachent aujourd'hui à enfoncer et à discréditer l'entourage et les configurations techniques d'un ensemble qui a besoin de changer et de rompre avec les dérives du passé. Oser changer de considérations et d'options tactiques et trouver la voie, le nouveau sélectionneur devrait être appelé à défendre une approche de jeu mobilisante et qui tient compte, non pas seulement de l'obligation de résultat, mais aussi de l'épanouissement des joueurs sur le terrain. L'objectif est de saisir le sens de la rupture non pas au temps T, mais comme un processus dont il est possible de retracer les différentes étapes et d'analyser les conditions émergentes de jeu. Cette approche suppose de ne pas rester à la seule sphère du jeu ordinaire et passif, mais de comprendre le sens du changement au regard des nouvelles contraintes d'une équipe qui ne se contentera pas de chercher les victoires, mais qui devrait surtout les créer.