Par Abdel Aziz HALI Le titre du deuxième album Thomas Dutronc «Silence, on tourne, on tourne en rond » semble résumer la stratégie de propagande de choc de l'«Etat Islamique» visant à frapper d'effroi les esprits. Les semaines se succèdent et se ressemblent avec la machine de propagande de ce groupe. Du sang et des scènes d'horreur sur nos écrans PC, nos tablettes et nos smartphones. En effet, après avoir franchi le Rubicon du supportable en diffusant la semaine dernière une vidéo en format 4K montrant l'exécutions d'un groupe de 16 prisonniers dans la province de Ninive en Irak, une nouvelle vidéo a été mise en ligne par Daech, samedi, résumant une exécution de masse dans la cité antique de Palmyre (Tadmor, en arabe). Dans cet enregistrement, d'une dizaine de minutes, on y voit 25 soldats du régime syrien en uniforme vert et brun tués à bout portant par des adolescents habillés en tenues bariolées. La scène se déroulait dans l'amphithéâtre de la cité antique de Palmyre devant un immense drapeau noir et blanc de l'EI suspendu aux ruines. Tel un combat de gladiateurs de l'époque romaine, une centaine d'hommes, accompagnés d'enfants, assistaient à ce macabre spectacle, assis dans les gradins de l'amphithéâtre. Même le cinéaste australo-malaisien James Wan n'aurait pas fait mieux dans son thriller-horreur « SAW »! Non seulement les vidéos des exécutions des bourreaux de Daech continuent de faire le buzz sur la Toile et plus précisément dans les réseaux sociaux, mais la qualité des images et les plans de coupes font entrer la propagande de ce groupe dans une nouvelle dimension: celle du reality web series. Equipés de caméras GoPro4 et utilisant des techniques de tournage ultrasophistiquées, tel un grand studio de production hollywoodien, l'«Etat Islamique» ne badine pas avec les moyens techniques pour obtenir une qualité d'images HD et des angles de tournage dignes d'un blockbuster. D'ailleurs, lors des exécutions des trois groupes d'espions présumés, dans la province de Ninive en Irak, la production daechienne a sorti le grand jeu. Entre costumes (les fameuses combinaisons orange), accessoires (cordon détonateur inflammable, une cage à fauves en acier et des caméras amphibies) et jeu de lumières, tout était réuni pour nous offrir sept minutes trente de pure horreur. Assurément, d'une semaine à l'autre, la guerre psychologique de Daech ne cesse de monter crescendo, terrorisant au passage les populations de la région. Et pendant ce temps-là, tandis que l'EI sature Internet de vidéos et de tweets, la contre-propagande jihadiste sur le web reste timide, pour ne dire quasi inexistante. Même l'Occident semble être un adepte de la politique du laisser-faire. Alors à quand une réaction internationale pour mettre fin à ces mises en scène de la terreur?