Le ministère du Tourisme et de l'Artisanat a organisé hier un iftar auquel il a convié les députés représentant les Tunisiens à l'étranger, en présence des structures professionnelles et des représentants des entreprises concernées par les dernières mesures décidées en faveur du secteur touristique. L'objectif étant de sensibiliser les députés à l'importance d'une mobilisation de la communauté tunisienne à l'étranger pour venir à la rescousse d'un secteur en détresse. La ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mme Selma Rekik Elloumi, a passé en revue, au début de cette rencontre, les dégâts occasionnés par les attentats terroristes au niveau du secteur touristique, soulignant au passage le poids du secteur dans l'économie nationale. Elle a expliqué que cette situation «exceptionnelle» commandait des mesures d'exception pour «sauver le secteur et préserver l'emploi». Elle a dans ce contexte mis l'accent sur les réductions décidées au niveau du transport aérien et maritime au profit des Tunisiens résidant à l'étranger. «Ces réductions, à hauteur de 30% des tarifs, seront supportées à raison de 15% par les transporteurs et 15% par l'Etat», a précisé la ministre, exhortant ainsi les députés à relayer le message auprès de la communauté tunisienne à l'étranger. Prenant la parole, le président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie, M. Radhouane Ben Salah, a abondé dans le même sens. Il a annoncé à cet effet que la FTH a décidé d'accorder une réduction de 30% sur les tarifs des hôtels affiliés. M. Ben Salah, qui a promis aux Tunisiens à l'étranger une meilleure adaptation du produit conforme à leurs attentes, a souhaité qu'avec la combinaison des réductions sur le transport et dans les hôtels, les Tunisiens à l'étranger parviendront à bénéficier de «packages» à des prix inférieurs ou égaux à ceux pratiqués par les TO. Une mesure douloureuse Avec un air désabusé, Mme Sarra Rejeb, PDG de Tunisair, a affirmé qu'«un secteur sinistré ne peut pas venir en aide à un autre secteur sinistré». Elle a expliqué que le transport a aussi reçu un coup dur à cause non seulement des attentats mais aussi suite à la suspension des lignes de la compagnie vers la Libye. Elle a par ailleurs précisé que l'application de la mesure portant sur une réduction de 30% sur les vols de Tunisair au profit des Tunisiens à l'étranger est entrée en vigueur depuis le 4 juillet sur quelques destinations. Il n'empêche, avec les effets cumulés de la chute de l'activité charter, de la suspension des lignes vers la Libye et de cette réduction, «Tunisair va connaître un manque à gagner de l'ordre de 250 millions de dinars pour l'année 2015. Ce qui constitue 25% du chiffre d'affaires de la compagnie», a conclu la PDG de Tunisair. Mais si Tunisair passe par un trou d'air, la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) semble avoir le vent en poupe. En effet, selon son PDG, M. Ali Ben Belgacem, la baisse insignifiante de l'ordre de 8.000 réservations qui a été enregistrée par rapport à l'année 2014 sera probablement rapidement compensée. A ce jour, la CTN a enregistré 146.000 réservations/passagers et 59.000 réservations pour véhicules, a-t-il souligné. La réduction au profit des Tunisiens à l'étranger aura une incidence de 12 millions de dinars, dont six seront à la charge de l'Etat, a conclu M. Ali Ben Belgacem. Du côté de la Fédération tunisienne des agences de voyages, le vice-président de la Ftav, M. Walid Hnid, la Ftav est en train de travailler sur des forfaits au profit des Tunisiens à l'étranger avec des packages hôtels-transferts-restauration. Ces forfaits seront attractifs et abordables, selon M. Hnid. Quant à Mohamed Houas, directeur exécutif de la Fédération des restaurants touristiques, il a mis l'accent sur l'importance du soutien des Tunisiens à l'étranger. Il a promis de déployer tous les efforts au sein de la Fédération pour rendre le séjour des Tunisiens à l'étranger agréable et mémorable. Cinquième roue de la charrette? Du côté des députés représentant les Tunisiens établis à l'étranger, qui ont salué entre autres la mesure portant suppression du timbre solidarité, il est regrettable de faire appel à cette communauté en temps de crise. Ils ont pointé du doigt le fait de considérer les Tunisiens à l'étranger, tout comme les Tunisiens du marché local, comme «la cinquième roue de la charrette». Selon eux, il faut avoir une vision sur le moyen et le long terme et établir une stratégie à même de drainer ces flux. La question des réduction sur le transport aérien a focalisé une grande partie des interventions, et des députés ont même réfuté l'application d'une telle mesure concernant certaines destinations, en l'occurrence les pays du Golfe. Pour le député Houcine El Jaziri, le secteur a besoin d'entrer dans une nouvelle phase axée sur une force de proposition et des mesures audacieuses allant jusqu'à accorder 30 et 50% sur des marchés potentiels tels que l'Algérie, la Russie et pour les Tunisiens à l'étranger. Le député Khaled Chouket a, pour sa part, considéré la communauté tunisienne à l'étranger comme une «armée de réserve» à laquelle il faut faire appel pour sauver le pays. Pour l'homme politique et chercheur Naoufel Ziadi, le message qu'il faut passer est un message de patriotisme. «C'est un devoir qui incombe à tous les citoyens tunisiens établis à l'étranger que de venir en aide à une démocratie naissante», a-t-il asséné.