Les actions de politiques économique, monétaire et budgétaire engagées n'ont pu «qu'atténuer les dérapages des équilibres financiers fondamentaux» La Banque centrale de Tunisie vient de publier son rapport annuel pour l'année 2014, après l'achèvement de la phase de transition politique couronnée par la réussite des élections présidentielle et législatives. Cependant, cette réussite reconnue par les instances financières mondiales et saluée par la communauté internationale «devrait ouvrir la voie à la relance de l'investissement et de la croissance, jusque-là entravée par l'attentisme des opérateurs économiques et leur défiance à l'égard d'un climat d'affaires fortement altéré, et de perspectives pour le moins incertaines, en l'absence d'une vision, et d'un cadre de développement à moyen terme pour le pays», précise dans le préambule M.Chedly Ayari, gouverneur de la BCT. Et d'ajouter que le bilan de l'exercice 2014 «ressort largement en deçà des espérances», eu égard aux indicateurs financiers et aux résultats de l'activité économique analysés qui l'illustrent, soit une croissance réelle de 2,3% en 2014, un taux d'épargne de 13,5%, un taux d'investissement de 19,2%, un taux d'inflation encore élevé, 4,9%, «malgré un certain recul d'une année à l'autre» et des déficits respectifs courant et budgétaire de 8,8% et 4,9% du PIB, « dont le financement n'a pu être assuré qu'au prix d'un recours massif à la mobilisation de ressources extérieures». Le gouverneur de la BCT n'a pas manqué de rappeler que les actions de politiques économique, monétaire et budgétaire engagées n'ont pu «qu'atténuer les dérapages des équilibres financiers fondamentaux, dont l'évolution des prix à la consommation, moyennant des interventions de la Banque centrale sur le marché monétaire, en déficit chronique de liquidités, permettant au secteur bancaire de poursuivre le financement de l'économie sans pour autant affecter son propre bilan, et le déficit des finances publiques grâce à un effort de rationalisation des dépenses de compensation». Les indicateurs affichés reflètent une réalité économique plus préoccupante que les résultats provisoires du premier trimestre de 2015, avec une croissance de 1,7% et «n'incitent guère à l'optimisme quant au bilan attendu pour l'ensemble de l'année en cours, surtout avec la contre-performance annoncée de la majorité des secteurs d'activités», souligne M.Ayari. Le présent rapport présente une lecture analytique et chiffrée de la situation économique du pays et de son environnement national, régional et international. Une lecture approfondie «permettant de poser les questions essentielles dont les réponses doivent susciter de la part des partenaires économiques et sociaux un choc salutaire et asseoir un engagement collectif visant à hisse l'économie nationale sur une autre orbite». Pour ce, le projet de schéma de développement couvrant la période 2016-2020 constituera «un cadre général utile pour enclencher une dynamique de relance de la croissance, mais demeure avec un taux de croissance moyen de l'ordre de 4,5% par an, en deçà des exigences d'une inflexion substantielle de la courbe du chômage et surtout de ses composantes par genre et par région», précise le gouverneur de la BCT. Et de réaffirmer que cette relance ne peut se concrétiser sans l'engagement de réformes en 2015, notamment celles du code des investissements, le système fiscal, le secteur bancaire, le partenariat public-privé... Les défis à court terme doivent être pris en considération, qui portent eux-mêmes des risques majeurs. «Ceci concerne surtout la situation intenable du chômage des diplômés et des disparités régionales..., qui requièrent un effort à consentir pour la mise en œuvre de solutions conventionnelles telles que la promotion de l'économie de proximité, la création et la promotion des fonds d'investissement régionaux...». Le rapport présente l'état des lieux de l'environnement international, notamment au niveau des marchés des capitaux des prix des produits de base.., et l'environnement économique et financier national via une analyse sectorielle de la croissance économique, de la structure et du financement des investissements, des finances publiques et d'endettement total, des paiements extérieurs, de la coopération internationale.