Il y a deux ans, des associations à Sfax ont constitué un collectif afin de sensibiliser la population sur la qualité de la vie à Sfax qui s'est beaucoup détériorée en raison de la pollution générée par la proximité de la zone industrielle. Ce collectif a fait appel à des experts pour établir un diagnostic sur l'état catastrophique de l'environnement dans la région. Les études effectuées par ces experts ont montré que le littoral est profondément touché par la pollution. Le projet Taparura de dépollution du littoral nord de la ville, qui a démarré en 2006, a permis de débarrasser une partie du site des rejets phosphogypses, et d'aménager un parc urbain d'une superficie de 50 ha. 5 mille arbres ont été, par ailleurs, plantés pour éviter l'érosion du littoral et l'avancée de la mer. Mais le projet qui comporte d'autres composantes, dont l'aménagement d'espaces de loisirs sur tout le littoral, a été interrompu, faute d'argent, suscitant l'inquiétude des membres du collectif pour lesquels il représentait l'espoir de lutter contre la pollution du site. Le collectif a décidé de ne pas rester les bras croisés et a établi un plan d'action destiné à lutter contre la pollution de la ville. Les membres du collectif ont cherché à sensibiliser les autorités afin de relancer le projet Taparura et protéger les plages gravement polluées par l'activité de la zone industrielle. Le sort des plages, dont une grande partie est impropre à la baignade, inquiète les habitants de la ville de Sfax qui acceptent de plus en plus mal que leurs plages soient sales et polluées. Les membres du collectif se sont opposés récemment à la volonté de l'Office de la Marine marchande et des ports de les exploiter pour agrandir le port et développer l'activité conteneur. Un projet rejeté en bloc par les habitants qui craignent qu'il n'aggrave la congestion du trafic urbain dans la zone. La ville doit, par ailleurs, faire face à un autre problème environnemental : la dégradation du littoral sud, sur plus de quinze kilomètres, par la pollution générée par l'activité de l'usine Siape qui aurait dû fermer depuis 2011. Les membres du collectif sont passés à l'acte en organisant une manifestation de grande envergure et en faisant un sit-in devant la municipalité pour réclamer la fermeture de l'usine. A leur demande, le gouverneur, qui a approuvé leur démarche, s'est rendu avec des représentants de l'Apal, de la municipalité, du ministère de l'Equipement...sur les plages pour se rendre compte des effets de la pollution sur place et le littoral. La stratégie de la société civile semble avoir porté ses fruits. Les membres du collectif ont pris part à une réunion avec le gouverneur au cours de laquelle plusieurs décisions ont été prises, dont celle de refuser l'extension du port de commerce jusqu'aux anciennes plages. Ils ont, par ailleurs, réclamé, dans les plus brefs délais, la fermeture de l'usine Siape dont les rejets toxiques sont responsables de la pollution des plages devenues impropres à la baignade. L'objectif du collectif est clair : il s'agit de conférer à une ville industrielle un cachet touristique en réaménageant les plages et en développant des projets respectueux de l'environnement, tout en limitant les activités responsables de la pollution de la ville.