Par Hella Lahbib Des cartes tournent sur le web laissant croire que le mur de sable est en train d'être érigé sur les territoires libyens. Evidemment, ces cartes sont fausses, et évidemment leur objectif est de faire le buz —objectif atteint— et d'attiser la haine et la justifier contre ces Tunisiens qui projettent de « nous voler et de mettre la main sur les puits de pétrole de la Libye». Toute agression envers les Tunisiens deviendra ainsi légitime ! Sont venus se greffer sur ces réactions, des mouvements internes contestataires dans certaines villes tunisiennes du sud du pays, selon lesquels, le gouvernement «du Nord » les prive de leur gagne-pain et source de revenu, en séparant deux peuples frères et des familles unies par les liens du sang. Des arguments fallacieux, puisque les deux postes frontières de Dhehiba et Ras Jédir ne sont pas fermés, du moins pour l'heure, et les familles libyennes continuent d'affluer. Mais, pour les avoir vus à l'œuvre trois longues années après la révolution, connu leurs méthodes et leurs relais, on sait qui tire les ficelles de cette forme de dissidence contre —pour dire les choses comme elles sont— la sécurité nationale. A supposer maintenant que ces réactions soient spontanées, elles demeurent dans tous les cas de figure inacceptables, puisque motivées par la volonté de laisser le flux de la contrebande en l'état, actif dans les deux sens. La contrebande qui est le terreau fertile du terrorisme —c'est prouvé— est aussi un instrument efficace de déstabilisation des grands équilibres nationaux. Le pays en souffre et les pertes sont colossales. Qu'on se le dise, donc, ce mur de sable est une position défensive, légale, conforme au droit international. Il court sur des terres tunisiennes et appelé à être rallongé, renforcé, doté de caméras, et électrifié. A ce niveau, les gouvernants tunisiens doivent être fermes et déterminés que ce soit à l'égard des voisins que des Tunisiens. Parce que à bien y penser, les uns comme les autres s'opposent vainement, soit dit en passant, à une des règles internationales de protection des frontières, lorsqu'un pays se sent menacé. C'est le cas de la Tunisie. Maintenant là où les autorités ont péché, c'est, encore une fois, au niveau de la communication. Il fallait dès les premiers jours annoncer les intentions de la mise en place du mur, montrer de la détermination, en expliquer les raisons, et impliquer les médias étrangers, et évidemment être cohérent au niveau du contenu des déclarations. Ce qui, hélas, n'a pas été le cas.