A cause du faible taux de remboursement de la Cnam, les unités privées de dialyse ont du mal à rentrer dans leurs frais et fonctionnent à perte Le président de l'association des insuffisants rénaux, Ridha Hmila, est inquiet. Plusieurs unités de dialyse privées risquent de fermer leurs portes car ils sont en cessation de payement. Les difficultés rencontrées par ces centres qui assurent les soins aux dialysés résultent du système de payement du traitement des dialysés pour lequel a opté l'Etat depuis les années 70. Le gouvernement a décidé de prendre totalement en charge les soins de 75% de la population totale des dialysés qui se soignent dans les unités privées depuis les années 70, en fixant un plafond pour le remboursement des soins. Le système a été maintenu avec la création de la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) qui va, à son tour, assurer la prise en charge du coût du traitement de la population totale des dialysés en Tunisie sans augmenter le coût de remboursement des soins, ce qui a fini par mettre en difficulté les unités de dialyse privées qui ont de plus en plus de mal à faire face aux dépenses liées aux différentes charges (renouvellement du matériel de dialyse, loyer...) relatives au fonctionnement de ces centres. Depuis les années 90, la qualité des soins apportés aux dialysés s'est totalement détériorée dans ces unités. Le matériel qui n'a pas été renouvelé a vieilli, tombant souvent en panne. Le faible coût de remboursement, resté inchangé depuis les années 70, n'arrange plus les propriétaires de ces unités qui non seulement, ne peuvent renouveler un matériel vieux de plusieurs années et, de surcroît, ont du mal à payer le loyer et leur personnel et à s'assurer des charges de fonctionnement et des dépenses quotidiennes. Difficultés financières Les difficultés financières de ces centres se sont répercutées sur la qualité des soins. Pour limiter les dépenses, des médecins se sont vus obligés d'enfreindre le cahier des charges et de réduire le temps du traitement pour les dialysés, en le ramenant à trois heures au lieu de quatre. «Nous assistons à la clochardisation du traitement pour les insuffisants rénaux, a observé le président de l'association des insuffisants rénaux Ridha Hmila, parce que la Cnam n'a pas voulu augmenter le coût du remboursement du traitement. La qualité de la dialyse s'est considérablement détériorée. De nombreuses unités rencontrent beaucoup de difficultés pour assurer leurs charges. Une unité de dialyse à Sbeïtla s'est retrouvée avec un important débit bancaire. Une autre unité de dialyse à Tozeur a été dans l'incapacité de payer sa facture d'électricité à la fin du mois. En moyenne, une unité privée accuse une perte de trente dinars par acte d'hémodialyse. A cause du faible taux de remboursement par la Cnam, des unités privées ne peuvent même pas renouveler leur matériel qui s'est détérioré et a vieilli et risquent de déposer le bilan». Les membres de l'Association avaient organisé en hiver un sit-in devant le ministère de la Santé pour sensibiliser les autorités sur la qualité catastrophique des soins apportés aux insuffisants rénaux. Mais sans résultat. Le sit-in aura été un coup d'épée dans l'eau. D'autres unités privées de dialyse qui n'arrivent pas à couvrir leurs charges avec l'argent remboursé par la Cnam menacent de fermer leurs portes. «Le prix de revient de l'acte d'hémodialyse a augmenté, alors que la tarification n'a pas changé depuis 38 ans, se plaint le président de la chambre syndicale nationale des cliniques privées de dialyse. Chaque acte d'hémodialyse a un prix de revient qui avoisine les cent dinars alors que nous sommes remboursés à raison de 84 dinars par acte d'hémodialyse. Les unités privées fonctionnent à perte. Il faut absolument procéder à la révision de la tarification». Les insuffisants rénaux ne comptent pas se taire. Ils prévoient de faire un nouveau sit-in, avec des cercueils vides qu'ils déposeront devant le siège du ministère, si les autorités concernées continuent à faire la sourde oreille à leurs doléances. «Nous réclamons notre droit sacré à la vie, a relevé, à ce propos, le président de l'Association des insuffisants rénaux. L'Etat doit améliorer la qualité des soins apportés aux insuffisants rénaux et nationaliser le secteur».