Maharès se parera de nouvelles œuvres, mais l'urgence demeure la réhabilitation de son parc des arts, unique en Tunisie et dans le monde arabe et africain A partir d'aujourd'hui et jusqu'au 31 de ce mois, Maharès vivra au rythme de la 28e session de son Festival international des arts plastiques (Fiap), une session placée sous le signe «Sculpture publique - Maharès crée son environnement». Un choix des plus opportuns dans la mesure où ce petit village de pêcheurs est la seule localité dans le monde arabe et africain qui compte un «musée» d'art tout en sculptures et installations en plein air. Nous mettons le mot musée entre guillements, car l'état des œuvres et de leur environnement est plus que désolant : révoltant. Aussi ce qui aurait pu — et dû — être une attraction culturelle et touristique de prestige, unique dans le pays, est-il livré aux effets et méfaits de la nature et des hommes. Mais heureusement que les responsables du Fiap ont pensé à consacrer l'actuelle édition à la sculpture; une occasion d'enrichir, d'abord, la «galerie» à ciel ouvert en nouvelles créations, et d'entretenir, ensuite et un tant soit peu, les dizaines d'autres déjà existantes. On sait toutefois que sans une intervention conséquente des autorités locales, régionales et nationales, cette opération, relativement onéreuse et nécessitant des moyens techniques importants, ne consisterait qu'en un petit rafistolage si l'on se contentait de la seule bonne volonté de l'association qui veille aux destinées du festival. Il est à espérer que la ministre de la Culture, qui se rendra demain à Maharès, sera sensibilisée à la question et à l'importance de la réhabilitation du Parc des arts —il porte le nom de Youssef Rekik, fondateur du Fiap—, en tant que l'une des destinations des visiteurs de Sfax, en tant que capitale de la culture arabe 2016. Et l'on ne saurait, dans ce sens, le garder dans son état actuel de délabrement. Art et environnement Pour en revenir au programme de la 28e session du festival, Maharès accueillera, malgré le désistement de quelques artistes occidentaux «frileux» et influencés par les attentats du bardo et de Sousse, plusieurs invités arabes, un peu moins européens et africains. Ils participeront, en émulation avec les artistes tunisiens, au volet création, ainsi qu'à celui académique, à savoir le colloque international, les ateliers et les tribunes qui porteront sur le thème «L'art crée l'espace environnemental et l'environnement crée l'art». Cette citation du critique d'art italien Germano Celant témoigne effectivement du rapport dialectique entre l'art, l'environnement et le public, mais avec la considération que la notion d'environnement ne se limite pas exclusivement à la dimension géographique, puisque s'élargissant pour toucher le social, le politique, l'historique... En plus des expositions et des soirées distractives, on ciblera encore une fois les enfants qui auront droit à leurs ateliers de formation et d'initiation à la création, le tout dans l'ambiance conviviale et bon enfant de toujours. Nous irons tous à Maharès, nous nous promènerons entre ses sculptures et, pourquoi pas, épurerons leur environnement direct de tout ce qui gâche leur splendeur.