Sur les 6.000 établissements scolaires (dont environ 4.500 écoles primaires), 4.000 nécessitent des actions d'entretien et de maintenance. La célébration de la journée du Savoir a été l'occasion d'annoncer le lancement d'une campagne de restauration en faveur de l'infrastructure dans les établissements scolaires. Un programme placé sous le thème du «mois de l'école» vise à consacrer une importante enveloppe à cet effort exceptionnel. Le Chef du gouvernement a annoncé le déblocage de 150 millions de dinars à cet effet. La Présidence, elle aussi, a déclaré son adhésion à cette action. Quant au ministre de l'Education, il a appelé «l'ensemble des Tunisiens à participer à l'initiative». Cet intérêt particulier accordé à une telle entreprise par trois responsables simultanément ne peut laisser indifférent. L'engagement est tel qu'il rend la responsabilité plus lourde à porter vu les difficultés qui attendent cette action et sa mise en œuvre. Le temps imparti (un mois) sera-t-il suffisant ? On en doute. L'énormité de la tâche est telle que des mois et des mois seront nécessaires pour réaliser un tel programme. Un travail de maintenance a été entrepris depuis plusieurs années et a coûté plusieurs millions de dinars à l'Etat. La rénovation de l'infrastructure, la modernisation de certains équipements ont, un tant soit peu, contribué à améliorer les conditions de travail des différents personnels. Certains établissements ont été dotés de blocs sanitaires appropriés et adaptés aux exigences (anti-vandalisme). Si le programme affiche de bonnes intentions quant à la réalisation de quelques objectifs, il est fort recommandé de l'accompagner d'autres mesures encore plus efficaces. A savoir la préservation des acquis. Il ne suffit pas de réparer et de replâtrer. Encore faut-il être capable de garantir la pérennité des équipements et de l'infrastructure. Des mesures tout aussi importantes doivent être adoptées pour protéger l'école contre les actes de vandalisme venus de l'intérieur (élèves, généralement) ou de l'extérieur (rôdeurs et autres délinquants). La facture des dégradations de toutes sortes est toujours lourde. De nombreux actes peuvent être évités moyennant une plus grande attention de la part des uns et des autres. Chacun devrait se sentir concerné. Les auteurs de ces actes doivent être démasqués et sanctionnés dans le strict respect des lois. Casseur payeur La vie dans un établissement scolaire obéit à des normes que chacun doit assimiler et appliquer. L'engagement moral des parents est à mettre plus en exergue. Le principe du «casseur payeur» doit s'ériger en règle de conduite. Il n'est plus question de passer sous silence des agissements nuisibles au budget de l'Etat. L'élève qui commet des actes de vandalisme doit être mis devant ses responsabilités. L'impunité n'est plus de mise. L'introduction d'une éducation au comportement civique est primordiale. L'imposition de sanctions à l'instar du travail d'utilité générale est à privilégier dans les mesures qui seraient proposées pour endiguer ce phénomène rampant du vandalisme. Les agents d'encadrement (surveillants ou administratifs) pourraient jouer un plus grand rôle dans la prévention de ces forfaits. Car, actuellement, personne ne dispose de moyens législatifs pour incriminer de tels actes. Les élèves, même quand ils sont pris en flagrant délit de dégradation du mobilier ou des équipements, sont rarement punis. On privilégie l'âge, la situation et d'autres considérations aux dépens de l'intérêt public. C'est ainsi que les dégâts se chiffrent en centaines de milliards de nos millimes sans espoir de pouvoir engager des poursuites contre les auteurs. Pourtant, tout le monde veut que cette hémorragie cesse. Chacun en appelle à des mesures vigoureuses capables de protéger les biens publics. 10 milliards pour les armoires et les tables Devant ces milliers de carreaux de vitres qui volent en éclats annuellement, laissant une bonne partie de nos enfants à la merci du froid, la réaction est nulle. Des milliers de serrures sont détraquées. Des installations électriques ou informatiques sont littéralement saccagées pour le bon «plaisir» de quelques jeunes excités. Les tableaux et autres mobiliers n'y échappent pas. Et les pertes sont inimaginables. Le simple citoyen ne peut pas mesurer à quel point ce qui se passe dans nos écoles dépasse tout entendement. Il ne pourra pas admettre l'idée qu'il y ait encore une impunité sur ce sujet. De plus, il ne verrait pas l'utilité de s'engager à côté de l'Etat pour aider l'école à se rénover et à se moderniser s'il n'y a pas de garantie pour les équipements et les réparations qui y sont réalisés. Rien que pour remplacer les tableaux, les armoires et les tables, une enveloppe de 10 milliards est prévue dans le cadre de ce programme. 39 autres millions de dinars le seront pour l'aménagement et l'entretien des collèges, des lycées et des dortoirs. D'autres projets d'approvisionnement d'établissements éducatifs en eau potable sont, également, prévus. Et, pour protéger les écoles des intrus, des travaux de construction de clôtures en faveur de 1.137 écoles sont en cours. Leur coût global s'élèverait à 50 millions de dinars. La fin des travaux est prévue pour la prochaine rentrée scolaire. En parallèle, on cherche à améliorer le cadre de vie dans certaines zones prioritaires en aménageant les cantines et les dortoirs. Le ministre avait annoncé des mesures concrètes dans ce sens il y a quelques mois. Il serait question de renforcer les services scolaires dans les dortoirs et les cantines situés dans les zones frontalières et rurales à travers la rénovation des équipements de tous les dortoirs dont le nombre s'élève à 260 unités ainsi que des cantines de 1.230 écoles primaires. Mais, comme on peut le supposer, rien ne pourra remplacer la vigilance, l'organisation et la rationalisation dans la gestion de ces réalisations. Tout ce que l'Etat consent, aujourd'hui, ne peut être utile que s'il est bien pris en charge.