Avant-hier, dimanche 26 juillet, a été inauguré, à Monastir, un hôtel islamique, réservé aux familles, sans alcool et comprenant plusieurs lieux de prière. «Ce jour d'inauguration a connu une grande affluence, témoignant de la grande soif du citoyen tunisien de fréquenter des espaces familiaux sains, en raison de la propagation de la dégradation morale dans les espaces publics», commentait le site «Essada.net», proche de la mouvance islamiste. Voici donc le diagnostic et le remède «contre la dégradation morale» proposés par ces donneurs de leçons. On se demande comment les autorités peuvent autoriser pareille initiative en cette conjoncture extrêmement délicate de guerre contre le fanatisme et l'extrémisme, où le tourisme connaît sa plus grave crise avec des départs et des annulations massives des réservations de la part des touristes européens. Est-ce, sans le dire, un signe rassurant en leur direction? En fait, ne devrait-on pas y voir une intention d'infléchir une nouvelle orientation au tourisme? Ce qui s'est passé dimanche dernier fait revenir à la mémoire le projet annoncé, au temps des détenteurs du pouvoir de l'après-23 octobre 2011, consistant à promouvoir le «tourisme halal», après que l'un de leurs dirigeants, un « philosophe», a qualifié notre tourisme de «prostitution clandestine». Et c'est ainsi que l'on s'est mis à parler de développement du flux touristique des pays du Golfe vers la Tunisie. Ce qui n'aurait, certainement, pas manqué de renforcer la clandestinité. Où va-t-on? Où va la Tunisie? Des stations radio et des chaînes de télévision islamiques, des banques islamiques, des écoles et des jardins d'enfants islamiques, des restaurants islamiques et, tout dernièrement, un hôtel islamique. Cette attitude ne mène-t-elle pas tout droit à la division des Tunisiens, en les départageant en bons et mauvais musulmans ? Ne doit-on pas y voir les prémices de ce projet pernicieux visant à faire table rase du projet moderniste tunisien? A ce rythme, il faudrait s'attendre à ce qu'il y ait, très prochainement, des espaces publics réservés aux femmes et d'autres aux hommes et que la mixité à l'école soit interdite. Alors, quand est-ce que, messieurs les responsables, allez-vous daigner agir pour défendre la République et ses acquis? Lorsque le plan de ces semeurs de discorde sera achevé?