Les Marsois s'inquiètent du sort du palais Ahmed Bey, squatté par des SDF et qui se trouve dans un état de délabrement avancé Les palais beylicaux de La Marsa sont-ils menacés de disparition ? Alors que ces bijoux architecturaux de la ville devraient être protégés et mis en valeur car ils représentent un pan de la mémoire collective et de l'histoire de cette ville, ces derniers, faute d'entretien, ont atteint un état de délabrement avancé et tombent, aujourd'hui, en ruine. Force est de contester qu'au lendemain de l'Indépendance, le président de la République Habib Bourguiba avait affiché une volonté délibérée d'effacer tout lien avec le passé, notamment avec les périodes de la monarchie beylicale et du colonialisme, symboles de joug pour le peuple tunisien. Aucun effort n'a été fait pour préserver ces grandes bâtisses au cachet architectural unique qui sont le témoin des dynasties mouradite et husseinite. A La Marsa, une grande partie des palais des souverains husseinites et des résidences secondaires des beys ont été détruits pour laisser place à la construction de maisons et d'immeubles, alors qu'ils auraient pu être reconvertis en musées, au motif que le tissu urbain devait être modernisé au lendemain de l'Indépendance. Laissés à l'abandon, tombant en ruine, des palais ont été squattés par des familles de condition précaire dans l'indifférence totale de la municipalité et des autorités locales. Alors que le palais Ksar el Tej a été démoli au début de l'indépendance du pays, deux palais beylicaux de La Marsa ont pu échapper à la destruction : le palais Essaada qui est devenu le siège de la municipalité et le palais Ahmed Bey qui jouxte la place Saf Saf. Des maisons construites illégalement dans les jardins du palais Ahmed Bey Passé de main en main, faute de moyens pour l'entretenir, ce palais, qui a été cédé par les descendants d'Ahmed Bey à un consortium saoudien, qui voulait le démolir pour ériger à la place un immeuble à vocation commerciale, a finalement été classé, en juillet 2013, monument historique national par la commission nationale du patrimoine. Alors que la décision prise de le classer monument historique national aurait dû permettre de préserver ce qui reste du palais, le processus de déchéance s'est poursuivi et la bâtisse qui n'a jamais fait l'objet d'entretien se trouve, aujourd'hui, dans un état de délabrement avancé et a été squatté par des SDF. Outre l'ouverture de locaux commerciaux à vingt mètres du portail, deux villas ont été construites dans les jardins du palais, sans autorisation. Lassés d'assister à la destruction et à la déchéance programmée du patrimoine historique et architectural de leur ville, les Marsois s'étonnent du silence des autorités locales. Selon eux, face au manque de moyens nécessaires pour restaurer l'immense bâtisse, les autorités locales devraient penser à impliquer des instances internationales telles que l'Alecso ou l'Unesco afin de restaurer ce palais et le reconvertir en espace culturel, ce qui éviterait qu'un pan de l'histoire de cette ville ne disparaisse définitivement.