La ministre allemande de la Défense estime que l'Union européenne à le devoir de soutenir la Tunisie La coopération tuniso-allemande dans le domaine militaire et les perspectives de son développement, face aux défis sécuritaires imposés et aux sérieuses menaces terroristes qui pèsent de tout leur poids à une large échelle, ont été au centre d'une conférence de presse, conjointement donnée hier midi, à Tunis, par les ministres de la Défense des deux pays amis. D'emblée, M. Farhat Horchani a qualifié la visite de son homologue allemande « d'historique » qui intervient à point nommé, où la Tunisie aborde une étape de transition cruciale sur la voie de la démocratie. Sans pour autant oublier de faire valoir, dans ce contexte révolutionnaire, le soutien que nous avait apporté l'Allemagne et qui continue de le faire, dans le but d'aider notre pays à sortir de l'ornière. Cette coopération, a-t-il ajouté, est d'autant plus significative qu'elle illustre une profonde conviction que « la Tunisie est le seul pays à avoir réussi sa transition démocratique ». Mais, il y a aussi un autre défi majeur qu'est le terrorisme, phénomène universel qui n'épargne aucun coin de ce monde. Et le ministre de la Défense d'insister sur l'avenir des relations d'amitié tuniso-allemande, mettant l'accent sur les perspectives de la coopération bilatérale. Assistance technique et logistique De son côté, l'hôte de la Tunisie, la ministre allemande de la Défense, Mme Ursula von der Leyen, a passé en revue les moments forts de sa visite, à commencer par le palais de Carthage, où elle a été reçue par le président Béji Caïd Essebsi. Accompagnée d'une importante délégation de parlementaires allemands, elle s'est rendue, ensuite, à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), où des discussions approfondies sur le potentiel de la coopération parlementaire ont été engagées sous la coupole du Bardo. Faisant l'éloge de l'accueil chaleureux qui lui a été réservé, la ministre allemande a jugé très positif l'échange des points de vue interparlementaires. Sur invitation de leurs pairs, a-t-elle annoncé, une délégation des députés tunisiens sera, prochainement, à Berlin, dans la perspective de renforcer la coopération bilatérale dans le domaine parlementaire. Les pas franchis au niveau des procédures d'appui ainsi que la sécurisation des frontières tuniso-libyennes ont fait l'objet de la rencontre que le ministre a eu au Palais du Bardo. Il a été convenu d'établir un programme de coopération au niveau des ministres de l'Intérieur des deux pays. « On garde envers le peuple tunisien tous les sentiments de respect et de considération, de par les valeurs de tolérance, de démocratie et de pluralisme dont il fait preuve. D'ailleurs, ces sublimes valeurs qu'on partage nous incitent à les défendre pour vaincre le spectre du terrorisme et lui barrer la route », a-t-elle encore appelé. Mme von der Lyen a également mis en valeur l'assistance technique et logistique que son pays s'engage à fournir à l'armée tunisienne dans sa lutte antiterroriste. Elle a affiché la volonté de poursuivre la coopération militaire tout en la consolidant davantage. Elle a indiqué que l'Allemagne a fait don à la Tunisie de six vedettes et un doc flottant pour la réparation des navires. Ce lot de matériel d'intervention vient s'ajouter aux camions déjà acquis par le passé et dont la maintenance et les pièces de rechange demeurent aujourd'hui nécessaires. Le recyclage de certains techniciens militaires en la matière semble être aussi de mise. Mais, une chose est sûre : la sécurité est, d'après elle, liée à l'impératif du développement économique. Dans ce cadre, la création des opportunités d'emploi en faveur des jeunes est un facteur prépondérant dans la garantie de la sécurité des nations. Elle a plaidé pour l'adhésion de l'Union européenne à l'idée génératrice de projets de développement en Tunisie. Lutte antiterroriste : l'approche sécuritaire ne suffit pas En réponse aux questions des journalistes, M. Farhat Horchani est revenu sur le projet en cours de construction d'un mur de sécurité sur nos frontières au sud-est. A ce sujet, le ministre est intervenu pour tirer les choses au clair une bonne fois pour toutes : « Il s'agit, en fait, d'un mur de terre pas comme les autres, édifié pour des raisons sécuritaires pures et simples ». L'objectif est de réduire le mouvement du trafic des contrebandiers, surtout lorsque l'on sait que ces mêmes circuits du commerce illégal servent aussi à faire passer des armes en provenance de la Libye. En ce qui concerne les parcours de pâturage existants dans les zones frontalières, une délégation des députés se rendra bientôt dans la région pour trouver des solutions avec les habitants. De son côté, la ministre allemande a estimé que l'éradication du terrorisme est aussi tributaire, outre l'approche sécuritaire, de nouvelles donnes socioéconomiques. « La sécurité de la Tunisie fait partie de celle de la Méditerranée et de toute l'Europe », conclut M. Horchani.