La pauvreté s'est élargie au cours des quatre dernières années, à la suite d'une dégradation des revenus qui a touché plusieurs personnes appartenant à la classe moyenne Une frange importante de la population n'arrive pas à accéder à un minimum de confort de vie, compte tenu d'un revenu modeste. En effet, face à un taux de chômage galopant, les conditions de vie aussi bien dans les centres urbains que dans les zones rurales sont devenues précaires. Les parents ne sont plus en mesure de satisfaire des besoins substantiels, compte tenu de la cherté de la vie. Plusieurs ménages comptent des enfants au chômage, qui rencontrent des difficultés énormes pour trouver un emploi dans une entreprise ou monter leur propre projet. Le Comité pour le respect des libertés et les droits de l'homme en Tunisie a rapporté, récemment, les résultats inquiétants d'une enquête portant sur un échantillon de 5.300 Tunisiens des deux sexes répartis sur tout le territoire, mettant en exergue l'émergence d'une frange de la société constituée de « nouveaux pauvres ». Ces derniers représentent 30% de l'ensemble de la masse des pauvres en Tunisie, forte de 2 millions d'âmes, soit 20% de la population. Dégradation du pouvoir d'achat Les chiffres publiés sont fort significatifs. Des mesures urgentes devraient être prises par le gouvernement en vue de réduire ce taux de pauvreté. Des aides matérielles pourraient, à titre d'exemple, être accordées aux jeunes diplômés de la formation professionnelle ou de l'enseignement supérieur pour qu'ils montent leurs projets. Ceux qui n'ont aucune qualification ont le droit de bénéficier d'une formation professionnelle. Certes, les mécanismes d'aide à la création de projets et à la formation sont disponibles actuellement, mais plusieurs jeunes – surtout ceux qui résident à l'intérieur du pays – ne sont pas en mesure de bénéficier de ces avantages. Selon l'enquête en question, effectuée par les enquêteurs du Centre des recherches économiques et sociales (Ceres) en partenariat avec l'Université de Tunis, la pauvreté s'est élargie au cours des quatre dernières années, à la suite d'une dégradation des revenus qui a touché plusieurs personnes appartenant à la classe moyenne dont le statut social a été érodé par des transformations économiques et sociales. Une telle situation est due également à la dépréciation du pouvoir d'achat d'une grande frange de la population. On parle, aujourd'hui, des nouveaux pauvres qui sont définis selon certains critères. Des petits fonctionnaires dans l'administration, dans l'enseignement primaire et les collèges, des ouvriers et employés dont les revenus n'excèdent pas 700 dinars, l'équivalent de 400 dollars, sont classés dans la catégorie des nouveaux pauvres. Par le passé, les pauvres sont constitués essentiellement des gens qui n'ont pas de revenu et qui vivent dans des conditions précaires. Chaque famille est d'ailleurs inscrite dans le registre de la pauvreté pour bénéficier d'une subvention susceptible de l'aider à subvenir à certains besoins. Par contre, les riches accumulent davantage les ressources financières. Si certaines personnes aisées contribuent au bien-être des pauvres en leur fournissant des aides matérielles et en les intégrant dans le circuit économique, d'autres, par contre, ne participent pas activement à la vie publique et n'accordent pas assez de considération aux personnes dans le besoin. Une autre étude menée par la Faculté des Sciences économiques de Tunis montre que 10% des Tunisiens détiennent 80% des richesses, 90% de la population se partageant les 20% restants. Ces inégalités sociales se sont aggravées durant les dernières années.