Au-delà de la décision sur la formule de la compétition, l'AG de la FTF a été marquée par le putsh à l'envers qui donne les pleins pouvoirs à l'exécutif fédéral. Les assises de l'Assemblée générale ordinaire et extraordinaire de la FTF ont traîné en longueur à tel point qu'il n'y avait plus grand- monde pour participer au vote sur la formule : juste huit clubs sur les seize de ligue 1, avant-hier dans un palace de Gammarth. Résultat : après une large concertation avec les clubs, la fédération rendra sa décision la semaine prochaine qui consistera vraisemblablement en le maintien de la poule unique à seize clubs. Ainsi, la tendance était avant-hier au rejet d'un retour aux deux poules et à leur cortège du play-off, à six clubs cette fois, et du play-out qui va condamner cinq relégables. En plus du soucis des petits clubs qui craignent pour leur place parmi l'élite, un retour à une L1 à 14 clubs passe dans un premier temps par la rétrogradation de cinq clubs. Alors, statu quo en vue sur ce volet qui représentait le plat de résistance des assises fédérales. 185 clubs sur 278 ont participé aux travaux, votant pour tous les amendements proposés dont celui interdisant dans l'avenir le recrutement des joueurs étrangers en Ligue 2 ou celui faisant obligation aux clubs visiteurs de se faire accompagner par un médecin ou un corps paramédical ou encore celui imposant aux clubs de ne pas dépasser une masse salariale de l'ordre de 60% par rapport au budget global. On croit rêver Pourtant, l'élément le plus important aura été les pleins pouvoirs que s'est accordés la Fédération face à des clubs étrangement passifs et renonciateurs. On avait connu ces derniers nettement plus belliqueux, gouailleurs et combatifs lorsqu'ils ne laissaient passer aucune occasion en milieu de saison pour mettre la pression sur la «Fédé» et lui déclarer la guerre. Cette fois, ils renoncent carrément à tout droit de regard sur le code disciplinaire par exemple où il est admis qu'il faut user des gros moyens pour imposer certains articles forcément déplaisants pour les dirigeants des clubs. Le rapport des forces s'est drôlement inversé en un simple tournemain. Il est clair que les assises de Gammarth ont consacré le retour en force de l'organe fédéral qui a poussé sa victoire jusqu'à écarter carrément le Comité national d'arbitrage sportif lequel ne sera plus la dernière juridiction à laquelle peuvent recourir des «belligérants». Exit le CNAS, les litiges seront de la sorte tranchés dans le cadre fédéral, ce qui nous épargnera les fameuses pommes de discorde entre les différentes juridictions sur un même sujet. D'ailleurs, la Fédération fait sa réclame à l'occasion de l'AG en mettant l'accent sur ce qu'elle tient pour ses acquis, ses réalisations. «Le déficit budgétaire a été réduit de 7 à 2 millions de dinars, rappelle le président de la FTF, Wadii Al Jary. Nous avons assuré des recettes de l'ordre de 30 millions de dinars et versé aux clubs un montant record de 30 millions de dinars, soit quatre fois ce que nous versions il y a à peine cinq ans. Le championnat tunisien est classé premier en Afrique malgré tous ses défauts et ses tares, la sélection nationale est dans les 30 premiers au classement Fifa». Un tableau idyllique, quoi ! On croit rêver : des clubs qui, il y a peu, retiraient leur confiance au bureau fédéral et qui n'osent plus lever même le petit doigt. Ils ont subitement perdu la voix, leur sens de la critique. Ils ont fini par s'aplatir, si l'on peut s'exprimer ainsi.