Dès le deuxième jour de l'Aïd El Fitr, les tunisiens ont mis le cap sur la plage, profitant du beau temps et des vacances. Il fut un temps proche où les plages de Hammamet étaient occupées à 90% de touristes européens. Les hôteliers n'acceptaient que rarement — et sous certaines conditions — les Tunisiens. Aujourd'hui, après les attentats terroristes successifs du Bardo et de Sousse, les touristes étrangers ont fui le pays vers d'autres destinations et les hôteliers se rabattent sur les Tunisiens et les algériens pour sauver une saison qu'ils estiment «catastrophique». Pôle touristique par excellence, Hammamet ne désemplissait pas à longueur d'année de touristes européens. Actuellement, l'activité est réduite presque à néant. Pour ne pas fermer complètement leurs unités et les maintenir un tant soit peu en vie, les hôteliers n'ont d'autres choix que d'ouvrir leurs portes au tourisme local. Or, le tourisme local n'engendre pas de devises. Quant aux frères algériens et libyens, la plupart d'entre eux préfèrent plutôt la location de maisons que de se rendre dans les hôtels. Le déficit atteint 75% par rapport à l'an dernier. Annulations à la pelle «La reprise est dure. Il a fallu attendre la fin du mois de Ramadan pour voir affluer les touristes dont la majorité sont des tunisiens et algériens», explique un employé dans un hôtel. Selon lui, le secteur est «entre la vie et la mort». «Il s'agit surtout de préserver les emplois», indique un gérant d'hôtel qui a réduit son personnel de moitié. Dans une déclaration à un quotidien de la place, Besma Dhargham, la déléguée du tourisme de Yasmine Hammamet, estime que l'attentat de Sousse à remis tout en question. 5.000 annulations ont été enregistrées à Hammamet, qui accueille à cette période de l'année environ 150.000 étrangers. Le week-end ayant suivi les fêtes de l'Aïd, la station de Hammamet a commencé à reprendre progressivement ses activités notamment avec l'arrivée des algériens, des libyens ainsi que des immigrés tunisiens. La capacité d'accueil dans les hôtels a atteint environ 40%. Selon un gérant d'hôtel, l'avenir du secteur touristique reste flou. Il y va même des emplois dont environ 400.000 qui peuvent être touchés, ce qui provoquerait une crise sociale difficile à gérer. Les Tunisiens, touristes du dimanche Pour rassurer les estivants, la police marque sa présence aux abords de la plage. Les hôteliers effectuent des réductions allant jusqu'à 40% «mais c'est sur le compte de la qualité de la restauration», ironise Amel qui a choisi plutôt que d'aller à l'hôtel de passer une journée dans l'une des plages aménagées où selon elle «la bouffe est meilleure». Pas le moindre transat vide dans ce restaurant à même la plage. On s'y bouscule pour trouver une place. «On accueille surtout des jeunes qui viennent en groupe passer du bon temps. Nous leur offrons une qualité de service avec des prix étudiés qui semblent les satisfaire», se réjouit le propriétaire qui emploie une quarantaine de personnes. Amine, venu passer la journée avec cinq copains et copines, dit «trouver son compte» de cette façon. «Chacun de nous participe avec 20 dinars pour les frais des repas et des boissons. Nous nous amusons bien ainsi. Pourquoi dormir dans un hôtel lorsque la maison est à 60km de Hammamet», souligne-t-il. Ce n'est sûrement pas cette formule de tourisme à la journée qui va combler le déficit des nuitées dans les hôtels. La question reste posée : comment dans l'avenir sauver le tourisme d'un éventuel anéantissement ?