Un nouveau style et un dosage entre ancienne et nouvelle identités non encore bien ajustés. La chanteuse égyptienne Amel Maher a changé de style. C'est un constat qui saute aux yeux, ayant assisté à sa soirée à Carthage le 31 juillet. Connue pour la beauté de sa voix et la sobriété de son interprétation et de sa tenue sur scène, Amal Maher a longtemps été liée aux classiques et au tarab, en interprétant, entre autres, Oum Kalthoum, dans les fêtes nationales et officielles de son pays, et dans le feuilleton dédié à l'astre de l'Orient. Depuis la sortie de son dernier album Awled ennaharda en 2015, c'est une nouvelle image qu'elle transmet à son public, véhiculée par le clip d'une des chansons phares de l'album, Sekket essalama, ryhtmée, plus rangée dans la catégorie variétés égyptienne, et avec une Amal Maher en robe moulante, osant quelques déhanchés. Sekket essalama a été l'une des premières chansons de la soirée, après Rayeh biya fin et Ettei rabbena feya, de son précédant album Araf menin. Dès son entrée sur scène, dans une petite robe noire, la chanteuse a voulu emballer le public et n'a pas arrêté de lui tendre le micro, insistant pour l'entendre chanter. L'artiste est déjà venue à Carthage, en 2012, et sait qu'elle a des admirateurs en Tunisie. Le théâtre était à moitié rempli, et nous étions à moitié satisfaits par la soirée de Amal Maher à Carthage. Une qualité de son moyenne y a contibué, et puis une chanteuse qui avait l'air pressée. Une impression qui s'est dégagée du fait que, dans sa nouvelle identité artistique, la chanteuse a interprété les nombreux classiques et reprises de la soirée sur un ton léger et un rythme rapide, de Ouyoun el alb de Najet Saghira, Mali wana mali de Warda, Maououd de Abdelhalim Hafez et Alf lila w lila de Oum kalthoum. Amal Maher veut rompre avec son image sérieuse, voire ennuyeuse. Le dosage entre sérieux et légèreté est encore à ajuster. Le public de Carthage a, en tout cas, passé un bon moment en sa compagnie, la chanteuse lui offrant l'occasion de se défouler en chant et en danse. Quant à elle, elle a assuré deux heures sur scène, avec quelques autres de ses chansons (ana bardou el asl, awel maychofni et ya ini aliki ya tiba, chanson du film khiyana machrouaâ), et une reprise de Sidi Mansour. Contrat rempli, sans plus.