La réunion tant réclamée et tant attendue du bureau exécutif de Nida Tounès, a, enfin, eu lieu hier, dans un hôtel à Hammamet. Ouvrant la réunion, en présence des membres du bureau politique et du nouveau secrétaire général Mohsen Marzouk, le président du parti, Mohamed Ennaceur, a donné le ton en insistant sur l'unité du parti et en mettant en exergue l'importance des échéances qui l'attendent et les défis qu'il se doit de relever en ces moments difficiles. Ce qui a eu pour effet d'apaiser les tensions avant qu'elles ne se déclarent. La réunion a été consacrée à l'évaluation de l'action du parti au cours de la période passée, à la lumière du rapport présenté par le secrétaire général, ainsi que celle du gouvernement. En outre, les participants ont longuement discuté le document d'orientation en rapport avec le nouveau discours politique du parti, présenté par Lazhar Akremi, et l'exposé de Boujemaa Remili sur les défis du développement pour la prochaine étape. La discussion a également porté sur le projet de loi organique relatif à la réconciliation avec les hommes d'affaires, présenté par le président de la République et adopté par le Conseil des ministres, et qui devrait être examiné par l'Assemblée des représentants du peuple au cours du mois de septembre prochain. Ce projet de loi ne concerne pas, d'après Marzouk, SG du parti, uniquement les hommes d'affaires mais aussi toute personne ayant exercé des activités commerciales ou réalisé des opérations financières en dehors du cadre bancaire. Quid du courant destourien ? Toutefois, et comme dans toutes les réunions, les interventions ne se sont pas limitées aux points inscrits dans l'ordre du jour et le projet du règlement intérieur qui devrait définir notamment les prérogatives du président du parti et de son secrétaire général ainsi que la date du congrès ont été évoqués. D'aucuns ont déploré l'absence d'une feuille de route claire pour la prochaine étape qui devrait conduire jusqu'au congrès. Le bureau politique avait, lors de l'une de ces dernières réunions, chargé une commission composée de cinq de ses membres pour élaborer un projet de règlement intérieur qui n'a pas encore été adopté parce qu'il n'a pas obtenu l'aval de tout le monde. Le nouveau secrétaire général Mohsen Marzouk tient à avoir de larges prérogatives dans la gestion du parti, dans la définition de ses grandes orientations ainsi que dans le choix des hommes et des femmes qui vont le seconder pour bien préparer les prochaines échéances et en premier lieu le congrès dont la date a été renvoyée plusieurs fois. Alors que d'autres membres influents du BP tentent de limiter ses pouvoirs pour l'empêcher de s'emparer du parti et de les laisser au bord de la route. Le bureau politique devra, toutefois, trancher cette question avant le lancement des travaux préparatoires du congrès dont la date n'a pas encore été fixée. Un autre point a suscité plusieurs réactions au sein du parti. Il concerne ce courant destourien formé autour de Mohamed Raouf Khammassi et ardemment défendu par Khaled Chouket qui, dans une tribune publiée dans un quotidien de la place, n'a pas ménagé les tenants de la ligne « exclusionniste ». Allusion faite aux tenants de la ligne dite dure du parti et qui, selon certains destouriens, tentent par tous les moyens de leur barrer la route devant leurs aspirations légitimes à un poste dans le gouvernement ou dans l'administration. Ce qui pourrait approfondir davantage le fossé déjà béant entre les deux courants. Mais c'est sans compter sur la sagesse et les capacités consensuelles de Mohamed Ennaceur qui, à chaque fois, intervient pour éteindre le feu avant qu'il ne se propage. Il rassure les uns, rapproche les vues entre les différents courants et déploie beaucoup d'efforts pour éviter la fracture. Un nouveau cadre pour les partis qui soutiennent le gouvernement Sur un autre plan, Mohsen Marzouk a indirectement démenti les informations concernant la présentation de listes communes pour les prochaines municipales avec d'autres partis politiques, indiquant que son parti a décidé de se présenter à ces échéances avec ses propres listes. Concernant l'élargissement de la coordination au pouvoir à d'autres partis dont le courant El Mahabba de Hechmi Hamdi, ce point n'a pas figuré à l'ordre du jour de la réunion, et n'a pas non plus été débattu entre les représentants des partis de la coalition gouvernementale. Selon Marzouk, il faudrait plutôt trouver un autre cadre dans lequel viendront se regrouper les partis qui soutiennent le projet national actuel, assurant qu'on ne peut pas ignorer les demandes des partis qui souhaitent soutenir le gouvernement. C'est pourquoi il serait judicieux, d'après lui, de « mettre en place un organisme dans lequel se retrouvent les partis politiques qui partagent le même projet que le gouvernement et surtout la stratégie mise en place dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ». La réunion a décidé de laisser le temps au bureau politique pour remettre de l'ordre dans les structures du parti et de préparer de nouvelles cartes d'adhésion en annulant, du coup, les premières déjà distribuées afin d'éviter toute velléité de trafic. La date du congrès sera annoncée ultérieurement. Pour le moment, Nida Tounès déclare affronter les prochaines échéances en ordre de bataille.