Il est évident que les dispensaires et autres unités de soins de base que le corps médical nomme unités de 1ère ligne ne posent pas beaucoup de problèmes, c'est au niveau de la deuxième ligne que le système de santé rencontre des problèmes. Le nombre de lits d'hospitalisation par 1.000 habitants, dans le secteur public, révèle une disparité entre les régions allant de 4,15 à Tunis à 1,06 à Sidi Bouzid et 1,21 à Nabeul, alors que la moyenne nationale est de 1,86. Les problèmes ne s'arrêtent pas là. Le taux d'occupation des lits est de 70% à 80% dans les CHU alors qu'il ne dépasse pas 20% dans certains hôpitaux régionaux ou de circonscription. La non-attractivité des services de soins ainsi que la qualité des soins expliquent cette grande différence entre CHU et hôpitaux régionaux. Il faut reconnaître que la disparité en matière de densité médicale et en particulier celle des spécialistes au nombre de 126 pour 1.000.000 d'habitants à Tunis et rien que 20 pour 1.000.000 d'habitants dans les régions du Sud-Ouest et de 38 dans le Sud-est. Ce déficit est encore plus grave pour certaines spécialités. Même les mesures incitatives n'ont donné aucun résultat positif. Au contraire, certains pensent que la situation s'est aggravée. Une réalité amère, bien connue de tous... Cette situation est connue de tous depuis la nuit des temps. N'y aurait-il pas de solutions pratiques pour tous ces déficits en médecins spécialistes, en hôpitaux dignes des régions où ils sont bâtis...Peut-on imaginer un partenariat-public-privé dans ce domaine en plaçant le malade au centre d'intérêt de tous les intervenants ? Des spécialistes du domaine disent que toutes les solutions possibles ont été imaginées, écrites et mises à la disposition des ministres qui ne font que se succéder à la tête du département de la santé, sans pouvoir utiliser la moindre des propositions faites. Ainsi, pour le manque de médecins en particulier les spécialistes, il a été proposé le recrutement de médecins spécialistes pour les régions qui en manquent. D'ailleurs, dans toutes les régions défavorisées, c'est la principale revendication avancée par les habitants. Il faut mettre en place très rapidement «le départ des spécialistes qui viennent de terminer leur résidanat pour une durée d'une année dans les régions défavorisées en prenant la peine de constituer des groupes de spécialités complémentaires pour chaque région», comme nous le confie un professeur qui a préféré garder l'anonymat. ...Et pourtant, des solutions existent Hatem, médecin de la santé publique, précise qu'«il faut doter chaque gouvernorat d'un hôpital digne avec : un service de médecine pluridisciplinaire, un service de pédiatrie, une maternité, un service de chirurgie multidisciplinaire, un service d'anesthésie-réanimation et un plateau technique. Il est nécessaire de faire un audit de tous les équipements disponibles : âge, rythme d'utilisation et état afin de remplacer ou réparer avant de se lancer dans un programme d'achat sans intérêt». Evidemment, les gouvernorats les plus démunis et les zones frontalières ont la priorité. Dans certains cas, on peut ficeler un programme de partenariat public-privé qui permet d'éviter l'acquisition d'équipements lourds, très coûteux et qui sont peu utilisés. Il faudra un esprit de partenariat très développé, clairement défini, sans la mentalité de cachoterie soupçonneuse et improductive. La volonté politique doit y être clairement explicitée.