Par Khaled TEbourbi La campagne médiadique menée, avant, pendant, et après, à l'encontre de Mohamed Assaf nous reste en travers de la gorge. Pas seulement pour sa virulence. Pas seulement pour son chauvinisme. On va dire les choses comme, hélas, elles nous sont apparues :en raison, surtout, des « arguments d'écoute» auxquels certains confrères, «innocemment» ou «à dessein», auront eu recours. L'écoute malintentionnée («orientée»... «à la solde»...») est moralement répréhensible. En dernière analyse, néanmoins, c'est celle qui fait le moins mal. Ses positions sont vite repérables, décodables, parce qu'il est clair, aussitôt, qu'elles sont astreintes au «parti pris», guidées par «l'intérêt». L'opportunisme et la cupidité ne font pas mal à la critique d'art, encore moins à l'art lui-même. Ce sont des mondes absolument à l'opposé l'un de l'autre. La critique se soucie du «beau, du juste» (Kant). La «communication» (ou dite telle) n'a qu'une obsession : rafler la mise, en écoulant (quel qu'il soit !)un produit. L'art est divin(Niezshe). Et tous nos «commerçes» ne sont que ruses, «humains trop humains» (ce bon vieux Niezshe encore). L'écoute innocente, en revanche, est, généralement, incompétente. Ce qui en fait le pire ennemi de la musique et du chant. A dire vrai, elle sévit de tout temps. A la différence que son nombre est surmultiplié aujourd'hui. Hier, les commentateurs artistiques, on finissait toujours par les adapter aux mœurs musicales et au bon goût de l'époque. De nos jours, ils pullulent «à vue». Surgissent de partout. En font totalement à leur guise. Sans justifier de la moindre formation, de la moindre pratique, de la moindre expérience, parfois, de la moindre culture, tout court. Sans même provoquer l'inquiétude de leurs employeurs. Sans avoir, souvent, la moindre idée du gâchis qu'ils répandent autour d'eux. On se sert, ici, du cas de Mohamed Assaf. Ce « cas» résume toute la calamité, il est vrai. Assaf a été traité de «moins que rien», d'«intrus exploitant la cause palestinienne». Une de nos meilleures chanteuses a même considéré son passage comme « une des plus graves erreurs du Festival de «Carthage» ( ?!?).Pis :on a entendu un de nos plus influents «critiques» de la place jurer «qu'il existe pas moins que cinq mille voix tunisiennes, de loin, supérieures à ce jeune parachuté gazaoui...» ( !?!?). Pis encore :une célèbre «préposée au micro-trottoir» a permis à un pauvre «hère» prétentieux d'étaler toutes les gammes de sa «voix» dissonante, visiblement en y croyant elle-même(en toute innocence, c'était tout ce que lui consentait son ouïe!). On arrêtera là les remontrances. A quoi bon dialoguer avec «les innocents» ? On ne manquera pas, par contre, de rappeler, d'en jurer et d'en relever tranquillement le pari(«pépère, de notre vivant ou pas) à ceux qui savent, comme à ceux que la nature a «desservis ces quelques vérités, parfaitement mesurables, parfaitement consacrées déjà, à propos de Mohamed Assaf : Un : ce jeune chanteur ne doit absolument rien, ni à la Palestine, ni à «l'Arab Idol», ni à quelque faveur de quelque festival que ce soit. C'est simplement une voix née avec tous les dons du chant. Deux : les qualités, rien que naturelles, de la voix de Mohamed Assaf le plaçent d'emblée(qu'est-ce donc que ces balivernes sur le «cv» et le passé ?, Bouchnaq est passé d'emblée à Carthage, et Amina n'a pas attendu plus de trois, quatre ans, (et il n'y eut pas qu'eux), potentiellement, au-dessus du nec plus ultra des chanteurs arabes. Celà, il n'y a pas un seul de nos grands artistes qui n'en a pas conscience. Mais tout le monde y viendra. Qu'on se souvienne de Halim à ses tout débuts, qu'on se souvienne de Dhikra avant son départ pour l'Egypte ! Trois : le profil présent comme à venir de Mohamed Assaf est dans la vocation et la lignée historiques. Il commet, aujourd'hui, l'erreur de se fier à des mentors qui pensent beaucoup moins à lui qu' à leur propre argent. Mais il a de la marge, du potentiel et du temps devant lui. Il a, surtout, le goût du beau et du grand chant. Il se rattrapera tôt, bientôt. PR-O- MIS !!